Voici donc le second roman qui m’a laissé un peu perplexe. Il s’agit de Enfin la nuit de Camille Leboulanger. Hasard de l’édition et de mes lectures ou marque des peurs actuelles, il s’agit encore d’un roman post catastrophe.
Qui a déconné ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Mystère. Toujours est-il qu'en ce mois de janvier la nuit a disparu, le ciel est en permanence d'une jaune orangé aveuglant. Après quelques jours les instincts se déchainent, les barrières tombent, les pillages et meurtres se multiplient. Thomas, flic avant la catastrophe quitte Paris à pied, pour voir si c'est pareil ailleurs. Il va rapidement rencontrer Sophie, une adolescente restée seule chez elle et les voilà sur la route. Une route et des rencontres, bonnes ou terribles, sans vraiment savoir pourquoi ils marchent ni où ils vont.
Très très casse-gueule de se lancer dans un tel exercice. Très gonflé car on compare forcément au chef-d'œuvre de Cormac McCarthy. Camille Leboulanger s'en sort quand même. Parce que s'il part du même point de départ il en fait un traitement assez différent.
La première différence tient au pays : la France et les US sont différents, et même si tout n'est pas rose et facile, ici la rencontre avec l'autre n'est pas obligatoirement synonyme d'affrontement.
Ensuite l'auteur fait le choix de faire passer son personnage de compagnon en compagnon, de rencontre en rencontre, avec des gens qui ont encore un passé, même s'il s'efface peu à peu et qui ont des réactions différentes face au changement radical qui vient d’avoir lieu.
Pour finir l'auteur est moins pessimiste que McCarthy. On lit ce récit d’errance avec intérêt, tristesse, parfois avec un sourire. On ne prend pas l’immense claque que l’on prend avec La route, mais on lit avec plaisir. Et à l’arrivée reste une certaine perplexité.
Mais qu’elle était donc l’intention de l’auteur ? Il ne s’est pas contenté de raconter une histoire, il a pris un point de départ fort et casse-gueule, mais pourquoi ?
Peut-être est-ce que je me pose des questions idiotes …
Camille Leboulanger / Enfin la nuit, L’Atalante/La dentelle du cygne (2011).