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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 19:50

J’ai découvert Brigitte Aubert il y a peu, avec le monstrueux et réjouissant Le souffle de l’ogre. Puis j’ai lu quelques uns de ses romans pour préparer sa venue à TPS en 2011. Comme j’ai apprécié, j’essaie maintenant de suivre ses nouveautés. La dernière en date : La ville des serpents d’eau.

AubertUne petite ville des US, proche de la frontière canadienne, à la veille de la période de Noël. Il y a une quinzaine d’années, cinq fillettes ont été enlevées. Les corps de quatre d’entre elles ont été retrouvés, dans les lacs du coin, le dernier n’a jamais réapparu. Et voilà que fait surface une gamine maigre, salle et muette, semblant sortie de nulle part. Elle est prise en charge (si on peut dire) par Black Dog un SDF noir, immense et légèrement demeuré. Chose qui ne semble étonner personne, sauf Limonta, ex flic newyorkais, viré après une très grosse bavure due à sa consommation excessive d’alcool. Limonta traine sa déprime dans sa ville d’origine mais va trouver là l’occasion de se rendre utile, une dernière fois, avec l’aide d’un ex rappeur  revenu, lui aussi, croupir dans sa ville natale.

Je ne vais pas vous raconter d’histoires, on n’a pas là le chef-d’œuvre de l’année qui va révolutionner le genre ou vous hanter pendant des mois. Mais je l’ai lu en une journée, impatient de le retrouver chaque fois que je le laissais pour retourner à la « vie normale ». Ce qui est un signe infaillible que l’on a là un polar impeccable, parfaitement construit, avec ce qu’il faut d’épaisseur des personnages, de suspense, de coups de théâtres, de surprises, de fausses pistes …

Bref, exactement ce qu’il faut de temps en temps quand on veut passer un bon moment de lecture sans forcément trop se prendre le chou. Et c’est déjà beaucoup …

Brigitte Aubert / La ville des serpents d’eau, Seuil/Policiers (2012).

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 21:22

Une nouvelle collection polars … Comme tout, cela peut être la meilleure ou la pire des choses. Ombres Noires (car c’est non nom) a plutôt l’air de démarrer de la meilleure des façons, avec Dans le ventre des mères de Marin Ledun.

 

LedunDébut 2008, quelque part en Ardèche, une explosion insensée détruit un village entier. Résultat, près d’une centaine de cadavres et, étrangement, les survivants ont tous disparu. Plus étrange encore, les corps présentent tous des mutations génétiques incroyables. Le commandant Vincent Auger, de Lyon, est dépêché sur place, mais il se heurte à des obstacles sans nom et se voit rapidement opposer le secret défense. Il a juste de temps d’identifier une jeune femme, Laure Dahan, qui semble semer la mort sur son passage. Le temps aussi de s’apercevoir qu’il y a là une énorme affaire de nanotechnologies, de mutations génétiques et de manipulation de l’humain. Pendant ce temps Laure Dahan est sur les traces de son père et bourreau, et surtout sur celles de sa fille qu’il lui a enlevée. Entre Laure, Vincent et les ceux qui tirent les ficelles une course poursuite s’engage, à travers toute l’Europe.

 

Je n’ai pas lu Marketing viral dont ce livre est la suite. Cela ne m’a absolument pas gêné. Voilà pour ceux qui seraient dans mon cas.

 

Comme j’ai une petite restriction, je l’expédie avant de dire tout le bien que je pense de ce bouquin. Donc voilà, après avoir été mené tambour battant, le roman se termine de façon un poil abrupte. Des explications finales pas forcément claires, un dénouement (après la fusillade) pas complètement convainquant.

 

Mais ne chipotons pas pour quelques pages … Il y en a quand même plus de 450 d’excellentes. Caractérisées en premier lieu par une parfaite maîtrise du rythme et du découpage. Ainsi que des scènes de bravoure que sont les scènes d’action.

 

Excellente cette héroïne, qui n’est pas sans rappeler les meilleures créations d’Ayerdhal. Un auteur  qui a peut-être inspiré Marin Ledun

 

Et pas seulement pour le sens du rythme, des scènes d’action et le goût pour des héroïnes qui déménagent. Mais également pour la colère, l’indignation, la rage et la façon de faire passer tout cela au travers d’une histoire bien racontée, sans jamais tomber dans la démonstration lourde.

