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1 mars 2014 6 01 /03 /mars /2014 12:27

Putain et de deux ! Après le dernier Elmore Leonard, voici le dernier Dortmunder. On avait beau savoir que c’était la fin, c’est dur à admettre. C’est pourquoi cela faisait quelques jours que Top réalité de l’immense Donald Westlake trainait sur ma table de chevet sans que j’ose l’ouvrir.

Westlake

John Dortmunder vous connaissez forcément. Où alors c’est que vous êtes tombé ici en recherchant « baise dans une limousine à Nouille York » … Stan, le chauffeur de taxi, et de la bande, a une maman, chauffeur aussi. Un jour à l’aéroport, la maman embarque un réalisateur d’émissions de téléréalité en mal d’inspiration. Et vous savez comment sont les mamans, il faut toujours qu’elles vantent les mérites de leurs enfants. C’est comme ça que le réalisateur a une idée géniale : filmer un gang en vrai, pendant la préparation et la réalisation d’un casse. Et bien entendu, c’est la bande à John Dortmunder qui va officier. Vous imaginez bien que si John, Kelp, Tiny, Stan et Judson (le petit dernier) acceptent, c’est qu’ils ont une idée derrière la tête …


Il n’y a déjà pas grand monde qui pourrait avoir une idée aussi tordue et géniale. A ma connaissance, personne n’aurait pu la mener au bout. Encore moins avec cette élégance et ce brio.


Pour son dernier Dortmunder, Donald Westlake se paye les émissions de téléréalité, dont on apprend qu’elles ne doivent leur engouement auprès des « réalisateurs » que parce qu’elle permettent de ne pas payer des acteurs et scénaristes syndiqués. Vous connaissez tous le goût de John Dortmunder pour les gadgets du monde moderne, vous pouvez imaginer son regard sur la téléréalité.


De cette distance (entre autres) nait le comique. Comique renforcé par l’écart entre les incidents ridicules imaginés par l’équipe de l’émission pour rendre la téléréalité plus réelle que la réalité (vous suivez ?) et le professionnalisme de l’équipe de John. Renforcé aussi par des effets géniaux de comique de répétition, ou par la découverte qu’il suffit de planter, n’importe où, un comptoir de bar pour voir apparaître des clones des fameux habitués du OJ Bar&Grill.


Bref c’est génial, pour la dernière fois. Vous pouvez, si vous n’êtes pas convaincus, aller lire l’excellent billet de Yan. Et je conclurai en répétant ce que j’y écris dans les commentaires : JE VEUX PAS QUE CA S’ARRETE !


Donald Westlake / Top réalité (Get real, 2009), Rivages/Thriller (2014), traduit de l’américain par Pierre Bondil.

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 20:00

Demain je vous parle du dernier Dortmunder (snif !). Et il y a peu je reçois ça une pub de, tenez-vous bien : l’académie Balzac.

Si j’ai bien compris, mais je peux me tromper tellement ça me semble ahurissant, il s’agirait d’appliquer à l’écriture le principe de la téléréalité ? On va enfermer un certain nombre d’aspirants écrivains ensemble et les filmer 24/24 ? On va savoir ce qu’ils mangent, s’ils chient dur ou mou, et s’ils chient dans le trou … Puis sur ces critères hautement culturel on va les éliminer un par un ? et des gens vont regarder ?

Est-ce que j’hallucine ou est-ce bien de cela qu’il s’agit ?

Au moins avec ceux là on n’aura plus besoin de leur demander : « Et vous écrivez le matin ou l’après-midi ? Et vous écrivez avec le pied gauche ou le pied droit ? Et qu’est ce que vous mangez quand vous écrivez ? … »

Pis voyez, ils se mouchent pas dans les doigts ! l’Académie Balzac ! Rien de moins (même si je n’aime pas Balzac).

 

Bref, l’émission imaginée par le regretté Donald Westlake est peut-être pour bientôt.

