Après La route, il fallait bien trouver un petit quelque chose pour me détendre. J’en ai trouvé deux. Un délicieux recueil de nouvelles d’Elmore Leonard dont je vous causerai très bientôt, et ce machin inclassable : Les aventures miraculeuses de Pomponius Flatus, d’Eduardo Mendoza (rien que le titre déjà !)
Pomponius Flatus est un chercheur, un philosophe doublé d’un scientifique. Il croit en l’expérimentation. Ayant entendu parler d’un fleuve dont les eaux miraculeuses rendent sage, il parcourt les provinces de l’empire romain à sa recherche. A ce jour il n’a récolté qu’une diarrhée persistante et salement handicapante. Pour comble, il est sans le sou. C’est pourquoi il accepte la proposition du petit Jésus, gamin déluré qui lui demande, en échange de quelques sous, de prouver que son charpentier de père est innocent du meurtre d’un riche marchand de Nazareth dont on l’accuse.
N’ayez crainte, je ne me suis pas converti aux Davincicoderies, ni à la recherche du Graal ou du trésor des templiers. Ceux qui connaissent Eduardo Mendoza savent qu’il y a deux sortes de romans dans son œuvre : les sérieux comme La ville des prodiges, La vérité sur l’affaire Savolta ou L’année du déluge, et les moins sérieux, comme Sans nouvelles de Gurb ou Le Mystère de la crypte ensorcelée. Les moins sérieux étant en général complètement loufoques.
Devinez à quelle catégorie appartient celui-ci ? Gagné.
Même si certains personnages et situations sont historiques, ne cherchez pas ici un roman à clés ésotérique, de grandes révélations sur la naissance du christianisme, ou un roman historique archi documenté. Non, vous avez un peu de plus de 200 pages de franche rigolade, qui ne respecte rien ni personne, et surtout pas la religion (ou plutôt, les religions), et encore moins les prêtres de toutes obédiences.
Mendoza s’amuse, fait paraître bien des personnages que nous connaissons tous, s’amuse à les faire discourir de façon pompeuse et ridicule, passe du style conte philosophique à celui du roman de détection, toujours avec un sourire en coin. Mendoza s’amuse de tout, et nous avec.
Et c’est très bien comme ça, même (et surtout) si ça va sans doute faire grincer les dents des pisse-froid, raidis du culte, fanatiques de la Sainte Sandale, adorateurs de la Relique Miraculeuse et autres censeurs.
Eduardo Mendoza / Les aventures miraculeuses de Pomponius Flatus, (El asombroso viaje de Pomponio Flato, 2008) Seuil (2009), traduit de l’espagnol par François Maspero.