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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 21:42

J’avais beaucoup aimé Guerre sale de Dominique Sylvain. Et je me demandais bien comment elle allait continuer, si elle décidait de continuer. Elle l’a décidé, c’est Ombres et soleil.

Sylvain

Le divisionnaire Mars, flic qui s’était révélé assez pourri, a été retrouvé assassiné à Abidjan. Et c’est Sacha Duguin, son ancien subordonné, qui est soupçonné par la police des polices. Soupçonné au point d’être arrêté chez lui à 6 heures du matin. Lola Jost, flic à la retraite est pourtant bien persuadée que son ami est innocent. Ingrid Diesel (et oui, pour ceux qui ont lu le roman précédent Ingrid est vivante) qui est repartie aux US l’est également. Elles décident alors de mener leur propre enquête, en marchant une fois de plus sur des pieds forts sensibles. Des pieds qui s’appellent secret d’état.


Je n’arrive pas à être aussi enthousiaste qu’avec le roman précédent, et je ne sais pas complètement mettre le doigt sur ce qui me dérange. Je vais essayer quand même.


Tout d’abord il me semble que j’aurais préféré un roman plus resserré géographiquement. Paris, Abidjan, Hong-Kong … était-ce nécessaire ? Du coup, à part Paris toujours aussi bien décrite, les autres lieux (surtout Abidjan) sont à peine effleurés et c’est un poil frustrant.


Ensuite, impossible de lire le roman si on ne se souvient pas bien de ce qui s’est passé dans le précédent. D’où la difficulté pour l’auteur : soit elle fait de fréquents rappels, au risque d’alourdir le début du roman, soit elle ne dit rien, au risque de perdre un nouveau lecteur. Et j’ai l’impression que ce choix n’a pas été totalement tranché ici.


Pour finir par moment j’avais l’impression que Dominique Sylvain, consciemment ou non, cherchait à se rapprocher du style d’écriture de DominiqueManotti. Des phrases sèches, pif paf, pas de gras, pas de détails superflus, des faits, que des faits. Et je préfère quand elle fait du Sylvain. Et j’en viens à ce que j’ai aimé, car j’ai aussi beaucoup aimé certains aspects.


Les dialogues, les dialogues ! Je crois savoir que Dominique Sylvain est une fan de feu Elmore Leonard. Et bien ça se voit. Ses dialogues sont superbes, avec une mention spéciale au français très original d’Ingrid.


Les personnages. Là aussi elle a un réel talent. Ceux qu’on connaît déjà bien sûr, mais aussi son barbouze grognon, le méchant très réussi (je ne vous dis pas qui c’est …) ou la belle idée du conteur africain dont les interventions sont très réussies.


Pour finir, c’est aussi très bien que des auteurs français mettent un peu leur nez fictionnel dans ces monuments de la grandeur française que sont les ventes de matériel militaire (ou assimilé) et les belle compromissions qui vont avec. Ainsi que dans ces zones nauséabondes qui, sous couvert de secret d’état ou de protection du PAYS, ne servent en fait qu’à protéger des intérêts personnels. Dominique Sylvain le fait en changeant les lieux et personnages, mais il n’est pas très difficile de reconnaître un scandale qui n’a pas fini de défrayer la chronique … Mais dans lequel les vrais responsables s’en sortent, bien évidemment.


Bref, j’ai un peu moins aimé que le précédent, mais c’est fort bien quand même. Et j’aimerais bien avoir vos avis …


Dominique Sylvain / Ombres et soleil, Viviane Hamy (2014).

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18 mai 2014 7 18 /05 /mai /2014 21:42

On arrive en juin, c’est le moment du Dave Robicheaux de l’année. Faut-il présenter James Lee Burke ? J’espère bien que non, surtout pour les habitués de ces lieux. Le cru 2014 est dense, superbe, et s’appelle Créole Belle.

Burke

Dave Robicheaux et Clete Purcell se remettent difficilement des blessures reçues lors de l’affrontement final de L’arc en ciel de verre. Dave semble perdre le contact avec la réalité : il est le seul à avoir vu la chanteuse Tee Jolie Melton lui rendre visite à l’hôpital, et le seul à entendre ses chansons sur le lecteur mp3 qu’elle lui a porté. Il est aussi le seul à croire aux menaces qu’elle semble craindre. Jusqu’à ce que la sœur de la jeune femme qui avait disparu, réapparaisse assassinée de sinistre manière. De son côté Clete aussi voit ressurgir des fantômes de son passé. Les deux frères d’armes ne se doutent pas qu’ils vont, une fois de plus, devoir affronter les forces … de l’argent.


