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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 00:00

Je ne vous abandonne pas, c’est juste que le mois de juin est un peu dense, un peu trop dense même, ce qui laisse moins de temps pour lire, ou écrire … Mais j’ai quand même pu terminer Le parrain de Katmandou, le dernier roman traduit du plus asiatique des anglais, John Burdett.

 

BurdettConnaissez-vous Sonchaï Jitpleecheep ? Vous savez, le flic thaï apparu pour la première fois dans Bangkok 8. Je vous en ai déjà parlé, . Sonchaï est le seul flic non corrompu de Bangkok, au grand désespoir de son patron et mentor le colonel Vikorn. Enfin ça c’était avant. Parce que Vikorn qui vient de voir la série du Parrain a décidé que, comme les Corleone, il a besoin d’un consigliere. Et que ce consigliere sera Sonchaï. Or on ne résiste pas trop à Vikorn quand on tient à sa vie.

 

Voilà donc Sonchaï en route vers Katmandou pour négocier l’achat et la livraison de 40 tonnes d’héroïne qualité supérieure. Et comme il est toujours flic, il se retrouve également à devoir élucider le meurtre particulièrement barbare d’un réalisateur américain qui était devenu un adepte de la Thaïlande et de ses prostituées.

 

On retrouve avec énormément de plaisir John Burdett et son personnage fétiche. Une fois de plus sa dérision, son regard décalé à la fois sur l’Asie que l’auteur connaît très bien, et sur le monde occidental font mouche. Une fois de plus l’horreur des situations décrites est atténuée par l’humour. Une fois de plus c’est en se regardant avec les yeux d’un autre qu’on apprend beaucoup sur soi …

 

Et il faut dire aussi que, roman après roman, Sonchaï Jitpleecheep s’affirme comme un des enquêteurs récurrents des plus marquants, attachants et originaux de la littérature policière mondiale qui pourtant n’en manque pas. Comment ne pas devenir accro à un flic bouddhiste, fils d’une prostituée devenue patronne d’un bordel pour papis (viagra aidant), attaché à son karma et amateur de Truffaut (il a été élevé un temps en France par un des amants de sa mère) qui monologue ainsi :

 

« J’enquête sur le meurtre le plus haut en couleur et photogénique de ma carrière au nom de mon rival professionnel le plus sérieux, qui en tirera tout le mérite quand j’aurai élucidé l’affaire – ce que je ne vais pas manquer de faire, car j’ai vraiment le coup pour ce genre de chose -, tout en essayant d’organiser une énorme livraison d’héro avec une fripouille de yogi tibétain, qui se trouve être également mon gourou, malgré un conflit d’intérêt mortellement dangereux lié à mon patron, le colonel Vikorn, dont l’objectif n’est pas tant de vendre de la blanche que de ruiner le général Zinna, qui tient tout autant à provoquer la ruine de Vikorn et se fiche pas mal du commerce à condition que Vikorn écope au final d’une peine de prison plus longue que la sienne. A ce stade, la tâche de ton inspecteur-consigliere-reporter consiste à convaincre les deux vieux mammouths de se donner gaiement la main dans le but d’acheter ce poison chargé de mauvais karma à l’être le plus désintéressé et éveillé que j’aie jamais rencontré u cours de mon éternelle quête, personnage qui m’a mis la tête à l’envers grâce à une technique magique hyper-efficace inspirée par l’école bouddhiste du vajrayana, appelée aussi tantrisme ou bouddhisme apocalyptique, hyper-efficace lui aussi mais pas très connu. Ne me jette donc pas la pierre si je m’en roule un autre. »

 

Personne ne te jette la pierre Sonchaï, roule-toi donc tout ce que tu veux, et reviens nous vite !

 

John Burdett / Le parrain de Katmandou (The godfather of Kathmandu, 2010), Presses de la Cité/Sang d’encre (2011), traduit de l’anglais par Thierry Piélat.

 

Vous pouvez compléter en allant lire cette interview de l’auteur sur Bibliosurf.

