Voilà un petit billet qui ne va rien vous apporter. Pourquoi ? Parce qu’il est consacré à mon personnage préféré, celui qui me met systématiquement en joie, j’ai nommé l’incontournable John Dortmunder. Je perds absolument tout mon esprit critique quand il s’agit de lui. Le seul fait de lire son nom suffit à agacer mes zygomatiques, dès qu’il ouvre la bouche ou qu’il bouge, je souris, et à la première tuile qui lui tombe dessus, j’éclate de rire.
Pour la première fois, Donald Westlake, son génial créateur, a rassemblé les différentes nouvelles qui l’avaient pour protagoniste. On trouve donc dans Voleurs à la douzaine, John Dortmunder à la campagne, John Dortmunder et le divorce, John Dortmunder et le poker, John Dortmunder à une réception de Noël, John Dortmunder et l’équitation, John Dortmunder et le sport, John Dortmunder et William Shakespeare … On a même le John Dortmunder d’un monde parallèle.
Tout cela, bien entendu, revu et corrigé par le filtre un tout petit peu déformant de l’humour sans pareil de Westlake et du réalisme et du pessimisme de John.
Même l’introduction, sobrement intitulée « Dortmunder et moi, sans en faire un roman » est drôle et géniale ! Elle suffirait presque à elle seule à justifier l’acquisition du recueil. Elle éclaire, là encore au travers du prisme de l’humour de l’auteur, son travail de création autour de son personnage.
Le format court ne laisse pas Westlake créer les enchaînements de catastrophes dont il a le secret, mais lui permet de mettre son personnage dans les situations les plus ahurissantes et les plus variées. Situations dont il se sort, bien entendu. Sans rien gagner, ou presque, comme d’habitude.
Seul problème, ce recueil me laisse face à une interrogation quasi métaphysique, qui a failli m’empêcher de dormir, une fois que j’ai eu fini de rire : Donald Westlake est-il TOUJOURS génial quand il donne vie à son personnage ? Ou est-ce devenu pour moi un réflexe pavlovien : Dortmunder = Rire ? Mystère. Je penche bien entendu pour la première hypothèse, mais la seule constatation un peu scientifique est que, une fois de plus, ça a marché.
Donald Westlake / Voleurs à la douzaine (Thieves’ dozen, 2004), Rivages thriller (2008). Traduction de l’américain par Jean Esch.