 

Tant qu’on y est à bien se marrer, un petit exercice que je n’avais pas fait depuis longtemps, le recueil des recherches Gougueule qui ont abouti à actu du noir. Je précise que j’ai gardé l’aurtogaffe et la syntaxe d’origine :

 

En tête bien entendu le cul, avec toutes les demandes les plus imaginatives :

 

« baise d enfer avec chien » aboutit Les chiens de la nuit d’Enrique Medina. Grosse déception je suppose …

« africaine qui baise en foret » arrive je ne sais où … Mais pourquoi en forêt ?

« chef indien apache baise tres jeune gosse » Voilà une demande précise qui arrive sur mon article sur les westerns d’Elmore Leonard.

« fils capte sa mère en train de baiser » ploum ploum … devinez … Les arnaqueurs de Jim Thompson.

« blanche neige interdit au moins de 16 ans » arrivé je ne sais où.

« une ouvriere agrigole qui ce fait baiser » sic arrive de façon plus qu’étonnante sur le roman de Molfino, Monstres à l’état pur. Les mystères de Gougueule.

« histoire erotique neveu qui baise sa tante de 70ans » Là aussi c’est très précis.

Plus soft

« photos vacances bikinis a la mer par amateurs » arrive sur …. Les vacances d'un serial killer où l’incroyable mémé Cornemuse de Nadine Monfils.

Le plus mystérieux pour finir, quelqu’un aurait atterri chez moi en cherchant :

« jeu1dsc 3409 037 2016 »

Mystère et boule de gomme.

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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 23:09

On vient à peine de découvrir Edyr Augusto avec Belém, et hop, tout de suite, un autre. Il s’appelle Moscow. Il est court mais très serré. Noir et sans sucre (comme écrivait Emmanuelle Urien).

 

Augusto

Moscow est une île au large de Belém. Autrefois lieu de villégiature de la classe aisée, voire très aisée de la grande ville, depuis qu’un pont relie l’île au continent tout le monde vient y passer les week-ends et les vacances. Tinho et ses potes, Dinho, Quico et Brown vivent là pendant toutes les vacances. Ils vivent la nuit, violent et volent les couples de jeunes trouvés seuls, braquent les maisons sans surveillance (quitte à tuer les habitants qui ont le malheur de s’y trouver) … Bref rien ne les arrête dans leur exigence de plaisir immédiat.


Attention texte dérangeant. On n’est pas ici dans le Brésil du Futbol et du Corazão. Ni de la bossa ou de la samba. On est dans un univers proche du terrifiant O matador de Patricia Melo, ou du non moins terrifiant Pixote.


Texte dérangeant parce qu’il nous place dans la tête de Tinho, jeune homme qui ne vit que pour et au travers de ses pulsions. Il veut une chose, il la prend. Aucune limite, aucun sens moral. Lui et ses copains ne sont que pulsions et désirs, à assouvir sans délai, et sans qu’aucune considération puisse faire obstacle à leurs envies. Aucune construction morale ne les freine, aucun référentiel de valeurs pour s’opposer au désir brut.


Texte dérangeant parce que tout cela est raconté à plat, complètement à plat, sans effet, au travers des pensées du protagoniste. Aucun remord, aucun sentiment d’horreur, juste la rage si un de ses potes est victime de ce que lui fait subir aux autres.


Sur cette île baignée de soleil c’est glaçant. Et très bien fait : En quelques dizaines de pages tout est dit, très bien dit, on a pris le seau d’eau froide en pleine figure. Mais ce n’est peut-être pas à mettre entre toutes les mains …


Edyr Augusto / Moscow (Moscow, 2001), Asphalte (2014), traduit du portugais (Brésil) par Diniz Galhos.

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 22:55

Je ne connaissais pas du tout Warren Ellis, et j’ai commencé à lire du bien de son dernier roman traduit, Gun machine ici et là. Donc j’ai essayé. J’ai bien fait.