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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 14:03

De temps en temps, juste pour le plaisir, il est bon de lire un petit Elmore Leonard. Cette fois-ci ce sera Mr Paradise.

 

leonard paradiseTony Paradiso, alias Mr Paradise est un charmant vieil homme. Avocat à la retraite il a gagné des fortunes en aidant les truands les plus bêtes, mais les plus chanceux, à demander des dommages et intérêts à la police de Detroit. A plus de 80 ans, il a bien le droit de profiter de la vie, et de quelques plaisirs simples, comme celui de louer de jeunes et belles (très belles) femmes pour qu’elles fassent les pompom girls pendant qu’il regarde de vieux matchs de baseball.

 

C’est son bras droit, Taylor, ancien truand qu’il a sorti d’affaire, qui lui sert de chauffeur et homme à tout faire. Tout va donc bien jusqu’à ce soir où Mr Paradise et la ravissante Chloe se font descendre. Taylor essaie de faire croire à Franck Delsa, en charge de l’affaire, qu’il s’agit d’un cambriolage ayant mal tourné. Il ne devrait pas prendre Frank pour un con. Parce Frank n’aime pas ça du tout. Et ça va chauffer …

 

Du pur Elmore Leonard. Des personnages cools, très cools, des dialogues qui claquent, des truands méchants mais surtout bêtes comme leurs pieds (mais attention, suffisamment méchants quand même pour être dangereux), de l’humour, une intrigue aux petits oignons et une écriture qui semble couler de source.

 

Que faut-il de plus pour passer un excellent moment ?

 

Elmore Leonard / Mr Paradise (Mr Paradise, 2006), Rivages/Noir (2011), traduit de l’américain par Danièle et Pierre Bondil.

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 23:37

Parfois (souvent ?) on lit aussi un livre parce qu’il est publié chez un éditeur donné. Dans le cas qui nous intéresse (ou du moins qui m’intéresse) aujourd’hui c’est clairement le cas. Aurais-je ouvert Lonesome Dove (épisode 1) de Larry McMurtry s’il n’était pas publié chez Gallmeister ? Non. Aurais-je eu tord ? Oui.

 

McMurtry 01

Lonesome Dove, Texas, au bord du Rio Bravo (ou Grande suivant de quel côté on se place). En cette fin de XIX° il semble que l’ère des héros soit passée. Augustus McCrae et Woodrow Call ont été des héros, des personnages bigger than life. Rangers ils ont participé aux guerres contre les Comanches et à la lutte contre les bandits Mexicains. Maintenant ils végètent à Lonesome Dove, trou paumé écrasé de chaleur, où rien ne se passe. Alors quand Jake, lui aussi ancien ranger, vient leur promettre le Paradis pour les éleveurs de bétail dans le Montana, ils décident de repartir. Le temps de voler au Mexique quelques chevaux et un beau troupeau, et de recruter une équipe et les voilà en route. Une route qui se révèlera pleine de danger. Car en cette année 1880, le territoire est loin d’être entièrement pacifié et civilisé.

 

Avertissement au lecteur : Il faut accepter de prendre le temps de rentrer dans ce roman. Il faut accepter le rythme lent de l’auteur. Il faut dire qu’il ne se passe rien à Lonesome Dove, et que la chaleur écrasante n’incite pas à un dynamisme effréné … C’est le prix à payer pour rentrer dans l’ambiance, faire connaissance avec les personnages, s’imprégner de l’atmosphère, sentir les rapports entre les gens, commencer à apprécier l’humour de l’auteur … Et une fois qu’on est bien installé, ça démarre. Lentement, puis de plus en plus fort.

 

Au point que lorsqu’on arrive à la fin de ce premier épisode on est complètement accro. D’autant plus que l’auteur nous laisse en suspend, avec tous ses personnages (ou presque) suspendus du bout des doigts au bord de la falaise, et le méchant qui approche pour leur écraser la main …

 

Et puis quelle description d’un Ouest (ou d’un Sud) loin, bien loin des clichés et des images hollywoodiennes (que j’adore par ailleurs). Rude, crade, rustre, sans foi ni loi (ou du moins avec très peu de loi, et encore moins de foi), sans éducation, plus proche de Deadwood (de Pete Dexter) ou du True Grit des frères Coen que de la classe de James Stewart ou de Gary Cooper … Un monde que le roman dépeint dans toute sa dureté, dans l’âpreté de ses rapports de force, ce qui en fait, en plus d’un western, un véritable roman noir historique.

