J’avais beaucoup aimé les deux romans précédents de Peter Temple, deux romans très différents dans leur trame et dans leur écriture, Séquelles ancré dans une Australie froide et pluvieuse comme on la connait peu par ici, et Un monde sous surveillance qui nous balade dans le monde entier au rythme d’un thriller paranoïaque. Je me demandais donc ce que nous réservait Vérité. Un mélange des deux. Malheureusement pour moi, un mélange que j’ai moins apprécié …
Melbourne, dans la chaleur torride de l’été australien. Le commissaire Villani depuis peu à la tête de la Brigade des Homicides est appelé dans une chambre d’un immeuble grand luxe : le corps sans vie d’une jeune femme dénudée a été retrouvé. Scandale, l’immeuble, dernier cri de la sécurité totale ne peut pas avoir été le théâtre d’une telle violence. Les pressions au plus haut niveau commencent à se faire sentir pour étouffer l’affaire.
Quand trois nouveaux cadavres, de trois hommes qui ont été torturés, sont retrouvés dans un hangar de la ville. Alors qu’il s’inquiète pour son père resté dans sa ferme menacée par des incendies, et pour sa fille la plus jeune qui sombre dans le drogue, Villani va devoir démêler une pelote de fils qui touchent les échelons les plus haut placés du monde de la politique, de l’économie … et de la police.
Un. Pourquoi un mélange des deux. Parce qu’on est très ancré dans le pays, ici à Melbourne. Parce ce que la corruption, de la police, du monde politique, de la justice, les collusions avec le monde économique sont au centre du propos. Comme dans Séquelles. Parce que le rythme est celui du thriller, avec des scènes d’action dans lesquelles l’auteur manie le rythme d’écriture en maître, donnant l’impression au lecteur qu’il lit de plus en plus vite, de plus en plus fébrilement. Comme dans Un monde sous surveillance.
Deux. Pourquoi suis-je en partie déçu ? Parce que malgré ses évidentes qualités (voir ci-dessus), la mayonnaise ne prend pas tout le temps. Parce que l’intrigue avance à coup d’intuitions de génie de Villani qui restent fort énigmatiques pour le lecteur, et qu’une fois ça va, mais là ça se répète une peu ; parce que le coupable tombe du ciel ; parce qu’à force d’ellipses, de raccourcis et de multiplication des personnages le lecteur se perd, un peu, beaucoup, à la folie … Dans un autre roman ça peut passer, mais pas dans un thriller.
Pourtant la quatrième de couverture fait état d’un prix prestigieux pour ce roman. Alors est-il plus clair pour les australiens ? Etais-je fatigué ? Y a-t-il un problème de traduction ? Mystère qui ne sera peut-être jamais résolu.
Peter Temple / Vérité (Truth, 1998), Rivages/Thriller (2012), traduit de l’australien par Simon Baril.