Que dire que je n’ai déjà dit maintes fois à propos des romans de la série Dave Robicheaux ? C’est toujours bon, c’est toujours très beau, c’est toujours rageur. Cette fois, après l’épisode Katrina, James Lee Burke nous rappelle une autre catastrophe qui a touché la Louisiane et qu’on a un peu oubliée : la terrible pollution due à l’explosion d’une plateforme offshore et les tonnes de pétrole qui se sont déversées ensuite. Le grand James est un bien trop grand écrivain pour écrire un pamphlet écolo sans chair. La condamnation est sans appel, mais elle arrive comme conséquence d’une belle histoire, et de la rage de Robicheaux et de son ami Purcell.


A ce propos, Clete prend de plus en plus de place dans les romans de la série, et c’est tant mieux. Et vous découvrirez ici un nouveau personnage une certaine Gretchen qui secoue sacrément le cocotier.


Un grand Robicheaux, et, même si je me répète - je l’ai déjà dit pour les romans de Mention et Bigham - les phrases comme celles citées ci-dessous ne font pas un bon roman, mais font grand plaisir quand elles viennent agrémenter un grand polar :


« Miss Alice, vous devez savoir que les lois fiscales sont écrites par des riches à l’attention des riches »

« Ce qu’il y a de plus remarquable chez nombre de ceux qui ont une grande fortune, c’est la conviction de base sur laquelle repose leur vie : ils sont persuadés que les autres ont le même appétit inextinguible d’argent qu’eux et feraient n’importe quoi pour ça. Dans leur culture, les bonnes manières, la moralité et l’argent ne sont pas distinguables. »


Dave et Clete vieillissent mais semblent immortels, et c’est très bien comme ça.


James Lee Burke / Jusqu’à ce que la mort les réunisse (Creole Belle, 2012), Rivages/Thriller (2014), traduit de l’américain par Christophe Mercier.

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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 22:39

Quelques annonces.

 

Demain samedi (je sais je suis à la bourre), du côté d’Arcachon vous pourrez voir l’ami Yan de « encore du noir » en chair et à os. Infos chez lui.

 

Pour ceux qui ne savent pas quoi faire lors des grands week-ends de mai, une possibilité, aller respirer l’air des Landes pour le festival « Le Polar se met au vert ». Vous pourrez en profiter pour faire le plein de foie gras …

Carlos Salem, Cristina Fallaras, Michael Mention et pas mal d’autres. Tous les renseignements sont là.

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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 21:14

Comme en ce moment je suis scotché au milieu du dernier James Lee Burke (très bien, mais un pavé et dense comme toujours, donc il prend du temps), et comme je me suis remis à écouter de la musique grâce, ne riez pas, à The Voice (je vous explique ça à la fin), je suis allé trainer dans les rayons des disquaires et je suis tombé en arrêt, casque sur les oreilles, devant le dernier album de Robin McKelle, Heart of Memphis.

 

RobinMcKelle HeartOfMemphis couv

 

Je sais bien deux choses :

 

Un, c’est très vieux d’acheter des CD au lieu d’écouter sur internet, avec une qualité de merde. Que voulez-vous, j’ai une vieille hifi, avec des grosses baffles, qui envoient quand on monte un peu le son, j’ai du mal avec le son étriqué des ordis et des Ibidules. Puis je suis vieux.

 

Deux l’album n’est pas récent (il a déjà quelques mois), mais avec un peu de chance vous pouvez encore le trouver dans les rayons …

 

Venons-en au sujet. Quel bonheur ! Treize titres de soul pur jus, qui coulent de façon aussi évidente et naturelle qu’un roman d’Elmore Leonard. Et qui d’ailleurs, au moins pour moi, procurent le même type de plaisir : Un sourire béat de contentement, du début à la fin, avec de temps à autre quelques bulles de joie pure qui vous remontent du ventre. Promis, celui qui écoute ça sans se sentir heureux … Je le plains.