 

Alors certes ce que raconte Marin Ledun n’est pas agréable et ne fait pas plaisir. Manipulations et marchandisation du vivant (y compris nous), commercialisation des corps et même, des esprits, corruption des élites, toute puissance du fric … Certes on ne peut guère parler de happy end, ni d’optimisme radieux. Mais le monde incite-t-il à un optimisme radieux ? Alors tant qu’à faire, autant être alertés par des auteurs de talent.

 

Marin Ledun / Dans le ventre des mères, Ombres noires (2012).

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 22:56

Un des belles découvertes de la rentrée. Certainement le roman le plus dépaysant. Et avec ça passionnant. Plongez dans la nuit polaire et suivez la Brigade des rennes avec Le dernier Lapon d’Olivier Truc.

Truc.jpgKautokeino, Laponie, quelque part entre Norvège, Suède et Finlande. Après 40 jours sans voir le soleil, les habitants attendent avec impatience le lendemain où ils auront 27 minutes de soleil. Le jour où ils auront de nouveau une ombre.

Klemet fait partie de la brigade des rennes, chargée de régler les conflits entre les différents éleveurs qui se répartissent sur l’immensité. Mais en ce jour particulier sa mission va changer. Au musée du centre culturel un tambour de chaman cédé il y a peu par un camarade d’expédition de Paul Emile Victor vient d’être volé. Voilà qui ravive les conflits entre la communauté samie et les norvégiens qui se laissent de plus en plus tenter par le parti d’extrême droite national. Quand Mattis, un berger de rennes misérable est retrouvé mort dans son campement les tensions augmentent, et la tâche de Klemet et sa coéquipière se complique encore. L’enquête sera longue, et fera remonter à la surface de vieilles histoires et les rivalités et haines de toujours.

Si ce roman se démarque en cette rentrée, ce n’est ni par son écriture, classique (ce n’est pas un critique !), ni par sa construction fort bien maîtrisée, passant d’un lieu et d’un personnage à l’autre, mais là aussi, relativement classique. Pas non plus par la conduite de l’intrigue, là aussi sans défaut, avec son démarrage lent, sa montée du suspense, et son crescendo final orchestré de main de maître. S’il n’y avait « que » cela, on aurait entre les mains un très bon polar bien écrit et bien construit, et ce serait déjà très bien.

Mais Le dernier lapon est plus que cela. Parce qu’il nous plonge, tête baissée, dans ce grand nord que nous ne connaissons absolument pas. Là encore, s’il se contentait de décrire, fort bien, la nuit polaire, le froid, la vie inimaginable des bergers de rennes lapons, le premier soleil de l’année, la beauté et l’immensité d’un paysage enneigé … Ce serait déjà magnifique.

Mais il y a encore plus ! Il nous fait découvrir toute une histoire qui nous est totalement inconnue, même si, à la réflexion, elle est tristement classique : Celle de la colonisation du grand nord par les scandinaves, au détriment de population d’origine, les nomades samis.

Evangélisation musclée, intégration forcée à la culture dominante, en s’en prenant aux enfants, envoyés de force dans une école qui leur interdit de parler leur langue, spoliation des ressources, travail forcé dans des mines … Sans compter maintenant que certains commencent à revendiquer des droits, racisme exacerbé et montée de partis d’extrême droite xénophobes. Refrain tristement connu, mais que j’entends pour la première fois chanté en norvégien …

Découverte également de la vie et de la culture d’une population européenne (et oui, c’est chez nous tout ça), qui ne comprend pas les notions de frontières qu’on veut lui imposer et qui, peu à peu perd ses repères sans arriver vraiment à en acquérir de nouveaux.

Tout cela est fait très intelligemment, au travers du regard d’un Lapon qui s’est un peu écarté de sa culture, et d’une « étrangère » ouverte qui découvre et pose les questions que se pose le lecteur. Intelligemment et sans manichéismes, la société samie étant montrée sans angélisme, avec ses injustices et ses conflits internes.

Bref, si vous voulez du dépaysement, si vous voulez apprendre en passant un excellent moment, si vous cherchez une belle histoire qui vous rendra moins ignorants, vous avez trouvé.

