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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 17:19

Enrique Medina est né en 1937 à Buenos Aires. Placé dès huit ans dans une maison de correction, il y reste jusqu’à l’âge de 16 ans.

Une expérience que l’on retrouve dans son premier roman, écrit en 1972, Les tombes. Il y  raconte l’enfer vécut par un gamin interné dans une maison de redressement où il est victime, comme bien d’autres, des brutes qui les encadrent. Il va vivre des années de brimades et de tortures mais aussi de résistance avant de pouvoir sortir de ces tombes.

El Duke est mort, carbonisé dans sa triste cahute. Ceux qui l'ont connu se rappellent. Se rappellent le boxeur exceptionnel, l'homme de main de la mafia, qui faisait de sales boulots, puis l'homme des militaires, qui en faisait de bien plus sales encore, sans état d'âme, permettant aussi aux vrais responsables de garder les mains propres, et de s'en sortir sans une  égratignure.

Quand à Mercedes et son frère Mingo, Les chiens de la nuit, ils vivent dans des cahutes aussi misérables que celle du Duke. Mercedes est beaucoup trop gentille, Mingo est un petit salopard paresseux. Le plus facile pour lui, prostituer sa sœur, qui ne saura rien lui refuser.

Comme on peut s’en douter à la lecture de ces résumés, les romans d’Enrique Medina sont tout sauf aimables. Sombres, âpres, dérangeants, sans la moindre concession, ils décrivent l’Argentine des perdants, de ceux qui sont tout au bas de l’échelle sociale. Des gens durs, qui vivent des vies pénibles et ne voient la plupart du temps pas d’autre échappatoire que la débrouille et l’exploitation de ceux qui sont encore plus faibles qu’eux.

Chez Medina, les pauvres sont victimes mais pas aimables. Ils sont exploités mais ne revendiquent rien, ils se contentent de se battre pour s’en sortir. Tous les moyens sont bons, et tant pis pour ceux qui se trouvent sur leur chemin. C’est la misère totale, financière, culturelle et morale, dans toute sa brutalité.

L’écriture d’Enrique Medina est au diapason, aussi rude et dure que ce qu’elle décrit. Ses romans sont autant de gifles.

Un auteur à découvrir, déconseillé quand même aux âmes trop sensibles, et à ceux qui veulent garder quelque illusion sur la nature humaine.

Les tombes (Las tumbas, 1972) L’Atalante (1994). Traduit de l’espagnol (Argentine) par Claudine Carbon ; El Duke (El Duke, 1976) L’Atalante (1997). Traduit de l’espagnol (Argentine) par Claudine Carbon ; Les chiens de la nuit (Perros de la noche, 1978) L’Atalante (1996). Traduit de l’espagnol (Argentine) par Claudine Carbon.

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