 

Quand je dis aussi évident qu’un roman d’Elmore Leonard, c’est que je ne trouve pas de meilleure description : de même que les dialogues du maître coulaient de source, ici, dès les premières mesures on a l’impression de pouvoir chanter la ligne de basse ou les rifs de cuivre, tout est génialement à sa place, tout sonne d’enfer, tout est évident. Tout est bon.

 

Ca groove, on passe d’un morceau nonchalamment chaloupé à une balade nostalgique, et je mets quiconque au défi de ne pas se mettre, au moins à battre des pieds, des mains et à se trémousser (et vous faites ce que vous voulez avec vos oreilles) à l’écoute de Good Time.

 

Quand à la voix de la belle Robin … Autant rien ne m’agace plus que ces commentaires culculs sur tel ou telle dont on vous vend le mélange funky-blues-jazzy-soul, sous prétexte qu’à un moment il, elle attaque une note par en dessous ou plante une quinte diminuée, autant Robin McKelle a une voix purement Soul. Une vraie, une qui vous réchauffe sans avoir besoin de faire, en permanence des concours de puissance ni ne hauteur. Une voix qui chauffe, remue, berce. Une voix chaude comme un vieil armagnac.

 

Les textes, j’avoue que je ne saurais trop quoi en dire. Honte sur moi, quand j’écoute cette musique je ne prête guère attention aux paroles. Et que celui qui n’a jamais pris son pied à l’écoute de ces grands moments littéraires que sont I feel good, Sex machine ou ceci me jette la première pierre …

 

Pour finir, l’explication promise. Ma fille, 11 ans, regarde The Voice. Et elle sait ce que j’en pense … Donc de temps en temps, pour me convertir, elle me fait écouter (sur un Imachin avec un son de merde) des extraits. Et immanquablement, ça rate jamais, je lui dis « Ah mais ça je connais ! », et je m’aperçois que dans mes CD, il n’y a pas grand-chose de ces morceaux que j’ai tant écouté il y a si longtemps (souvent sur des cassettes mal repiquées, avec un son de merde, c’est vrai). C’est comme ça que je me suis retrouvé à écumer les rayons de CD pour acheter des best off de Tina Turner, Queen ou James Brown. Ajoutez à cela un fils aîné qui ne jure que par AC/DC, les Stones, ZZ Top ou The Wall, et vous aurez une idée de l’ambiance vieillotte qui règne à la maison.

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 23:14

Un John Connolly sans Parker (ou presque). C’est bien quand même. C’est sombre, fantastique, ce sont Les âmes perdues de Dutch Island.

Connolly

Dutch Island, que certains des habitants appellent encore Sanctuaire. Une île au large de Portland, dans le Maine. Joe Dupree y est flic, comme son père et son grand-père. Joe est immense, un vrai géant. Et Joe sait qu’il y a plus de cent ans des choses horribles se sont déroulées sur l’île, et qu’elles ont laissé une marque. Comme son père et son grand-père, Joe sait aussi qu’il a un autre rôle que celui de simple flic.


Sur le continent, Edward Moloch vient de s’évader et a rassemblé une bande de psychopathes pour l’aider dans sa vengeance. Il veut retrouver sa femme qui l’a vendu aux flics, lui faire payer ses années de prison et récupérer l’argent qu’elle lui a pris. En prison son rêve lui a révélé que sa femme a changé de nom et qu’elle a trouvé refuge au large de Portland. Alors que sur Sanctuaire les habitants les plus sensibles sentent que le mal se rapproche, la bande de tueurs de Moloch se met en marche.


Du pur plaisir bien sombre, bien stressant. Un exercice de style brillamment mené : Une bande de fous sanguinaires arrive sur une île, coupée du reste du monde le temps de la confrontation par une tempête homérique. Avec, comme toujours chez Connolly, un assaisonnement fantastique, ici plus marqué que dans ses autres romans, mais jamais de facilité dans la résolution des affaires. Pour ceux qui ne sont pas familiers de cet auteur, c’est fantastique, il y a intrusion de choses « non naturelles » dans l’histoire, mais tout pourrait aussi s’expliquer de façon « rationnelle ». Pas d’avancée de l’intrigue grâce à des recours à des forces occultes, tout ce qui relève du fantastique pourrait aussi s’expliquer par la folie, toujours. Même si …


Bref, c’est superbement mené et délicieusement stressant. On en frissonne de plaisir et on se surprend à jeter un coup d’œil dehors, la nuit, en refermant le bouquin pour voir si ce n’est pas une silhouette grise qu’on a aperçu, là dehors …


John Connolly / Les âmes perdues de Dutch Island (Bad men, 2004), Presses de la cité/Sand d’encre (2014), traduit de l’anglais (Irlande) par Santiago Artozqui.

