Après Les derniers jours d’un homme, voici le second roman de Pascal Dessaint à paraître en blanche (mais toujours chez Rivages). Maintenant le mal est fait est-il pour autant si différent des autres romans de l’auteur ? Je ne crois pas, voyons ça.
Quelque part en Normandie un groupe d’amis est ébranlé par le suicide de l’un d’eux. Nous apprendrons rapidement que cette mort n’est pas la première qui frappe le groupe. C’est Serge, le spécialiste des insectes qui se jette du haut d’une falaise. Comment vont alors réagir Bernard le bétonneur, Elsa l’artiste, Marc le cynique, George l’amoureux des lettres et les autres ?
S’il y a une vraie différence elle est dans le lieux, Pascal Dessaint semblant s’éloigner un peu plus de Toulouse pour nous amener en Normandie. Sinon, certes il n’y a pas de coupable, les morts de Maintenant le mal est fait sont morts « tout seuls ». Ce détail mis à part, la structure de ce roman choral est très proche de celle de Mourir n’est peut-être pas la pire des choses. Il s’ouvre sur une disparition, puis laisse la parole à ceux qui ont connu le mort, souffrent de sa disparition, cherchent à comprendre, se sentent plus ou moins coupables …
De son « passé » d’auteur de roman noirs, l’auteur garde l’habileté dans la construction qui, enquête ou pas, crée un suspense et donne envie de continuer pour savoir ce qui va (ou c’est) passé. Comme dans ses romans précédents il construit son puzzle, pièce après pièce, voix après voix, ne laissant se dessiner le tableau complet qu’à la fin.
Pour le fond, les thèmes familiers reviennent : le rapport à la nature, le deuil, la fidélité et la trahison en amitié, en amour et envers des idéaux. Ils sont traités avec la sensibilité et le tact habituels. Les amateurs de Pascal retrouveront ici l’auteur qu’ils aiment, et ceux qui ne jurent que par la littérature blanche auront peut-être l’occasion de découvrir un auteur qu’ils ne seraient pas allés chercher en noire.
Pascal Dessaint / Maintenant le mal est fait, Rivages (2013).