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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 22:55

Peut-être le dernier polar de l’année … Les péchés de nos pères, de Lewis Shiner, présenté en couverture comme « le meilleur livre de l’année » (défaut récurrent des éditions Sonatine), n’est pas un chef d’œuvre mais un solide polar, bien documenté et construit, qui se lit avec plaisir et intérêt, malgré ses quelques défauts.

 

Shiner2004, Michael accompagne son père qui est venu mourir à Durham, dans le sud des USA, la ville qu’il avait quittée avec sa femme à la naissance de Michael, trente ans plus tôt. Curieux de l’histoire de sa famille, d’autant plus que ses parents semblent cacher certains événements, Michael va enquêter sur son passé et réveiller des fantômes qui vont bouleverser sa vie. En cette année où les tentions raciales reviennent sur le devant de la vie locale, il va découvrir le rôle de sa famille dans les années soixante, quand la lutte pour les droits civiques, et les réactions qu’elle suscitait étaient exacerbées.


Passons donc l’agacement des bandeaux et quatrièmes outrageusement vendeurs, qui ne sont pas l’apanage des éditions Sonatine, mais quand même, ils exagèrent souvent …

Et débarrassons-nous tout de suite des défauts de ce bon roman. Défauts essentiellement liés à la construction. A mon goût l’auteur en fait un peu trop en termes de coïncidences. Trop de « une telle qui se trouve être la sœur de telle autre », de « celui-ci qui réapparaît par miracle », d’infos qui arrivent un peu facilement … C’est d’autant plus dommage que ce n’est jamais nécessaire au bon déroulement de l’intrigue, et que cela aurait donc pu être évité facilement.


Autre « défaut », mais là ce n’est pas entièrement la faute de l’auteur, les histoires de familles avec de lourds secrets, dans le sud des US, ça me fait automatiquement penser à Thomas Cook. Et Thomas Cook est un maître en la matière. Dont Lewis Shiner est loin d’avoir la finesse d’analyse, la beauté stylistique et la force émotionnelle ...


Mais le roman a d’autres qualités qui emportent l’adhésion. Tout d’abord, l’ensemble est parfaitement cohérent, les passages entre le passé et le présent bien amenés, les personnages bien construits … Bref d’un simple point de vu narratif, à par les petits défauts cités plus haut ça marche très bien. La scène d’action et de suspense finale est en particulier fort bien réussie.


Puis, ce qui fait que ce roman est plus qu’une histoire bien contée c’est le contexte historique décrit. Contexte déjà vu dans de nombreux polars (le moment des luttes pour les droits civiques), éclairé ici d’une façon originale : Comment les blancs du sud, pour casser la dynamique du mouvement ont détruit les quartiers noirs en passe de devenir des quartiers de classe moyenne, sous couvert de réhabilitation et de modernisation. Un aspect que, pour ma part, j’ai découvert ici. Intéressante aussi la façon dont l’auteur fait le parallèle entre la fin des années soixante et le début des années 2000, montrant que, malgré les progrès indéniables, la bête est toujours là, prête à resurgir au moindre prétexte.


En résumé, pas le livre de l’année, mais un bon polar, solide et bien écrit.


Lewis Shiner / Les péchés de nos pères (Black & white, 2008), Sonatine (2011), traduit de l’américain par Fabrice Pointeau.

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commentaires

T
<br /> puisque vous l'évoquez avez vous lu l'excellent livre de thomas h.cook paru cette année (bien qu'écrit en 1993) "Mémoire assasine" paru dans la nouvelle collection .2 seuil?il me semble être<br /> passé inaperçu des chroniqueurs bien qu'il s'agisse dun ouvrage passionnant.Exception à ce que j'écris la chronique de pierre faverolle et dont je partage le point de vue http://black-novel.over-blog.com/article-memoire-assassine-de-thomas-h-cook-points2-seuil-83227953.html<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Non, je l'ai raté, comme j'ai raté tous les romans de cette nouvelle colection. Un oubli à réparer en 2012.<br /> <br /> <br /> <br />

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