Olivier Truc / Le dernier lapon, Métailié (2012).

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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 22:11

Une petite récréation de chez Rivages. Un polar série B bien nerveux, sans autre ambition que de nous faire passer un bon moment. Ce qui est déjà une sacrée ambition, ceci dit entre parenthèses … Voyoucratie de Dominique Forma fait parfaitement le job.

Forma

Dans le milieu de la pègre parisienne Francis le Parisien est un caïd. Un caïd fatigué qui songe à se retirer. Mais avant il veut s’assurer que son associé Buko est digne de confiance. Il fait donc courir une rumeur disant qu’il l’a doublé sur une affaire. Et attendre. Il ne va pas être déçu !

190 pages à fond. Dialogues qui claquent, rythme parfaitement maîtrisé, personnages d’enfer. Tout semble couler de source, tout semble facile et naturel. Et le lecteur se régale.

En toile de fond un milieu de la pègre dépeint sans la moindre concession. Ici pas de code d’honneur, pas de gangsters au grand cœur. Une bande de rapaces, égoïstes, méchants, salauds avec les plus faibles et lèche-cul avec les plus forts, uniquement intéressés par le fric … De vrai petits capitalistes ultra libéraux !

Alors tout ça semble facile, mais c’est du beau travail d’artisan d’art. A l’américaine serais-je tenté d’écrire …

Dominique Forma / Voyoucratie, Rivages/Noir (2012).

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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 23:00

Il semblerait que Serge Quadruppani soit tombé amoureux de la plantureuse Simona Tavianello et qu’il ne puisse plus s’en séparer. Après Saturne et La disparition soudaine des ouvrières la revoici dans Madame Courage.

QuadruppaniSimona donc, commissaire anti mafia, se retrouve malencontreusement prise dans une manif contre le TGV transalpin italien … Mais côté manifestants. Résultat elle se fait matraquer par ses collègues, et comme elle est connue des media, l’affaire de la grande gueule romaine qui manifeste avec les « gauchistes » passe mal auprès de sa hiérarchie. La voilà donc en vacances forcées à Paris avec son napolitain de mari. Cependant, on le sait maintenant, les vacances du couple sont souvent mouvementées. Et ils se retrouvent « par hasard » dans un restaurant où une main coupée est servie dans le tajine à côté d’eux. Quand vous saurez que différents services secrets, quelques mafieux, des hommes d’affaire à morale variable, et une pincée d’islamistes plus ou moins excités trainent dans les parages, vous comprendrez que les vacances sont finies.

Un vrai plaisir de retrouver Simona et Serge. Un vrai plaisir de découvrir de nouveaux personnages, Francesco Marrone le flic qui résout les affaires en dormant, Stéphanie Lagourme, alter ego parisienne de Simona, ou la superbe Maria et Gisela la toujours révoltée (beaucoup de très beaux portraits de femmes …). Un vrai plaisir de le voir mettre en scène de vrai pourris et de vrais affreux, magouilleurs sans scrupules des services secrets, commis lèche-cul du pouvoir ou manipulateurs tartuffes se cachant derrière une soi disant foi et sainteté. Un vrai plaisir (un peu masochiste) de voir sous sa plume comment tout ce beau monde censé se détester et se combattre sait bien s’entendre en douce sur le dos des naïfs que nous sommes.

Un vrai plaisir aussi de partager ses rages, ses colères et ses soutiens. Soutien, aux résistants No-TAV, à ceux qui ont protesté contre l’interdiction kafkaïenne de certains auteurs dans les écoles et bibliothèques du nord de l’Italie, colère contre les islamistes récupérateurs de révolution et alliés secrets des pires tyrans, colère contre les petites manipulations des différentes officines de flics et de services secrets, colère contre le pouvoir et l’arrogance du fric …

Tout ça pourrait être un catalogue ennuyeux. Il n’en est rien. Par la grâce d’une histoire bien menée, même si, comme il l’écrit lui-même « on n’était pas dans un de ces polars ou tout, jusqu’au moindre détail, était expliqué à la fin » de personnages incarnés et d’une écriture sensuelle qui sait faire sentir une pâtisserie orientale, déguster un Rivesaltes ou s’émouvoir de la beauté d’une femme.