 

Larry McMurtry / Lonesome dove épisode 1 (Lonesome Dove, 1985), Gallmeister (2011), traduit de l’américain par Richard Crevier.

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 22:56

Encore et toujours Terry Pratchett … Avec cette fois un roman de la série des aventures de Tiphaine Patraque, sorcière jeune mais talentueuse des Causses. Je m’habillerai de nuit, le plus récent ouvrage, prend la suite de L’hiverrier.

 

Pratchett nuitTiphaine Patraque est donc la sorcière de la région du Causse. Rude boulot pour une gamine de 16 ans. C’est pas glamour sorcière … On aide aux accouchements, on assiste les mourants, on soigne les bêtes, on s’occupe des plus vieux tous seuls dans leurs masures … Et ça c’est pour les jours où on s’ennuie. Parce qu’en plus il faut supporter d’être « aidée » par les Nac Mac Feegle, ces homoncules en kilt pleins de bonne volonté et d’énergie, mais qui ferait passer une nuée de criquets pour une mission humanitaire. Et puis il faut réagir à l’extra-ordinaire. Comme quand un père alcoolique et violent tue le bébé à naitre de sa fille à coups de pieds, ou quand, comme ces derniers temps une entité haineuse répand insidieusement dans les esprits faibles l’idée que la Sorcière est la cause de tous leurs maux … Bref, c’est pas demain que Tiphaine va s’ennuyer.

 

Je devrais me lasser, Pratchett aussi devrait se lasser. Ou au moins connaître quelques bas au milieu de tous ces hauts … Et bien il n’en est rien.

 

C’est la rumeur, la chasse aux sorcières (dans tous les sens du terme connus, plus quelques uns qu’il invente !) qui sont au centre de cet opus. Terry Pratchett ne s’en cache pas, sa préférence va nettement aux sorcières, ces fortes femmes, pragmatiques à l’excès, dévouées à une communauté (voire à l’humanité), parfois un rien hautaines, susceptibles et cassantes. En face, les religieux de tous poils, les montreurs de doigt, ceux qui désignent à la foule (pas toujours très futée) le bouc émissaire, les moralisateurs à poil dur, les donneurs de leçons …  ne font pas le poids, même s’ils peuvent faire peur.

 

D’ailleurs voici ce que Tiphaine assène à une bonne âme toujours prête à voir la poutre dans l’œil du voisin :

« La cuisinière m’a dit que vous êtes très croyante, toujours à genoux, et je n’ai rien contre ça, rien du tout, mais il ne vous est jamais venu à l’idée d’en profiter pour prendre une serpillère et un seau avec vous ? »

 

Le mécanisme de la rumeur et de son effet sur les foules et magnifiquement disséqué, démonté et remonté à la mode Pratchett. La façon de transformer celui qui est différent, plus moche, ou plus vieux, ou plus bizarre … en un monstre coupable de tous les mots est disséquée. Tel le caricaturiste surdoué, il accentue les défauts, fait ressortir les traits marquants et fournit un résultat plus vrai que le modèle. Et beaucoup plus drôle.

 

Bref un autre à lire sans faute.

 

Terry Pratchett / Je m’habillerai de nuit (I shall wear midnight, 2010), l’Atalante/La dentelle du cygne (2011), traduit de l’anglais par Patrick Couton.

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 22:17

C’est pas que je ne vous aime plus, ou que je vous oublie, mais le devoir m’appelle, et il m’appelle loin de mes pénates et de mon ordinateur.

 

Donc je ne pourrai rien vous écrire cette semaine.

 

Mais je serai de retour le week-end prochain et comme je ne pars pas sans une bonne réserve de bouquins, j’aurais matière à vous écrire.

 

Bonne semaine à tous.

