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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 22:51

J’étais passé complètement à côté du premier roman traduit de Carlos Zanón. Impossible de le terminer, et pourtant j’en avais entendu dire beaucoup de bien. Mais je suis têtu, donc j’ai insisté avec le second N’appelle pas à la maison.

Zanon

Bruno, Cristian et Raquel vivent d’arnaques minables et squattent à droite et à gauche. Ils gagnent essentiellement de quoi boire et se shooter en faisant chanter les couples illégitimes qu’ils surprennent dans les hôtels des quartiers excentrés de Barcelone.


Merche et Max sont amants. Max est divorcé et travaille dans une boite d’assurances, Merche est toujours avec son mari, artisan. Leur route va croiser celle du trio. Et rien ne va se passer comme prévu.


Cette fois je suis allé au bout, mais je crois qu’il faut que je me fasse une raison, Carlos Zanón c’est surement très bien, mais ce n’est pas mon univers littéraire. C’est simple, je n’arrive pas à m’intéresser aux histoires de ses personnages. Du coup, je trouve que ça traine, ma lecture elle-même trainasse, et même en reconnaissant la qualité de l’écriture et de la peinture d’une Barcelone peu connue, loin des ramblas, des touristes et de la mer, je m’ennuie.


Pourtant elle est bien décrite cette Espagne en pleine crise, où les files aux soupes populaires s’allongent, où les valeurs se diluent dans la misère, financière et culturelle. Pourtant ce sont des thèmes classiques du polar que ceux de l’adultère, de la jalousie et du chantage … Pourtant.


Pourtant, malgré un final fort et très bien maîtrisé qui a réussi à m’accrocher, enfin, rien à faire, je n’arrive pas à m’intéresser à ses tristes histoires d’amour. Ce n’est pas la faute de l’auteur, peut-être la mienne, ou une alchimie qui ne fonctionne pas.


Pour l’avis de quelqu’un qui aime, c’est chez Yan.

Carlos Zanón / N’appelle pas à la maison (No llames a casa, 2012), Asphalte (2014), traduit de l’espagnol par Adrien Bagarry.

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10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 11:46

Cela fait tellement longtemps que je lis les histoires de l’inspecteur Mendez de Francisco González Ledesma que j’ai l’impression qu’il doit avoir plus de 100 ans et que je me demande à chaque fois comment il trouve la force de continuer. Force est de constater qu’il est plus implacable que jamais dans Des morts bien pires.

Ledesma

Une jeune fille court, traquée par ceux qui l’ont amenée à Barcelone en lui faisant miroiter une vie meilleure. Mais elle ne court pas assez vite et est tuée, en même temps qu’une gamine qui a vu l’assassin. Deux meurtres qui rendent l’inspecteur Mendez fou de rage. Mais il n’est pas le seul. Une compagne d’infortune de la jeune femme, d’origine ukrainienne se révèle bien plus dangereuse que ce que croyaient ses tortionnaires. Et elle aussi est folle de rage. Dans les vieilles rues de Barcelone en constante évolution, une course s’engage, et bien malin qui saura dire qui est chasseur et qui est chassé.


A chaque nouveau titre on se demande si Ledesma et Mendez ont encore la pêche. A chaque nouveau titre on constate qu’il faut encore compter avec eux. Comme son créateur, Mendez regrette les vieilles rues, les relations entre les gens, la mémoire des luttes qui s’efface petit à petit.


Mais comme son créateur il sait aussi voir qui sont les nouvelles victimes, les nouveaux faibles sur qui s’exerce, toujours et encore la loi des plus forts. Et comme toujours Mendez traine, dans les bars les moins hygiéniques, auprès des vieilles putes et des anciens truands, dans les cours sombres promises à la démolition et les appartements qui ont gardé le souvenir des temps anciens.


Comme toujours il y a Barcelone, des femmes fortes, belles et émouvantes, des salauds que leur richesse place au dessus des lois, de toutes les lois sauf … celle de la rue, celle de Mendez.