Ellis

John Tallow est flic à New York. Un flic de polar : célibataire, cynique, fatigué, pas loin de la dépression. Ce n’est pas la mort de son équipier, descendu devant ses yeux par un cinglé qui risque d’améliorer cet état de fait. Sauf que lors de la fusillade, le mur d’un appartement a été en partie détruit, et que de l’autre côté John découvre la collection de flingues la plus invraisemblable qui soit. Et qu’il s’avère que tous, sans exception, ont servi dans des affaires classées sans suite. John Tallow serait-il tombé, sans le savoir sur le serial killer le plus meurtrier de l’histoire de New York ? Toujours seul, uniquement aidé par deux allumés de la scientifique John Tallow va s’attaquer à des décennies de violence, de meurtre et de corruption.


Ca démarre comme un roman de serial killer de plus. Mais très vite on s’aperçoit qu’on a autre chose dans les mains. Parce qu’il y a une écriture. Parce qu’il y a des personnages extraordinaires (y compris le tueur), parce que l’auteur semble flirter en permanence avec le fantastique et/ou la folie, parce qu’il y a de l’humour.


Et surtout parce que sous les dehors d’une intrigue menée de main de maître qui va s’accélérant d’un bout à l’autre, mine de rien, c’est l’évolution d’une ville et de toute une époque que décrit l’auteur. Une époque où le fric est roi, où le discours libéral (le nouveau mot pour capitaliste) est tout puissant et omniprésent, une époque incapable de voir ses absurdités (comme de monopoliser tant de cerveaux pour accélérer les transactions boursières). Une époque où le privé prend le pas sur le bien public, où tout, absolument tout, est privatisable et privatisé petit à petit, jusqu’à la sécurité. A ce propos la scène qui voit les flics confrontés aux employés d’une société de sécurité privée est inoubliable.


Pour tout dire, on lit ce roman à toute vitesse, comme l’excellent thriller qu’il est, et ensuite on y pense longtemps, longtemps. Un vraie découverte pour moi.


Warren Ellis / Gun machine (Gun Machine, 2013), Le Masque (2014), traduit de l’anglais par Claire Breton.

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21 février 2014 5 21 /02 /février /2014 09:10

Cela faisait tellement longtemps qu’on n’en entendait plus parler que je croyais qu’il était mort, ou qu’il avait cessé d’écrire. Et voilà que rivages nous annonce l’excellente nouvelle : un nouveau roman de Wessel Ebershon, le grand auteur de polars de l’apartheid. Il revient et montre que son regard est toujours aussi acéré dans La tuerie d’octobre.

Ebershon

A quinze ans Abigail Bukula assiste à l’assassinat de ses parents dans une ferme du Lesoto. Tués avec d’autres militants anti apartheid par un commando des forces spéciales sud africaines. Elle ne doit la vie sauve qu’à l’intervention d’un jeune soldat du commando qui s’était interposé entre elle et son commandant.


Vingt ans plus tard, dans un pays qui vit des moments compliqués après les premières années d’euphorie démocratique, Abigail est une fonctionnaire en vue du ministère de la justice quand elle est contactée par Leon Lourens, son sauveur. Il vit chichement, sans plus aucun contact avec son passé, mais a quand même appris que les membres du commando se font tuer un après l’autre. Il demande de l’aide à Abigail, persuadé que c’est un vengeance du gouvernement. Pour l’aider, et affronter un passé qu’elle préfèrerait oublier Abigail va faire appel à un étrange personnage, ayant travaillé sous le régime précédent, le psychiatre des prisons Yudel Gordon.


« Vous voyez, Yudel. A Maseru, j’ai été sauvée par un homme bon qui défendait une mauvaise cause, et le lendemain, j’ai été délivrée par un homme mauvais qui se battait pour une bonne cause.

- Rien n’est jamais simple dans la vie. »


Voilà qui résume bien le propos du roman. Mais disons tout d’abord que Wessel Ebershon n’a rien perdu de son talent, de sa capacité à créer des personnages en leur donnant chair, et de prêter sa voix à ceux qui souffrent. Rien perdu non plus de sa capacité d’analyse et de son indignation face à l’injustice, la violence, et l’absurdité révoltante des abus de pouvoir.