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 22:59

J’ai déjà écrit ici et   et tout le bien que je pense de John Connolly. Et bien, à l’occasion de la sortie de son dernier roman Les murmures, je recommence. Et à force, je finirai bien par vous convaincre de le lire.

 

ConnollyLe Maine, au nord-est des Etats-Unis. La frontière avec le Canada est une vraie passoire. Drogue, immigrés clandestins, armes … Tout passe et repasse. Depuis peu, de nombreux anciens soldats d'Irak se sont installés dans la région. Ils y ont apporté un nouveau trafic : celui des œuvres d'art anciennes volées au musée de Bagdad. Ils ne savent pas que, parmi ces trésors, se cache un objet très anciens, très précieux, très … dangereux. Et les suicides commencent. Chargé d'enquêter sur l'un de ces soldats, Charlie Parker, ex flic devenu privé va se trouver sur les traces d'un Mal aussi vieux que l'humanité. Un Mal qu'il n'est pas le seul à traquer.

 

Le hasard de mes lectures fait que pour la première fois je m’aperçois combien les univers de John Connolly et de James Lee Burke sont proches. Et nouveau hasard, dans cet opus, Charlie Parker, pour passer le temps, lit un roman de James Lee Burke. Je me suis même demandé comment je ne m’en étais pas rendu compte plus tôt.

 

Les deux ont un personnage récurrent hanté par ses démons, par ses morts, et par les morts de l’Histoire qui ne les laissent jamais en paix. Les deux doivent en permanence (ou presque) lutter contre leur propension à la violence. Les deux ont des amis … peu conventionnels (même si Louis et Angel sont un poil plus bizarres et imprésentables que Clete Purcel). Les deux affrontent souvent un mal métaphysique. Les deux auteurs aiment pimenter leurs romans d’une pointe de fantastique (plus prononcée chez Connolly). Enfin les deux auteurs excellent dans les descriptions poétiques de la nature, plus inquiétantes chez Connolly, plus lyriques chez Burke …

 

Ce qui n’empêche pas des différences, la plus importante à mes yeux étant que Connolly n’a pas, comme Burke, un attachement viscéral à une région.

 

Et puis, un dernier point, les deux sont deux sacrés auteurs ! Et ce nouvel épisode des aventures de Parker en est la preuve, avec tous les ingrédients habituels : une solide histoire, un suspense parfaitement maîtrisé, des personnages que l'on a plaisir à retrouver (comme ses amis Louis et Angel, ou Le Collectionneur, vieille connaissance …) des dialogues qui claquent (surtout quand Angel et Louis sont de la partie) et une pincée de fantastique pour épicer le tout sans pour autant tomber dans la facilité.

 

Et c’est une grande force de Connolly ce tour de main pour assaisonner au fantastique. Car si, indéniablement, des forces « hors normes » et des créatures pas franchement réalistes interviennent, l’auteur ne se permet aucune facilité de scénario, et aucun élément de résolution ou d’action n’est fantastique. Tout pourrait n’être qu’une vision de l’esprit des personnages, l’effet d’une folie passagère, un cauchemar très réaliste … Même si le lecteur SAIT que le machin là, existe pour de vrai … dans le roman. Juste un frisson de plus, une pincée lovecraftienne au pays des hardboiled. J’adore ça !

 

Cette fois l'histoire sert de toile de fond à une réflexion sur le traumatisme des guerres, les blessures visibles ou pas qu'elles génèrent, la façon dont les anciens soldats sont accueillis en rentrant chez eux. Des thèmes récurrents aux US, qui semblent montrer que les choses n'ont guère évolué depuis le siècle dernier.

 

Bref, un roman puissant, original et instructif, en un mot passionnant. De quoi, j’espère, vous donner envie de lire tous les John Connolly.

 

John Connolly / Les murmures (The whisperers, 2010), Presses de la Cité/Sang d’encre (2011), traduit de l’anglais (Irlande) par Jacques Martichade.