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10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 11:46

Cela fait tellement longtemps que je lis les histoires de l’inspecteur Mendez de Francisco González Ledesma que j’ai l’impression qu’il doit avoir plus de 100 ans et que je me demande à chaque fois comment il trouve la force de continuer. Force est de constater qu’il est plus implacable que jamais dans Des morts bien pires.

Ledesma

Une jeune fille court, traquée par ceux qui l’ont amenée à Barcelone en lui faisant miroiter une vie meilleure. Mais elle ne court pas assez vite et est tuée, en même temps qu’une gamine qui a vu l’assassin. Deux meurtres qui rendent l’inspecteur Mendez fou de rage. Mais il n’est pas le seul. Une compagne d’infortune de la jeune femme, d’origine ukrainienne se révèle bien plus dangereuse que ce que croyaient ses tortionnaires. Et elle aussi est folle de rage. Dans les vieilles rues de Barcelone en constante évolution, une course s’engage, et bien malin qui saura dire qui est chasseur et qui est chassé.


A chaque nouveau titre on se demande si Ledesma et Mendez ont encore la pêche. A chaque nouveau titre on constate qu’il faut encore compter avec eux. Comme son créateur, Mendez regrette les vieilles rues, les relations entre les gens, la mémoire des luttes qui s’efface petit à petit.


Mais comme son créateur il sait aussi voir qui sont les nouvelles victimes, les nouveaux faibles sur qui s’exerce, toujours et encore la loi des plus forts. Et comme toujours Mendez traine, dans les bars les moins hygiéniques, auprès des vieilles putes et des anciens truands, dans les cours sombres promises à la démolition et les appartements qui ont gardé le souvenir des temps anciens.


Comme toujours il y a Barcelone, des femmes fortes, belles et émouvantes, des salauds que leur richesse place au dessus des lois, de toutes les lois sauf … celle de la rue, celle de Mendez.


Comme toujours on est accroché par l’histoire, par la ville, par les personnages. Comme toujours on referme ému, en ce demandant si, ce coup-ci, ce n’est pas le dernier Mendez …


Francisco González Ledesma / Des morts bien pires (Peores maneras de morir, 2013), Rivages/Thriller (2014), traduit de l’espagnol par Jean-Jacques et Marie-Neige Fleury.

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 00:19

Un nouveau roman de Thomas Cook, c’est toujours l’assurance d’un moment de finesse, de subtilité et d’humanité. Le dernier message de Sandrine Madison ne fait pas exception.

Cook

Sam Madison, professeur à l’université de la petite ville de Coburn, Géorgie est en mauvaise posture. Il se retrouve accusé du meurtre de sa femme, la belle Sandrine. Elle est morte une nuit, après avoir avalé une bonne dose de médicaments mélangés à de la vodka. Atteinte d’une maladie dégénérative, tout laisse penser qu’elle n’a pas voulu vivre la déchéance annoncée. Mais le procureur et le policier venu constater la mort sont persuadés que c’est son mari qui l’a empoissonnée. Et voici donc Sam devant un jury, obligé de voir son histoire et ses petits secrets révélés à tous, en essayant de surmonter la peine de la perte de cette femme qu’il a tant aimé.


Un chef d’œuvre de construction tout en subtilité. Thomas Cook mêle procès et souvenirs avec une fluidité impressionnante et, jusqu’à la toute fin, laisse le lecteur dans le doute. Sam est-il victime ou bourreau ? Est-il juste un peu minable ou vraiment machiavélique ? Et s’il est victime, de qui ? Autour de l’exercice imposé du roman de prétoire l’auteur tisse une toile aussi fine et légère que celle de l’araignée, mais également aussi implacable pour capturer le lecteur.


Et cette finesse dans la construction va de pair avec la subtilité dans l’analyse de l’évolution du couple de Sam et Sandrine, ainsi que dans celle de cette petite ville.