Au premier degré, on a là un excellente polar, avec de beaux personnages et une très belle intrigue jusqu’aux ultimes révélations.


Et ce n’est pas tout. Wessel Ebershon est de toute évidence admiratif devant le chemin parcouru depuis l’arrivée au pouvoir de Mandela (qui fait d’ailleurs un passage bref mais remarqué dans son roman), mais lucide sur les travers de la société sud-africaine, sur la corruption, sur l’entente entre les anciens maîtres qui ont négocié pour garder le pouvoir économique, et les nouveaux arrivants plus préoccupés de se tailler une part de gâteau que de répartir la richesse. Cela donne droit à quelques scènes à la fois drôle et révoltantes.


Et puis, comme ce qu’on peut lire dans les romans irlandais actuels, il revient sur la vision manichéenne engendrée par les moments de lutte : non tous les combattants anti-apartheid n’étaient pas animés des meilleures intentions, non la violence de certains n’a pas disparue une fois le combat terminé, non, ce n’est pas parce qu’on est dans « le bon camp » qu’on est forcément quelqu’un de recommandable …


S’ajoutent ici quelques touches d’humour fort bienvenues (surtout dans les relations de Yudel au monde qui l’entoure) dont je n’avais pas souvenir dans ses précédents romans. Soit elles n’y étaient pas, soit elles ont été effacées de ma mémoire par la force de certaines scènes insoutenables.


Pour finir, une seule chose : faites à ce nouveau roman l’accueil qu’il mérite, faites-en la meilleure vente de l’année, et profitez-en pour lire ou relire ses romans précédents.


Wessel Ebershon / La tuerie d’octobre (The october killings, 2010), Rivages/Noir (2014), traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Fabienne Duvigneau.

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20 février 2014 4 20 /02 /février /2014 19:26

Cela n’a rien à voir avec le polar, mais c’est tellement génial que je dois le partager avec vous.

C’est un copain musicien qui m’a envoyé ce lien.

 

Un cours de musique à l’usage de tous les musiciens de musiques improvisées (jazz, rock, soul, funk etc …) et à l’intention des bassistes en particulier, mais franchement, je ne suis pas bassiste et j’ai trouvé ça absolument passionnant, et même si c’est une master class à destination de très bons musicos, tout le monde peut en retirer quelque chose.

 

C’est un cours de Victor Wooten, c’est en anglais (très clair) sous-titré en espagnol.

 

Vous allez me maudire parce que vous allez y passer des soirées, vous coucher tard, être fatigués le lendemain. Trois heures pour la première vidéo, un peu plus d’une heure pour la seconde. A regarder en boucle et surtout à montrer à tous les profs de musique de France et de Navarre, en particulier dans quelques écoles de musique et conservatoires bien rigides et pisse-froids, et j’en connais.

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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 22:42

Un road book à la française, en Corse. Allons-y. C’est Petite louve de Marie Van Moere.

 

Van Moere

Une mère et sa fille, douze ans, en cavale. La fille a été violée, le coupable libéré, erreur administrative. La mère avait promis de ne pas pardonner, elle a tenu parole. Peu de jour après sa libération elle a tué et enterré le violeur. Mais l’homme vient d’une famille de truands, des gitans qui ne pardonnent pas. Alors la mère et la fille sont en cavale, et elles ont choisi de se planquer en Corse. Elles sont proies, elles pourraient devenir chasseuses.


« Dans son premier roman elle soulève des questions qui survivent à la lecture » dit la quatrième de couverture. C’est peut-être mettre un bien gros poids sur les épaules de ce premier roman. Et ce serait dommage de passer à côté parce qu’on en attend trop.


Dans un genre totalement différent, je serais tenté d’en dire autant (mais pas plus) de bien que du récent roman sur Notre-Dame : Bien écrit, bien raconté, bon sens du suspense et de la construction, une Corse très bien évoquée, qui donne envie d’y aller pour les odeurs, les bruits, les sentiers, la vue sur la mer soudain révélée …


Et tout ça, avec du rythme, et sans en faire des tonnes. Une bonne construction en alternance entre les différents protagonistes qui permet de faire monter le suspense, des relations mère/fille bien croquées.