Comme toujours on est accroché par l’histoire, par la ville, par les personnages. Comme toujours on referme ému, en ce demandant si, ce coup-ci, ce n’est pas le dernier Mendez …


Francisco González Ledesma / Des morts bien pires (Peores maneras de morir, 2013), Rivages/Thriller (2014), traduit de l’espagnol par Jean-Jacques et Marie-Neige Fleury.

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22 janvier 2014 3 22 /01 /janvier /2014 22:44

Vous avez dû commencer à en entendre parler. Un nouvel espagnol, Rafael Reig, chez Métailié dont le premier roman Ce qui n’est pas écrit semble faire l’unanimité. Je ne pouvais pas rater ça.

Reig

Carlos et Carmen sont divorcés. Lui est un écrivain raté, elle travaille dans une maison d’édition. Ce week-end, le père emmène leur fils, Jorge, quatorze ans, pour une rando en montagne. Il espère ainsi renouer des liens qui se sont distendus, Jorge vivant tout le temps avec sa mère. Au moment de partir il laisse Carmen un manuscrit, celui du grand roman qu’il a toujours voulu écrire. Stressée de rester d’être séparée de son fils, Carmen commence à lire, et trouve d’étranges résonnances entre le polar sanglant et malsain écrit par Carlos et leur ancienne vie commune. Incapable de joindre le père et le fils dont les téléphones restent muets, elle commence à craindre pour la vie de Jorge. Alors que sur la montagne le temps se gâte et que les relations père-fils ne sont pas au beau fixe, l’inquiétude de la mère grandit …


Ce qui n’est pas écrit est un roman brillant. La construction, entre le roman dans le roman, l’angoisse de la mère restée à Madrid, et la détérioration des relations entre père et fils est à la fois subtile et très forte.


L’analyse et le rendu par l’écriture des difficultés de relations entre les trois protagonistes (et même avec quelques personnages secondaires) sont criants de vérité : Tout le monde y reconnaîtra, dans une moindre mesure j’espère, les difficultés qu’il rencontre tous les jours avec ses collègues, son conjoint, ses parents ou ses gamins. Les frustrations des personnages, et plus particulièrement du père, du fils et (non, pas du saint esprit) du personnage de fiction imaginé par le père sont très bien rendues.


Roman brillant donc … Mais pour un peu trop froid pour que je sois complètement enthousiaste. Que voulez-vous je suis resté un peu naïf. J’aime, dans les polars les plus noirs, avoir un personnage, même (ou surtout) un raté, un paumé ou un looser magnifique, mais un personnage pour continuer à croire en l’humanité. Un Jack Taylor, un Dave Robicheaux, deux pantins qui se prennent pour Butch Cassidy et le kid … Enfin au moins un personnage que l’auteur aime bien. Ou alors de l’humour. Et là rien de tout ça.


C’est brillant, les individus sont très bien dépeints, mais chacun n’est intéressé que par sa toute petite personne et ça manque d’humanité. C’est très certainement voulu, c’est très certainement représentatif de notre monde (ou au moins d’une partie de notre monde) je suis admiratif, mais je reste froid. Et du coup le suspense final (parfaitement mené, rien à dire) ne m’a pas bouleversé.


Etrange non ? Et vous ?


Rafael Reig / Ce qui n’est pas écrit (lo que no está escrito, 2012), Métailié/Noir (2014), traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse.

 

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 22:47

 

Après Le prix de mon père, voici donc le second roman publié en France de l’espagnol (basque) Willy Uribe. Avec Nous avons aimé, il nous fait voyager de Bilbao au sud du Maroc.

 

 

Uribe

Eder est riche, Sergio est pauvre. Les deux sont jeunes, surfeurs, les deux sont de Bilbao. Leur relation est malsaine dès le départ : Sa richesse permet à Eder d’avoir systématiquement le dessus et de décider de tout. C’est donc lui, un beau matin du début des années 80, qui décide de partir pour le Maroc et les vagues mythifiées du grand sud. Comme toujours Sergio va suivre, même s’il se doute qu’il ne sera pas uniquement question de surf, et qu’il est parti pour être le dindon de la farce. Et le voyage dégénère …


Je ne vais pas crier au chef-d’œuvre de l’année, mais je ne vais pas non plus bouder mon plaisir. Si les références à Thompson et Goodis m’avaient semblée un peu écrasantes pour le précédent roman, je trouve plus d’accents Thompsoniens dans celui-ci, même si on n’atteint pas non plus la puissance et la noirceur de ce grand ancien.


