Un détective privé salvadorien ? Chouette alors, c’est mon premier. Sauf que …
Alberto Aragón est sur la fin. Ce diplomate salvadorien qui, par opportunisme ou sens du devoir avait toujours su naviguer entre la droite et la gauche, les militaires et la guérilla, a finalement été abandonné de tous et est venu s'échouer à Mexico. Là, à bout de force et de ressource, détruit par l'alcool, il va vivre des derniers jours misérables. Quelques jours après sa mort, Pepe Pindonga, privé alcoolique et obsédé dans la mouise, est contacté par un riche salvadorien pour aller enquêter à Mexico sur les derniers jours d'Alberto Aragón …
Le fond est intéressant, bien qu'un peu confus pour quelqu'un qui ne se souvient pas bien des drames de l'Amérique centrale dans les années 80 : sandinistes, guérillas, communistes ou non, dictatures militaires soutenues activement par les US …
Les personnages sont riches et bien campés, que ce soit le vieux beau au bout du rouleau ou le privé à moitié allumé et ses copains journalistes.
Mon problème avec Horacio Castellano Moya c'est son style. Des phrases qui n'en finissent pas, reflets de la confusion des narrateurs, au sein de paragraphes étouffants, sans une respiration, sans une pause. Du coup j'ai quand même eu beaucoup de mal à le terminer et j’ai même, parfois, sauté quelques passages.
Exemple : « Quel dimanche ! s’est-elle écriée tout en m’invitant à m’asseoir dans cette pièce d’où on pouvait distinguer à travers les vitres le gazon épais et tondu à ras, les rosiers et un avocatier, nous passions une journée splendide avec le Poupon et Regina grâce à la bonne humeur avec laquelle nous célébrions le retour de leurs amours, m’a-t-elle expliqué tout en m’arrachant la photo, au milieu de cette joie, le Poupon a demandé au maître d’hôtel de nous prendre en photo, et nous avons posé en riant aux éclats et en disant que ce serait un document fondamental pour l’histoire des amours au Salvador et nous passions un si bon moment que le Poupon a demandé au maître d’hôtel de prendre trois photos supplémentaires, profitant de son polaroïd, pour que chacun ait sa version en souvenir d’un moment splendide, et ce que nous ne savions pas … »
J’arrête, mais pas la phrase qui continue encore comme ça un bon moment. Pour être complet, il faut dire que tout le monde n’est pas d’accord avec moi, que ce roman a eu d’excellentes critiques, et que Bernard Daguerre, amateur fort éclairé, en est un fan. Il le dit sur bibliosurf.
A vous de vous faire une opinion.
Horacio Castellano Moya / Là où vous ne serez pas (Donde no estén ustedes, 2003), Les allusifs (2008), traduit de l’espagnol (Salvador) par André Ganastou.