Thomas Cook est un grand humaniste, mais garde les yeux ouverts. Il aime les hommes tout en connaissant leurs travers. Il sait le côté étriqué, conservateur d’une petite ville du sud, mais arrive à nous faire sentir la noblesse et la dignité qu’elle peut aussi receler, et la grandeur qu’il peut y avoir à s’y intéresser.


On referme le roman en ayant l’impression d’avoir partagé un moment intense, d’avoir côtoyé des êtres humains, d’avoir un peu grandi. Comme Sandrine, magnifique personnage que l’on ne voit pourtant que par les yeux de ceux qui l’ont connue, il arrive à nous élever. Au moins le temps de la lecture.


Merci monsieur Thomas Cook.


Thomas H. Cook / Le dernier message de Sandrine Madison (Sandrine’s case, 2013), Seuil/Policiers (2014), traduit de l’américain par Philippe Loubat-Delranc.

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 18:03

Il y a quelques temps j’avais découvert Fiona Griffiths, flic à Cardiff créée par Harry Bingham. J’avais bien aimé et espéré lire une suite. Jusqu’à ce la mort les réunisse est cette suite. Elle confirme et renforce le bien que j’avais pensé du premier volume.

 

Bingham

En vidant le garage d’une vieille dame décédée récemment, les déménageurs ont la désagréable surprise de trouver une jambe chaussée dans un sac plastique. La recherche des personnes disparues et les analyses ADN permettent d’identifier la victime : une jeune étudiante qui arrondissait ses fins de mois dans les boites à striptease. Elle avait disparu cinq ans plus tôt. D’autre morceaux sont alors trouvés, mais quelques jours plus tard les policiers découvrent une main qui ne colle pas : une main d’homme. Celle-là appartient à un prof d’une école d’ingénieurs locale, disparu lui depuis moins d’une semaine.


Alors que les enquêteurs sur le pied de guerre cherchent du côté du crime sexuel, Fiona Griffiths est persuadée que la vérité est ailleurs. Contre l’avis de sa hiérarchie, elle démarre sa propre enquête, tout en essayant de se comporter « normalement » et en fouillant son passé pour essayer de comprendre qui elle est …


J’avais donc bien aimé le premier, je suis complètement convaincu par le second ! J’aime beaucoup ce mélange de « cousu main » britannique avec l’humour décalé qui vient de Fiona. Fiona qui, si vous vous en souvenez, a souffert d’une grave maladie psychologique et qui a beaucoup de mal à ressentir et à agir comme les autres. Fiona qui s’efforce, vraiment, d’être une bonne collègue, une bonne sœur, une bonne petite amie, une bonne future épouse ? Mais qui ne sait pas vraiment ce qu’il faut faire pour et tente de copier ce qu’elle comprend des actions des autres. Cette situation la rend à la fois très drôle, très caustique et très touchante. C’est la grande réussite de cet auteur.


A côté de ça, autre bizarrerie, son père fut l’un des parrains de la pègre de Cardiff, et elle a quelques amis pas piqués des hannetons. Donc il ne faut pas non plus trop la chercher … Ce qui rajoute du piquant à l’histoire, et donne une saveur originale et ma foi très agréable à ce qui ne serait sinon qu’un procédural de plus, fort bon mais classique.


Il y a donc ce plus, et un autre, car, comme pour le Michael Mention, si des phrases comme « Sauf qu’on n’est pas des cons. On fait un boulot honnête, pour un salaire acceptable. Ce n’est pas idiot, c’est responsable. C’est une attitude qui permet à la société de progresser. Il n’y a rien d’illégal dans la façon dont Prothero paie ses impôts, mais que quelqu’un qui gagne autant d’argent, et paie aussi peu d’impôts s’en foute encore plus dans les fouilles en vendant des armes à des dictateurs […] c’est un choix de vie ahurissant. » à propos d’un notable très respecté de Cardiff (mais il y en a des comme ça aussi chez nous non ?) ne font pas un bon roman, elles font plaisir quand elle arrivent comme une conclusion d’un roman déjà excellent.


Harry Bingham / Jusqu’à ce que la mort les réunisse (Love story, with murders, 2012), Presses de la cité/Sang d’encre (2014), traduit de l’anglais par Valérie Malfoy.