Donc un premier roman qui se lit avec plaisir et qui laisse présager de bien belles choses par la suite.


Marie Van Moere / Petite louve, La manufacture des livres (2014).

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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 10:09

Les amateurs de polar, et en particulier de polar social commencent à connaître Larry Fondation. Il s’est fait connaître ici avec deux recueils de textes très courts, Sur les nerfs et Criminels ordinaires. Je me demandais dans ma chronique sur ce dernier, ce que donnerait cet auteur en passant à un format plus long. Dans la dèche à Los Angeles répond en partie à cette question.

 

 

 

Fondation

Fish, Soap et Bonds sont potes. Ils vivent dans la rue à Los Angeles. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Avant, Bonds avait un restaurant qui a mis la clé sous la porte quand sa clientèle (des ouvriers de General Motors) s’est retrouvée au chômage. Soap a été mariée trois fois, avant un dernier divorce qui l’a mise à la rue. Fish on ne sait pas trop. Les trois sont copains, partagent le mauvais alcool, les squats, les rares chambres d’hôtel, quelques bons plans, beaucoup de galères. Quoiqu’il arrive, ils ne se séparent jamais.


Dans la dèche à Los Angeles répond donc en partie à cette question.


Il y répond parce qu’il a un fil conducteur et que l’auteur nous fais suivre ces trois personnages tout au long du roman. En partie parce qu’il se présente comme une succession de scènes très courtes, comme autant de fragments de vie. C’est, pour ce qu’on peut en juger en France, la façon qu’a choisi Larry Fondation pour « faire long ».


Mais finalement est-ce si important ? Ce qui compte c’est qu’une fois de plus Larry Fondation fait mouche, et qu’il va même sans doute accrocher avec ce livre des lecteurs qui auraient pu être un peu largués par les deux précédents recueils qui, il faut l’avouer, n’étaient pas toujours d’un abord très aimable et facile.


Comme dit la grande Tina dans sa version de Proud Mary, « we never do nothing nice and easy, so we will do it nice and ROUGH ».

 

 

 

 


En suivant ces trois paumés auxquels on s’attache immédiatement, Larry Fondation offre au lecteur un point d’accroche qu’il lui refusait dans ses précédents textes. Il est très facile, ici, de se sentir proche de Fish, Soap et Bonds, qui ont été « comme nous », qui aspirent finalement aux mêmes choses que nous (un toit, un peu de plaisir et de bonheur, un coup à boire avec les potes, un peu d’amour et d’amitié, quelqu’un à qui parler …) et pour qui c’est juste plus dur parce qu’un hasard de la vie les a jetés à la rue.


C’est d’autant plus facile que, comme dans ses textes précédents, Larry Fondation ne fait pas dans le larmoyant. Pas de pathos, pas de pitié mal placée, mais une grande humanité, de la clairvoyance, de la tendresse, de l’humour et une capacité impressionnante à donner une voix à ces personnages.


On les entend, on les voit, ça sonne juste, c’est drôle, révoltant, émouvant, rageant … c’est beau.


Larry Fondation / Dans la dèche à Los Angeles (Fish, Soap and Bonds, 2007), Fayard (2014), traduit de l’américain par Alexandre Thiltges.

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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 08:22

Un nouvel auteur français qui s’attaque à Notre-Dame immortalisée … mais non, pas par Disney bande d’ignares ! Bref, ça se regarde de près. C’est donc La madone de Notre-Dame, d’Alexis Ragougneau.