En ces temps de connerie aggravée et d’arrogance des plus riches, rien de tel qu’une bouffée de parfum d’agrumes. Lisez Madame Courage et vous verrez.

Serge Quadruppani / Madame Courage, Le Masque (2012).

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 22:44

Parfois, bêtement, on enterre un bouquin sous les piles et on l’oublie. Heureusement, de temps en temps on fait du rangement. C’est comme ça que Nuoc mâm Baby de Jan Thirion est réapparu, miraculeusement, sur ma table de nuit. 

ThirionAzraël Zirékian, dit le Calmar est un privé sans agence, un anar sans attache, un empêcheur de tourner en rond. Quand son ami d’enfance Jean-Marie Nguyen, qui a connu le succès international comme chanteur de charme sous le nom de Danh vient le chercher dans le bar où il passe ses journées, il ne peut lui dire non. Le voilà parti vers le Vietnam, sur les traces d’odieux trafics d’enfants volés. Une fois de plus le Calmar va aller fourre ses tentacules là où on ne veut pas de lui.

Réglons tout de suite le problème éditorial. Pourquoi donc aller inventer ce personnage, copie conforme de notre Poulpe national, avec les mêmes goûts, les mêmes opinions, les mêmes … tout ? Surement pas pour le seul plaisir de lui ajouter deux tentacules. Surement pas non plus pour faire la guerre à Jean-Bernard Pouy amplement remercié et cité tout au long de l’ouvrage. Cela doit être une sombre question de droits, d’éditions, de machin et de truc qui finalement ne concerne guère le lecteur.

Nous pouvons maintenant en venir au roman lui-même. Qui est fort recommandable, au même titre que les meilleurs épisodes de son cousin le Poulpe. Cela m’est d’ailleurs apparu comme une évidence à la lecture : Il y a longtemps qu’on aurait dû avoir un Poule signé Jan Thirion.

Il a l’imagination, la fantaisie, la liberté stylistique, la verve, la capacité d’indignation, la méchanceté … Bref tout ce qu’il faut pour faire un bon Poulpe, ou en l’occurrence un bon Calmar. On sourie donc souvent.

Ce qui fait de ce roman qu’il est un peu plus que cela, c’est l’émotion des chapitres racontés par une gamine victime des affreux de service. Emotion qui vient de la justesse de ton et de l’apparente simplicité de l’écriture qui colle au personnage et nous cueille à l’estomac. Associé à un final en demi-teinte qui voit des « gentils » non pas gagner, mais pour une fois ne pas perdre. Un final à l’ironie teintée d’un réalisme sans illusion.

Petite cadeau pour les amateurs de polars, l’apparition de quelques collègues et les fréquentes références au Merle, un des grands canulars de l’incontournable Pouy. Bref, si vous aimez les Poulpes, vous aimerez ce Calmar. 

Jan Thirion /Nuoc mâm Baby, Krakoen (2012).

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 12:50

Cela faisait un moment que je voyais ici et là des chroniques à propos des romans édités par Kyklos. Des chroniques en général positives. En plus j’aime beaucoup leurs couvertures … Donc j’ai essayé, avec  ¡Viva la muerte ! du français Frédéric Bertin-Denis.

Bertin

Cordoue, en ce début de XXI° siècle. L'inspecteur chef Manuel el Gordo se remet difficilement d'une rude enquête quand on découvre, dans un village proche de la ville, le corps supplicié et torturé d'un haut dignitaire du Vatican. Malgré les pressions multiples venant aussi bien de sa hiérarchie que de celle de l'église, Manuel découvre vite que la victime fut un sacré fils de pute (il n'y a pas d'autres termes), franquiste convaincu et proche de ce que l'église et l'ancien régime espagnol comptait de plus pourri.


Quand un deuxième vieillard est lui aussi découvert mort torturé l'enquête se centre sur un massacre perpétué en toute impunité plus de cinquante ans auparavant. El Gordo va découvrir que les démons et fantômes du franquisme ne sont pas tous morts.


Plus de cinq cent pages denses qui laissent une impression mitigée.


L'écriture est parfois un peu « scolaire », avec une tendance à trop expliciter des sentiments ou des motivations qui devraient être évidentes au vu du reste. Le procédé narratif consistant, à chaque victime, à retrouver des documents ou des témoins qui relatent son histoire et celle des années noires du franquisme est un peu systématique et « facile ».