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 19:12

J’ai raté le précédent roman de Michaël Mention, Sale temps pour le pays. J’ai eu envie de le lire, je l’avais sous la main … Et puis noyé sous les bouquins, le temps qui passe. Je m’en voulais quand même un peu. D’autant plus qu’à l’automne dernier, à Toulouse, j’ai trouvé l’auteur très intéressant en débat, et, ce qui ne gâche rien, extrêmement sympathique. Donc je m’étais promis de ne pas rater le suivant, et j’ai tenu promesse. Je ne suis pas déçu, Adieu demain tient lui aussi toutes ses promesses.

Mention

Vingt ans après l’affaire de l’éventreur du Yorkshire un nouveau tueur en série sévit dans la région. Lui, c’est à l’arbalète qu’il assassine ses victimes. Mark Burstyn, devenu grand patron voit son cauchemar se répéter. Cette fois il est aidé d’un jeune flic très prometteur, Clarence Cooper, prêt à tout pour arrêter le tueur, même à infiltrer les groupes les plus étranges. Pendant ce temps, dans le pays, la peur s’installe.


La peur … c’est bien là le sujet central du roman. Sujet ô combien d’actualité, et pas seulement en Angleterre. La peur comme levier de pouvoir, la peur force de manipulation, la peur drogue aussi. Et la peur au final, comme moteur de toute la société.


Ne serait-ce que pour ça le roman est passionnant. Mais il a d’autres atouts. A commencer par une écriture et une construction et un découpage originaux qui donnent du rythme au récit. Un récit qui reste un polar, avec un suspense que l’auteur ne néglige jamais, avec des coups de théâtre, avec une angoisse qui monte.


Et puis il y a cette plongée progressive des personnages dans la folie et la peur, plongée oppressante qui culmine avec le chaos qui suit le 11 septembre. Cette montée est très bien orchestrée, avec une belle synchronisation entre le collectif et les histoires intimes et individuelles. Une vraie réussite.


Et puis, pourquoi le cacher, j’aime bien lire des choses comme «  Chaque jours, politiciens et media taperont sur l’Islam au lieu de crever le véritable abcès de l’Humanité : le Dieu Pognon qui depuis toujours spécule sur la misère et négocie les os de ses propres suppôts. Scandaleux ? Oui, mais pas autant que les mosquées et la viande hallal. Alors, les uns se dresseront face les autres. »


Je sais, cela ne fait pas un bon roman, mais quand cela vient en plus dans un bon roman, ça fait plaisir !


Michaël Mention / Adieu demain, Rivages/Noir (2014).

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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 14:20

Comme je l’écrivais il y a quelques jours, la période est aux pavés … Et entre deux pavés j’aime bien faire court. Ou très court en l’occurrence avec ce recueil de nouvelles de Marc Villard, Retour au magenta.

Villard

Moins de 150 pages et vingt nouvelles. Et toutes bonnes. Si j’avais des prétentions littéraires, ça m’agacerai cette facilité. Comme je ne suis que lecteur, cela m’enchante.


Il faut dire aussi, qu’avec son compère Jean-Bernard Pouy, Marc Villard est un des grands spécialistes de l’exercice. Ce recueil permet à ceux qui avaient raté sa première sortie en 98 au serpent à plumes (et c’est mon cas), de le vérifier une fois de plus.


Il est ici question d’amours déçues, de folie (souvent meurtrière), de femmes fatales, de musique, de vengeances qui se trompent de cible.


Il est surtout question d’êtres en perdition, au bord du gouffre, à la limite de la rupture, où qui ont déjà coulé.


C’est très fort d’arriver à faire vivre quelqu’un, raconter son histoire, ou plus souvent sa fin d’histoire comme ça, en quelques pages. Et de réussir avec ces quelques pages à lui donner une consistance, à prendre un cliché (le looser, l’amoureux qui coule à cause de Le Femme, le vengeur …), et à le transformer en un cliché griffé Marc Villard.


Certaines nouvelles sont drôles, d’un humour grinçant, certaines sont musicales, toutes sont noires, toutes sont belles. Un recueil à avoir sous la main, pour piocher, à l’envi.


Marc Villard / Retour au magenta, Rivages/Noir (2014).

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