 

Ragougneau

Au lendemain des processions du 15 août les premiers touristes qui visitent Notre-Dame font une découverte macabre : la belle jeune femme, sur le banc, court vêtue de blanc, n’est pas en admiration béate devant la statue de la vierge, elle est morte ! Très vite la police arrête un coupable tout désigné : un jeune homme fragile psychologiquement qui fait une fixation un rien louche sur le Vierge et qui a agressé la jeune femme la veille pendant la procession de la statue de Marie dans Paris. Mais le père Kern, prêtre l’été à la cathédrale pense que l’enquête fait fausse route. C’est Kristof, un clodo polonais habitué des lieux qui le lui a dit …


Sans crier au génie et à la révélation du siècle, franchement, si vous voulez lire un bon polar français, bien écrit, avec une intrigue soignée n’hésitez pas, vous allez vous faire plaisir. En plus Alexis Ragougneau ne se croit pas obligé de faire étalage de son savoir-faire et de ses savoirs et de nous infliger le classique pavé de 600 pages. Non, c’est réglé, et fort bien réglé en 200 pages sans une de trop.


Autant dire que c’est un très joli coup d’essai. En prime, vous avez une intéressante visite d’un des monuments les plus connus de France, une visite de l’intérieur, et également un hommage bien dosé (ni pastiche, ni lourdingue, épicé comme il faut) au grand Hugo. Et oui, lisez, vous verrez, on ne peut s’empêcher de jouer à faire des parallèles entre les personnages de la madone et les intemporels Esmeralda, Quasimodo, le capitaine Phoebus, l’abominable Frollo etc …


C’est bien écrit, bien construit, et très distrayant. Un vrai plaisir.


Alexis Ragougneau / La madone de Notre-Dame, Viviane Hamy (2014).

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 22:45

Ca y est, ce coup-ci c’est bien le dernier. Il ne nous restera plus que nos yeux pour pleurer, et sans doute quelques rééditions bienvenues. Et puis on pourra relire. Relire tout Elmore Leonard (ou presque) dont Raylan est donc le dernier roman.

Leonard

Raylan est marshal dans le Kentucky. Un marshal à la Elmore Leonard : cool, la réplique qui tue, et le pistolet fatal. Comme il le dit : « Ecoute, si je le sors, je te mets une balle dans le cœur avant que t’aies pu dégainer le tien. » Et il va avoir besoin de tout son sang froid pour affronter une psychopathe qui vole les reins des gens, une compagnie minière que les scrupules n’étouffent pas et quelques truands bas de front mais méchants comme des teignes.


Oui c’est vrai, on n’est sans doute pas à la hauteur des meilleurs Elmore Leonard. C’est surtout la construction qui est un poil tirée par les cheveux, l’auteur voulant rassembler trois histoires qui n’ont quasiment que leur protagoniste principal comme lien.


Mais une fois ceci dit, si on considère que l’on a trois novellas, tout le reste c’est du grand Leonard. Avec un héros comme plus personne ne pourra en utiliser sans se faire accuser de plagiat tant cet archétype du super cool, qu’il soit truand, voleur, flic ou autre est la marque de fabrique du grand Elmore.


Avec des femmes fortes, très fortes, et même ici, ce qui est plus rare, deux salopes (je m’excuse pour le terme, mais je n’en vois pas de plus approprié) étincelantes qui resteront dans les mémoires ! C’est qu’elles sont intelligentes, cools et méchantes comme la gale ces deux femmes ! Elles sont d’autant plus éclatantes, que certains des truands qui les accompagnent sont bien dans le moule Leonard eux aussi : affreux, sales et méchants … Et surtout très bêtes. Mais il y a aussi « en face », de sacrés portraits de femmes, fortes, intransigeantes sur leurs valeurs, droites dans leurs bottes, de tous âges et de toutes conditions.


Et comme toujours, pas un mot en trop, pas un jugement de valeur, juste de l’action, des dialogues d’anthologie, des scènes au rythme parfaitement maîtrisé, et en prime, chose plutôt rare chez Elmore Leonard, la critique sans pitié des mœurs prédatrices de certaines compagnies minières. Une critique qui n’arrive sans doute pas par hasard dans des US où l’extraction du gaz de schiste a dévasté des régions entières … Le tout, bien entendu, sous forme de dialogues étincelants.


Décidément, nous allons vous regretter longtemps Monsieur Leonard.


Elmore Leonard / Raylan (Raylan, 2012), Rivages/Thriller (2014), traduit de l’américain par Pierre Bondil.

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