N’empêche qu’il est fort bien mené ce roman qui arrive à instiller petit à petit des zones d’ombre et des drames en préparation dans un récit de ce qui pourrait être le récit picaresque et détendu de la virée sérieusement alcoolisée et enfumée de deux potes surfeurs.


La tension monte, inexorablement, jusqu’à une première explosion, et le regard du lecteur sur les personnages, et en particulier sur le narrateur va changer, sans qu’il s’en rende compte, jusqu’à un final étonnant. Un narrateur qui se révèle alors fort Thompsonien … Mais je n’en dirai pas plus.


Si un peu plus quand même … Sans discours, sans démonstration et sans prêche, l’auteur démonte le mécanisme de perversion de deux jeunes, au départ pas forcément plus méchants que d’autres, qui finissent par tuer juste par lâcheté, par manque de valeurs et de repères moraux, par individualisme, égoïsme …


Bref une dérive géographique et morale fort bien orchestrée.


Willy Uribe / Nous avons aimé (Los que hemos amado, 2011), Rivages/Noir (2013), traduit de l’espagnol par Claude Bleton.

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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 12:07

Après son premier roman très remarqué, Victor del Arbol revient avec La maison des chagrins. Moins historique (quoique …), mais toujours aussi dense.

Del Arbol

Eduardo est un homme détruit. Peintre de renom, il a tout perdu quand un chauffard a percuté sa voiture, tuant sa femme et sa fille. Après des semaines à l’hôpital, il a retrouvé l’homme et l’a tué. Ce qui lui a valu quatorze ans de prison. Il survit maintenant, entre l’alcool, les médicaments que lui prescrit sa psychiatre, et quelques peintures de commande. Jusqu’au jour où la galeriste qui le maintient vaguement à flot lui transmet une étrange demande : Une femme, violoniste célèbre, veut qu’il peigne le portrait de l’homme qui a tué son fils dans un accident de voiture. Sans trop savoir pourquoi Eduardo accepte et ouvre la boite de Pandore. L’ouragan de haine et de vengeance qui s’en échappe emportera tout sur son passage.


Victor del Arbol confirme avec ce roman les belles qualités de son roman précédent. Sans révolutionner le genre il livre un solide roman noir. Un roman très dense, long sans jamais tirer à la ligne, pas le genre qui se lit par petits bouts en étant interrompu tout le temps, ou en pensant à autre chose, mais le petit effort consenti est amplement récompensé.


Une fois de plus, tous ses personnages sont lacérés par la vie et prêt à basculer dans la folie ou l’horreur, quand ce n’est pas déjà fait. Si le contexte historique est un peu moins présent que dans la Tristesse du samouraï, il est quand même là, en toile de fond, et ce sont bien les violences de l’histoire (de la guerre d’Algérie à la seconde guerre mondiale, en passant par les dictatures sud américaines) qui, dans bien des cas, ont fait des personnages ce qu’ils sont.


Au delà de ce contexte, la construction est remarquable. Une spirale de haine et de vengeance, un tourbillon que le lecteur découvre peu à peu, un labyrinthe qui ramène finalement tout le monde au point de départ. La construction est vraiment étonnante, virtuose, et réserve au lecteur quelques coups de théâtre que je me garderai bien de révéler.


Un auteur à suivre décidément, que les lecteurs toulousains pourront venir rencontrer dans les jours qui viennent (je vous en reparle, promis).


Victor del Arbol / La maison des chagrins (Respirar por la herida, 2013), Actes Noirs (2013), traduit de l’espagnol par Claude Bleton.

