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3 septembre 2007 1 03 /09 /septembre /2007 09:54

Il y a quelques années, quand la Californie avait pondu une loi sur la récidive, un dangereux malfaiteur qui en était à son troisième crime avait enfin été mis à l’ombre pour 15 ans. Ouf, la société était à l’abri d’un dangereux voleur de pizzas. En France tout le monde s’était moqué de ces abrutis d’amerlocs qui mettaient 15 ans en taule un pauvre type pour vol de pizza (je ne suis même pas sûr qu’il avait volé un pizza entière).

 

Aujourd’hui grâce à notre dynamique ministre de la justice, un pauvre gars vient de prendre quatre ans pour le vol d’un téléphone portable et de quelques dizaines d’euros.

 

Encore un effort et grâce à notre nouvelle équipe gouvernementale nous allons faire un grand pas en avant, vers le … XIX° siècle. Au fait, ça ne vous dit rien, dans les classiques que l’on a tous lu et vu au cinéma un homme envoyé au bagne pour le vol d’un morceau de pain ?

Plus près de nous, la nomination et l’action de Rachida Dati me renvoient aussi et encore vers la littérature, récente cette fois, et, américaine. On se croirait dans l’avant dernier roman de Jake Lamar, Nous avions un rêve, publié chez Rivages.

Melvin Hutchinson est noir. Il a été avocat des droits civiques dans les années soixante, puis associé d'un un grand cabinet d’affaires de Wall Street. Il vient de faire une entrée remarquée en politique comme ministre de la justice de l’équipe du très charismatique président Troy McCracken, très charismatique, très médiatique, et très agité (comme chez nous ?). Il déclare lors de sa première conférence de presse que les parasites (toxicomanes, dealers, et autres voleurs ou assassins) doivent être, internés pour les moins dangereux, pendus pour les autres. Il devient donc Melvin la corde. Et sa carrière ne fait que commencer. Mais le passé le rejoindra et il finira par s’apercevoir qu’il n’a été, tout du long, qu’un alibi, une marionnette dans les mains de ceux qui ont le réel pouvoir.


Le roman est impressionnant, par sa richesse, sa puissance, et sa qualité d’écriture. Sur la forme, l’intrigue est superbement construite, avec ses multiples allers-retours entre les quelques jours du présent, et le passé des différents protagonistes qui viennent, au compte-gouttes, préparer la chute. Sur le fond, il est effrayant : Dans sa façon de rendre, en l’exagérant si peu, la mise en spectacle de toute la vie américaine, que ce soit la politique ou la justice (comme chez nous ?) ; dans son anticipation du grand virage sécuritaire, annoncé par la politique tolérance zéro du maire de New-York, et renforcée par les attentats de septembre 2001 (comme chez nous ?) ; dans sa description des effets du communautarisme poussé à outrance (comme chez nous ?).

Il met en scène, ce que nous vivons aujourd’hui avec la récupération de personnalités alibi qui, pour justifier leur poste, sont plus royalistes que le roi. Espérons seulement que notre ministre ne finira pas aussi mal que Melvin. Heureusement, parfois les artistes vont un tout peu plus loin que la réalité, mais si peu.

 

Très bientôt, je vous parlerai du nouveau roman de Jake Lamar, Rendez-vous dans le 18°.

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commentaires

P
<br /> Bonjour Jean-Marc, une fois de plus merci pour ton avis éclairé... Je me suis régalé à la lecture de ce bouquin, foisonnant, impressionnant et attirant par ses divers personnages. Comme tu le<br /> dits, l'imbrication de l'intrigue est passionnate et en plus c'est bien écrit.<br />
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J
<br /> <br /> Un grand bouquin.<br /> <br /> <br /> C'est dommage depuis il n'a rien réécit de ce niveau.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Le blog de Jean-Marc Laherrère
  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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