Et pourtant, malgré ces défauts, on se prend au jeu et on suit avec intérêt les aventures du Gros et ses plongées dans le passé.Ce sont d'ailleurs plutôt ces retours sur le passé et l’Histoire qu’ils racontent qui emportent l'adhésion, que l’enquête que l'on suit sans ennui mais sans non plus de réel enthousiasme.


Quoiqu’il en soit, cela prouve que l'ensemble tient plutôt la route. Un bon polar sérieux intéressant malgré ses défauts, auquel il manque une étincelle. Peut-être dans le prochain ?

 

Frédéric Bertin-Denis /   ¡Viva la muerte !, Kyklos (2012)

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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 00:03

Les vacances sont aussi l’occasion de lire quelques romans laissés en rade durant l’année. Dont ce Bonus de Laurent Chalumeau. Une fois encore, bonne pioche.


ChalumeauJean-Rémy Felliaire est le grand patron type : arrogant, bronzé, pourri jusqu'à la moelle et poursuivi par une juge pour délit d''initié, fraude fiscale et corruption. Ajoutez un bon parachute doré et quelques comptes dans des paradis fiscaux et vous aurez un assez bon portrait de gagnant de l'aire Sarko.


Son problème est qu'il s'est fait attraper et que ses mésaventures donnent des idées à tout un tas de petits poissons qui se disent que, pour une fois, ce pourraient être bien eux qui profitent de l'argent mal acquis. Encore faut-il trouver la combine. Une chanteuse à la voix plus puissante que juste, un prof à la retraite dévoué à la cause des sans papiers, une avocate stagiaire traitée comme de la merde par ses patrons, un garde du corps … Et quelques autres vont s'y employer, avec plus ou moins de succès.


Sur le sujet des scandales financiers on peut écrire des pamphlets, des textes documentés et/ou indignés, des romans très noirs et/ou très cyniques … Laurent Chalumeaumontre que, sans rien lâcher de l'indignation, on peut aussi écrire un roman drôle, enlevé, humoristique et très proche des personnages, avec des retournements, des coups de théâtres, des scènes d'anthologie … Bref qu'on peut faire passer au lecteur un excellent moment, plein de sourires, en se moquant gentiment de tout le monde, sans mépriser personne.


Une vraie découverte pour moi, en espérant que vous y prendrez aussi plaisir.


Laurent Chalumeau / Bonus, Rivages/Noir (2012).

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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 17:49

Après deux polars où elle mêlait présent et passé, enquête et médecine, Patricia Parry, avec Sur un lit de fleurs blanches, s’installe dans le XIX° siècle des grands feuilletonistes (tout en restant proche de la médecine). Avec, semble-t-il, beaucoup de plaisir, et pour le plus grand bonheur des lecteurs.

 

Parry

Paris, fin XIX°. Clara Saint-James est l’une des galantes les plus connues de la capitale. Son richissime amant, le comte de La Paillerie vient de passer l’arme à gauche. Il lui a laissé de quoi voir venir, mais lui a également demandé de remettre 100 000 francs à un jeune médecin, Victor Dupuy qui vient juste de s’installer. Pourquoi ce Victor dont Clara n’a jamais entendu parler ? Elle n’a guère le temps de s’en préoccuper. Quelques jours après la mort de son protecteur, Norbert, son jeune groom est retrouvé saigné dans un cimetière, couché sur un lit de fleurs blanches.

 

Alors que Clara et Victor décident d’enquêter, dans le Journal de France le scandale des jeunes garçons du peuple décimés par le « Saigneur » éclate, sous la plume du sulfureux Solveg. Dans le même temps le feuilleton à la mode du même journal raconte de sinistres soirées courues par les notables … Pour Clara et Victor la réalité ne va pas tarder à dépasser la fiction.

 

Plaisir, c’est le premier mot qui vient à l’esprit à la lecture de ce roman. Patricia Parry c’est visiblement beaucoup amusée à retrouver le ton des feuilletons de l’époque. Extraits de journaux, récits « à suivre demain », coups de théâtres, révélations extraordinaires, meurtres mystérieux … tout y est, tout est là pour nous faire revivre les frissons des Dumas et autres Eugène Sue.

