Je n’ai pas encore lu, A l’automne, je serai peut-être mort, première apparition de Michael Forsythe. Il est dans la pile. Après la lecture du dernier roman d’Adrian McKinty, Le fils de la mort, il est passé sur le dessus.
Quel bouquin ! Le fils de la mort démarre sur les chapeaux de roues par une scène apocalyptique, mais finalement assez drôle quand on arrive à prendre un peu de distance (ce que l’auteur fait très bien). Il se conclue sur un final apocalyptique, mais pas drôle du tout. Entre les deux, McKinty installe un faux rythme, tranquille en apparence. Le récit prend le temps de s’installer, tout en distillant, de temps autre, quelques indices des horreurs à venir, histoire de maintenir le lecteur dans d’inquiétude latente. Puis tout s’emballe, se durcit, en un crescendo implacable.
Mais ce n’est pas tout. McKinty n’a pas écrit un simple thriller à l’efficacité redoutable, formaté best-seller. C’est un vrai roman, dense, avec des personnages extraordinaires, complexes, au premier rang desquels, bien sûr, Michael Forsythe, archétype du hard-boiled, suicidaire, tête brûlé, masochiste, increvable, ambigu. Beaucoup trop ambigu pour être un personnage de best-seller. L’immense Clint dans ses plus grands jours. Les seconds rôles aussi sont impeccables, avec des rôles de femme à la fois lumineux et sans pitié, un tueur effrayant à souhait …
L’écriture est à la hauteur, capable de passer du lyrisme poétique à des dialogues incisifs et drôles, toujours en adéquation parfaite avec l’histoire. Pour finir, même s’il est « catalogué » par l’éditeur « auteur américain », McKinty reste très irlandais, dans le choix de ses personnages, dans les thématiques de ses romans, dans son humour noir, surnageant dans les pires situations. Ecriture, personnages et humour irlandais, dans les grands espaces américains. Une synthèse originale, et parfaitement réussie. Un grand roman à ne pas laisser passer.
Adrian McKinty / Le fils de la mort (Série Noire, 2008)