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 12:22

C’est un lecteur attentif qui m’a signalé la sortie du dernier roman d’Eduardo Mendoza, La grande embrouille, que j’avais complètement laissé passer. Une aventure de son détective – coiffeur – fou dans la Barcelone d’aujourd’hui, voilà qui s’impose après la lecture du roman d’Antoine Chainas.

Mendoza

Où l’on retrouve donc le détective sans nom, mais non sans particularités du Mystère de la crypte ensorcelée, du Labyrinthe aux olives et de L’artiste des dames.


Pour ceux qui ne le connaissent pas, je conseille d’aller voir le lien ci-dessus qui m’évite de me répéter … Notre narrateur est donc coiffeur, il fait chaud, très chaud l’été à Barcelone, les affaires de son salon ne sont pas brillantes, seul le bazar en face de chez lui, qui vend des machins en plastique à 2 euros semble marcher (et oui, en Espagne tout le monde le sait, c’est la crise).


C’est dans ces circonstances qu’il rencontre le Beau Romulo qu’il a connu quand il était logé à l’asile. Beau certes, mais aussi un peu con, spécialiste de plans foireux qui le ramènent systématiquement en prison. Ce qui n’empêche pas notre ami de l’admirer pour sa prestance et son esprit d’initiative, et d’accepter de se lancer à sa recherche quand une gamine vient, en pleur, lui dire qu’il a disparu.


C’est bien entendu le début d’une enquête riche en rebondissements qu’il va mener avec l’aide d’une statue vivante spécialisée dans une obscure reine portugaise, d’un africain albinos, d’une accordéoniste calamiteuse, ex agente du KGB et quelques autres comparses tout aussi cintrés que lui.


Amis trop cartésiens, amateurs d’intrigues où le moindre détail est pensé et ou les chaussetrappes sont millimétrées, passez votre chemin. Amateurs exclusifs d’écrits neurasthéniques autocentrés, pisse-froids, pisse-vinaigres, amateurs éclairés de grande littérature qui aborde de grands thèmes de façons sérieuse, forcément sérieuse, itou. Eduardo Mendoza s’amuse, délire sans barrières et sans censure grâce à son narrateur qui porte sur notre monde un regard qui, pour être décalé, fou et hilarant, n’en est pas moins incisif.


Alors certes, on peut trouver qu’il y a moins de rythme que dans les premiers, que le délire s’assagit un brin, que ceci et que cela, n’empêche au second chapitre j’avais déjà éclaté de rire et certaines scènes resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Ne serait-ce que pour ça, je conseille la lecture de La grande embrouille, qui peut se lire absolument indépendamment des autres volumes, mais qui vous donnera sans doute envie de les découvrir, si vous ne les connaissez pas déjà.


Eduardo Mendoza / La grande embrouille (El enredo de la bolsa y la vida, 2012), Seuil (2013), traduit de l’espagnol par François Maspero.

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 00:13

Juan Bas est un auteur originaire de Bilbao dont j’avais découvert, il y a maintenant pas mal de temps Scorpions pressés, parus à la série noire. Il y révélait un goût certain pour la cuisine (et même la grande cuisine) et une dent très dure envers l’ETA. Plus débridé, voire carrément déjanté, Vade retro Dimitri est quand même dans la continuité.

Bas

Pacho Murga c’est retrouvé, pour une raison qui ne sera jamais vraiment révélée, en taule aux Canaries. Il s’y trouve en même temps que Dimitri Urroz, mafieux moscovite mais aussi navarrais (il faut lire pour comprendre) à qui il sauve la vie par le plus grand des hasards. Un hasard qui ressemble, au départ, à un conte de fées, tant l’amitié de Dimitri le fait entrer dans un monde de luxe extravagant où tout est permis. Mais le conte de fée tourne vite au conte d’ogre et le pauvre Pacho se trouve plongé dans un monde de psychopathes sans règles et sans la moindre barrière morale.