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 22:57

Encore moi, mais je viens juste de recevoir l’info …

 

Toujours pour les gens du sud-ouest, les 28 et 29 mai le village de Cazères sur Garonne organise son festival du livre. Parmi les invités, quelques noms connus ici, comme Maïté Bernard, Benoit Séverac ou Mouloud Akkouche.

 

Pour plus d’informations, c’est là.

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 17:11

Une rencontre pour les toulousains, et une belle.

 

Mercredi 25 mai, DOA et Dominique Manotti seront à partir de 18h30 au forum de la Librairie de la Renaissance pour une rencontre organisée par TPS et animée par Claude Mesplède en personne.

 

Malheureusement, je ne pourrai pas en être, et je le regrette bien. Allez-y nombreux !

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 22:50

Je l’attendais depuis longtemps ce James Lee Burke. Depuis les échos de sa sortie aux US pour tout dire. Là-bas La nuit la plus longue (The tin roof blowdown) avait fait sensation comme Le Roman sur le drame Katrina. Gageons qu’il va faire sensation ici aussi.

 

BurkeFin août 2005, l’ouragan Katrina dévaste le sud de la Louisiane et rase La Nouvelle-Orléans. Vétusté des installations, indifférence du pouvoir fédéral, abandon d’une région pauvre … Ajoutez à cela un second ouragan, Rita, quelques jours plus tard la région est entièrement détruite. Avant les cauchemars de Dave Robicheaux tournaient autour du Vietnam :

 

« En me rendormant, je me répète une fois encore que plus jamais je n’aurai à être témoin, sur une grande échelle, de la souffrance de civils innocents, ni de trahison et de l’abandon de mes compatriotes au moment où ils sont le plus dans le besoin.

Mais c’était avant Katrina. C’était avant qu’un ouragan plus puissant que la bombe qui a frappé Hiroshima n’épluche le sud de la Louisiane. C’était avant qu’une des plus belles villes d’Occident n’ait été tuée trois fois, et pas uniquement par les forces de la nature. »

 

Dans le chaos qui suit, un état de guerre s’installe : pillages, fusillades entre gangs, assassinats perpétrés par des milices racistes … Les morts et les ravages se multiplient. C’est dans ce contexte que deux jeunes noirs qui venaient de piller une villa abandonnée sont abattus. Le FBI, accusé de couvrir les milices blanches et les flics ripoux décide de faire un exemple et tout semble désigner un voisin. Mais pour Dave Robicheaux qui se trouve par hasard en charge de l’affaire, les choses sont plus complexes.

 

Autant avertir les fans de Dave tout de suite, cet épisode est un peu différent du reste de la série. Certes on retrouve Robicheaux, ses démons et son besoin de rédemption, ainsi que tous les personnages qui gravitent autour de lui : Molly et Alafair, Tripod le raton  laveur à trois pattes, Clete Purcel, plus imprévisible que jamais, Helen, la chef … On retrouve quelques affreux pas piqués des hannetons. On retrouve aussi l’empathie avec les victimes et l’admiration pour ceux qui, dans une société corrompue qui les écrase, luttent pour rester dignes et fidèles à leurs valeurs.

 

Par contre, peu très peu d’intrigue. Ou plutôt une intrigue prétexte qui tient tout juste la route.

 

Mais comment faire autrement ? la victime est connue : La Louisiane et en particulier la Nouvelle-Orléans. Les coupables sont connus : l’ouragan et les années de politique de désengagement de l’état, de coupures dans les budgets des services publics, d’abandon progressif des plus pauvres. Et on sait déjà que les coupables ne seront pas arrêtés … Tout le reste est anecdotique.

 

Alors James Lee Burke est en colère, et Dave Robicheaux aussi. C’est cette colère, la rage face à l’abandon de toute une population par ceux qui sont censés la protéger, l’épauler, l’aider, la sauver qui irrigue tout le roman. Cela et le constat, désespéré et désespérant, que confrontée à une catastrophe, au lieu de se serrer les coudes la population se déchire.

