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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 22:56

Vous avez sans doute déjà lu des avis très positifs sur le dernier Thomas H. Cook, Les leçons du mal : Bibliomanu a aimé, Claude également, Cynic 63 aussi … Et bien d’autres. Voici ma contribution.

 

CookNous sommes en 1954. Jack Branch, comme son père, est professeur dans le lycée public de Lakeland dans le sud des US. Dernier rejeton d'une grande famille de planteurs, il voit son métier comme un sacerdoce, un devoir de classe pour cet aristocrate du sud de partager avec les petits blancs sans instruction l'immense culture qu'il a reçu en héritage (à défaut de partager une fortune qui va, petite à petit, en déclinant).

 

Pygmalion du delta du Mississippi, il va lier une étrange relation avec un de ses élèves. Lui l'héritier du quartier des Plantations va tenter d'élever Eddie, petit blanc du quartier misérable des Ponts, fils d'un assassin, au dessus de la condition qui semble lui être promise. Il le pousse à enquêter sur son père, mort en prison des années auparavant après avoir tuée une étudiante prometteuse, sans se douter qu’il va ainsi ouvrir la boite de Pandore …

 

Un Thomas Cook dans la grande tradition serais-je tenté de dire. Ce qui est un gage de qualité, de grande qualité même. C’est que l’on retrouve ici toutes ses thématiques : une société très hiérarchisée et traditionaliste, les relations père / fils, la force du doute et du soupçon, et le poids du passé.

 

La construction virtuose passe en permanence du présent (d'où le narrateur se souvient de cette année 54) au passé sans jamais perdre le lecteur. Le rythme lent correspond bien à cette société du Sud qui semble figée à jamais. La description de cette société de classe, pour ne pas dire de caste est à la fois impitoyable dans sa lucidité et d’une grande finesse dans son écriture. L’auteur ne juge jamais, il ne fait aucun commentaire, ne charge aucun personnage. Il se « contente » de décrire, d’adopter un point de vue … Sa qualité de conteur, la justesse des descriptions des rapports entre les personnages fait le reste.

 

La brusque accélération des derniers chapitres, au découpage cinématographique époustouflant de maestria n'en a que plus d'impact.

 

Encore une très belle réussite de cet auteur au ton unique.

 

Thomas Cook / Les leçons du mal (Master of the Delta, 2008), seuil (2011), traduit de l’américain par Philippe Loubat-Delranc.

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commentaires

J
<br /> <br /> peut-être ce que j'ai lu de mieux cette année, en tout cas de plus fin. En parlant du Sud, j'attends de voir ce que va donner le prochain JL Burke. @+<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Effectivement très fin, pour savoir si c'est ce qu'il y a de mieux ... Il y a du très beau monde cette année.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Salut Jean Marc, je l'ai depuis sa sortie et je vais bientôt le lire. Ma femme a adoré. Du pur plaisir en perspective ... en espérant ne pas être déçu<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Tu ne devrais pas être déçu.<br /> <br /> <br /> <br />

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