Je ne vais pas vous mentir en prétendant que c’est le roman de l’année. Ni même du mois. L’auteur s’emballe souvent dans des diatribes certes enthousiastes et enlevées, mais parfois un rien discutables. Quand il s’en prend à l’opus dei et au clergé espagnol, on ne peut qu’applaudir à deux mains. Quand il prétend que tous les navarrais, ou tous les habitants de Bilbao, ou tous les ce qu’on veut de tel ou tel endroit sont des cons arriérés, on peut comprendre une rancœur née de l’expérience, mais regretter une généralisation un poil hâtive. Entrer à l’Opus Dei est un choix conscient, être navarrais est un hasard …


Ceci dit, ces restrictions mises à part, il faut reconnaitre que l’auteur a une écriture qui agace parfois (recours un peu systématique et artificiel à la métaphore qui tue), mais qui dans l’ensemble possède une vraie énergie. Et sa sensualité dans la description des plats et des plaisirs de la  bouche (plus que dans ceux du sexe), emporte l’adhésion.


Et le final, particulièrement fort, gomme en grande partie les défauts du roman et emporte le lecteur dans un tourbillon bigger than life. Au final, j’aurais plutôt tendance à vous conseiller de découvrir cet auteur que vous avez sans doute raté il y a déjà quelques temps lors de son précédent roman. Et puis c’est sans doute un exemplaire unique : un polar basco-russe.


Juan Bas / Vade retro Dimitri (Ostras para Dimitri, 2012), Rouergue Noir (2013), traduit de l’espagnol par Karine Louesdon et José María Ruiz-Funes Torres.

 

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1 juillet 2013 1 01 /07 /juillet /2013 21:51

Suso de Toro est un auteur espagnol très discret. Du moins en France où Ambulance vient de sortir chez Rivages. Seul un autre titre Land Rover avait été traduit auparavant.

DeToro

Le polar nous a habitué à croiser la route de paumés, de perdants parfois pathétiques, parfois flamboyants. Petete et Gringalet sont de la famille des pathétiques. Le jour même où ils sortent de prison ils attaquent une station service avec un flingue non chargé mais tuent le gardien d’un coup de barre de fer. Pas très malin. Manque de chance, au même moment, une bombe explose dans une banque de la ville. Tous les accès sont bloqués par les flics, et Petete c’est fait une entorse. Les voilà coincés dans Saint-Jacques de Compostelle grouillante de flics. Sans amis, sans argent et sans  endroit où se réfugier. La suite était « courue d’avance ».


« C’était couru d’avance », c’est le titre de trois des sept chapitres du roman. Et c’est vrai que les deux zigotos sont tellement pitoyables, bas de front et, pour couronner le tout, malchanceux, que la fin était inévitable …


Une dérive au gré de la douleur de la cheville de Petete, de ses choix tous plus catastrophiques les uns que les autres. Au gré de ses monologues aigris et geignards. Au gré aussi de la traque menée par un flic asthmatique, ripoux et méchant comme une teigne. Presque aussi bête que méchant d’ailleurs. Le lecteur oscille entre un léger sourire (jaune, mais sourire) devant l’avalanche d’emmerde et la stupidité des réflexions de Petete, et une pitié tintée de dégoût, ou pour le moins de mépris.


Ils sont tous affreux, sales et méchants, il pleut sur Saint Jacques, les témoins sont mesquins … Bref il n’y a rien ni personne à sauver, sauf un brave corniaud. Une vraie pépite noire au goût bien acidulé.


Suso De Toro / Ambulance (Ambulancia, 2002), Rivages/Thriller (2013), traduit de l’espagnol par George Tyras. 

 

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 18:15

Quand un nouvel auteur espagnol apparaît chez Métailié, je me précipite. Si en plus j’ai eu l’occasion d’entendre des gens comme Carlos Salem, Paco Taibo II ou Raul Argemi dire que c’était un putain d’auteur et un putain de livre (en ces termes à peu près), je me précipite encore plus vite. Deux petites filles Cristina Fallarás de ne m’a pas déçu.

 

fallaras

Victoria González, ancienne journaliste est privée à Barcelone. Privée et enceinte. Elle reçoit, de façon anonyme, une forte somme d’argent et la demande d’enquêter sur la disparition de deux petites filles, deux sœurs enlevées en plein jour. Le cadavre de la première a déjà été retrouvé. Elle a été mutilée avant d’être tuée. Une sale enquête commence, une enquête aux frontières de la folie.