 

Il est frappant de constater que face à une telle situation d’urgence, ce n’est pas la solidarité qui a prévalu, ni l’entraide, mais qu’elle a contraire fait ressortir le pire : pillages, viols, guerres de gangs, meurtres racistes … Sans compter juste après les différentes arnaques et magouilles pour s’enrichir en détournant l’argent de la reconstruction.

 

Cela en dit long sur un pays et l’état de délabrement auquel il est arrivé. Cela explique aussi pourquoi les media américains étaient tellement stupéfaits des récentes réactions de la population japonaise dans une situation différente mais présentant des similarités … Et cela nous interroge sur ce que pourrait être la réaction d’une société française de plus en plus individualiste.

 

Mais je m’égare. Revenons à Dave Robicheaux … Un épisode donc atypique dans sa narration, où l’écriture lyrique de James Lee Burke, son chant d’amour à sa ville (toute corrompue qu’elle soit), aux bayous, sont un peu mis entre parenthèse pour laisser la place à sa colère et son désespoir. Un épisode qui semble lui voir perdre les quelques rares illusions qu’il lui restait :

 

« Nous sommes censés être une société chrétienne, tout au moins une société fondée par des chrétiens. Selon les mythes que nous avons forgés, nous respectons Jésus, Mère Theresa et Saint François d’Assise. Mais je crois que la réalité est différente. Quand nous nous sentons collectivement menacés, ou quand nous sommes collectivement touchés, on a envie que les frères Earp et que Doc Holliday s’en occupent, on a envie que les méchants se fassent descendre, qu’ils soient cuits, fumés, séchés, enterrés par des bulldozers. »

 

Un roman qui pourrait marquer une rupture. Il y a un avant et un après Katrina en Louisiane, y aura-t-il un avant et un après The tin roof blowdown dans la vie littéraire de Dave Robicheaux et de James Lee Burke ? Le prochain roman nous le dira.

 

James Lee Burke / La nuit la plus longue (The tin roof blowdown, 2007), Rivages/Thriller (2011), traduit de l’américain par Christophe Mercier.

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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 23:06

J’ai décidé, dans ce billet, de me dévoiler un peu. N’ayez crainte, je ne vais pas vous infliger mes états d’âmes et vous ne risquez pas le pensum de l’autofiction. Juste un aveu, à but littéraire quand même : Bien que fan de polars, je n’aime pas les chiens policiers, et pour tout dire, je n’aime pas les chiens tout court.

 

Par contre je fais partie de « ce genre d’individus » comme dit Terry Pratchett qui aiment les chats. Et qui vénèrent le dit Terry Pratchett.

 

So what ? Imaginez ma surprise et ma joie, il y a quelques jours, quand au détour du rayon d’une librairie j’ai trouvé ceci : Sacrés chats ! Kit de survie pour tous ceux qui vivent avec leur chat, de Terry Pratchett, illustrations de Gray Jolliffe.

 

Certes, je sais, il y a déjà eu des kilomètres de papiers écrits, dessinés, chantés sur les chats. Certes, mais là c’est du Terry Pratchett. Exemple :

 

« Lors du choix du nom destiné à votre félin, vous devriez aussi tenir compte de la force et de la rapidité qu’il peut véhiculer. Lorsqu’en pleine préparation d’un repas pour une foule d’invités, vous voyez un plateau de steaks premier choix s’approcher comme par magie du bord de la table, il est impératif de disposer d’un nom aussi effilé qu’une lame de rasoir et aussi puissant qu’une massue : « Zac » ou « Pif » ou « Crac » ont prouvé leur efficacité.

Les Egyptiens adoraient une déesse à tête de chat qui avait pour nom « Bast ! ». Vous comprenez mieux pourquoi, maintenant. »

 

A partir de là inutile que je vous en dise davantage.

 

Soit vous aimez les chats et/ou Pratchett, et vous êtes déjà en route vers la librairie la plus proche.

 

Soit vous n’aimez ni l’un, ni les autres … Et j’avoue que je ne peux m’empêcher de vous plaindre.

 

Terry Pratchett / Sacrés chats ! (The unadulterated cat, 1989), J’ai Lu (2009), traduit de l’anglais par Marguerite Schneider-English.

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