 

Le lecteur jubile, s’émeut, fait semblant d’avoir peur … Et au passage apprend beaucoup de chose sur la condition des femmes, celle des enfants, le racisme déjà, l’ostracisme, déjà … On en apprend aussi beaucoup sur les débuts de ce qui deviendra la médecine moderne, des débuts balbutiants et bien risqués pour les pauvres malades ! Pour les amateurs d’Histoire, du grain à moudre également avec quelques faits historiques étonnants, que je ne développerais pas ici car ils font partie de la résolution de l’énigme.

 

Une vraie réussite, un grand plaisir de lecture, avec un goût d’enfance retrouvée assorti de ce qu’il faut de noir. Et en plus on finit moins bête.

 

Patricia Parry / Sur un lit de fleurs blanches, Le Masque (2012).

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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 22:26

Son premier roman Surhumain avait fait du bruit sur les blogs. Je l’avais raté. Je découvre donc Thierry Brun avec son ouvrage suivant La ligne de tir, un thriller plein d’adrénaline.

 

BrunA Nancy le commissaire Fratier est aux abois. Ripoux parmi les ripoux il est sur le point d’être mis en examen. Shadi Atassi, le Syrien, nouveau caïd de la ville, s’est associé avec un autre flic et lui a fait perdre ses sources de revenu. Et Loriane Ornec, ex flic infiltrée passée du côté des truands pourrait être entendue par la justice et le charger salement. Alors il lance ses chiens pour descendre les témoins gênants.

 

Malheureusement la jeune femme a disparu. Et sur le ripoux et le nouveau caïd plane l’ombre de son dernier amant connu,  Patrick Jade, un mercenaire, tueur sans pitié qui avait décimé le gang des précédents maîtres de la ville. Une course poursuite s’engage qui ne pourra se terminer que dans le sang.

 

« Roman de la nuit et de la corruption, la ligne de tir, mécanique implacable, nous entraîne imperceptiblement d’un univers à un autre, du roman noir au thriller … » peut-on lire à la quatrième de couverture.

 

Voilà qui va me permettre de souligner les qualités et les limites de ce polar.

 

« Roman de la nuit » pourquoi pas, « mécanique implacable » certainement, « thriller » aussi. « Roman de la corruption », « roman noir » certainement pas. Pourquoi ?

 

Parce qu’il ne suffit pas de mettre en scène des flics ripoux pour écrire un roman de la corruption. Et qu’un roman est un roman noir s’il a un contenu social ou historique, s’il témoigne d’une réalité sociale et/ou historique. Or il ne suffit pas de mettre en scène des ripoux et des tueurs, de ne peupler son roman que de personnages à la moralité douteuse pour écrire un roman noir ou un roman sur la corruption.

 

La ligne de tir, à mon humble avis, n’est absolument pas ancré dans une réalité sociale. On n’apprend rien sur Nancy, rien sur les réseaux d’influence en Afrique où ont traîné certains personnages (contrairement par exemple aux fantômes du Delta), rien non plus sur les mécanismes de la corruption ou sur son effet sur la vie des gens « normaux », comme dans Le jour du fléau ou Défunts disparus …sans parler de La griffe du chien

 

Ce n’est ni un reproche,ni un jugement de valeur, seulement une constatation. Ca n’en fait pas un roman pire ou meilleur, c’est juste que j’aime bien ne pas être trompé sur la nature de la « marchandise ».

 

La ligne de tir me fait davantage penser aux BD de Frank Miller, de la série Sin city : Des personnages complètement pourris, une violence très schématisée, un trait, ou plutôt un style, tout en noir et blanc (sans gris donc), et une efficacité redoutable. Je suppose que c’est l’effet recherché, et ça marche. On lit d’une traite, les scènes d’action en particulier sont très réussies. Et on se fiche un peu de savoir qui va rester sur le carreau.

 

Donc si vous cherchez un bon thriller nerveux, sans temps mort, sans délayage pour atteindre les fatidiques 500 pages et avec de la castagne et une belle progression vers l’apocalypse finale, ce roman est pour vous. Si vous n’aimez pas le genre, passez votre chemin.

 

Thierry Brun / La ligne de tir, Le passage/Polar (2012).

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