Ils nous avaient avertis les latinos, les bouquins de Cristina secouent salement. Et celui-ci a reçu le prix Hammett 2012. N’empêche que, bien que prévenu, il faut s’accrocher.


Même si je sais que le thème rebattu de tables rondes en mal d’inspiration « y a t’il un polar féminin » est un grosse connerie, j’ai quand même rarement vu des auteurs masculins se permettre d’être aussi durs avec leurs personnages féminins.


Vicky est une dure à cuire, une vraie, avec des côtés pas franchement aimables. Des côtés qui font même peur par moment … Et quelle cruauté, quelle méchanceté dans certains portraits féminins. La dent est dure, et drôle, mais de l’humour très noir.


Alors certes, comme souvent dans les romans écrits par des hispanophones, l’intrigue passe au second plan, ce qui compte c’est la peinture d’une ville bien loin des ramblas et bars à tapas pour touristes, et surtout de superbe portrait d’hommes et de femmes, souvent aux limites de la loi et de la folie, des portraits qui prennent aux tripes. Espérons que nos reverrons Vicky, sa noirceur, sa dent dure, sa méchanceté. Encore une belle découverte chez Métailié.


Cristina Fallarás / Deux petites filles (Las niñas perdidas, 2011), Métailié (2013), traduit de l’espagnol par René Solis.

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 22:39

Un polar portugais, chouette ! C’est que je n’en ai pas dans mon tour du monde. Autant dire que j’étais enchanté d’attaquer Le bon hiver de João Tordo, d’autant plus que j’avais lu de bonnes critiques ici et là. Malheureusement, déception.

Tordo

Le narrateur est un jeune auteur portugais, ayant publié trois livres qui n’ont eu aucun écho. Invité surprise à un colloque à Budapest il accepte pour gagner quelques sous et tenter de secouer sa déprime. Là il se lie avec un italien exubérant qui le convainc de se joindre à une bande de parasites chez un producteur de cinéma dans le sud de l’Italie. Dans le décor surréaliste d’une villa isolée dans les bois, ils se retrouvent à boire et fumer jusqu’à l’arrivée, en pleine nuit, de leur amphitryon. Qui est retrouvé mort, assassiné le matin suivant. Commence alors un huis clos sous la menace d’un colosse catalan bien décidé à venger la mort de son ami assassiné.


Pas mal de lecteurs ont aimé ce roman, il doit donc avoir quelques qualités … Pour ma part je me suis un peu ennuyé et surtout je n’ai pas du tout vu ce que voulais raconter l’auteur.


Ennuyé parce qu’on doit se cogner quelques longueurs sur les état d’âmes, pas forcément passionnants d’un narrateur geignard, dépressif et pas franchement courageux. Longueurs d’une intrigue qui ne se noue qu’environ à la moitié du roman. Et longueurs parce qu’ensuite ce qui devrait être un huis clos inquiétant et oppressant ne m’a ni inquiété ni oppressé une seule seconde.


Et puis je n’ai vraiment pas vu l’intérêt de passer par Budapest pour arriver dans cette villa. Et tout le début censé présenter les personnages, et en particulier le narrateur n’apporte pas grand-chose. Et à la fin on ne finit pas vraiment de savoir ce qui s’est vraiment passé cette nuit là (un peu facile quand on écrit un polar). Bref, c’est comme si l’auteur avait eu plein d’intentions, pleins d’idées, et qu’il n’en avait mené aucune à terme. Un peu comme son narrateur.


Ce n’est pas catastrophique, sinon on lâcherait le bouquin avant, et ce flou et cette « mollesse » sont  sans doute voulus, mais ça m’a ennuyé.


Si quelqu’un veut défendre ce roman, les commentaires lui sont ouverts, je suis curieux de comprendre à côté de quoi je suis passé.


João Tordo / Le bon hiver(O bom inverno, 2010), Actes Sud (2012), traduit du portugais par Dominique Nédellec.

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