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3 janvier 2009 6 03 /01 /janvier /2009 23:35

Il y a en Angleterre deux grands spécialistes du polar procédural. John Harvey, père de Resnick à Nottingham, et Graham Hurley et son inspecteur Faraday de Portsmouth. Les quais de la blanche, réédité en poche chez folio, est un nouvel épisode des enquêtes de ce dernier.


L'inspecteur Faraday n'est pas à la fête. Il semblerait que sa ville de Portsmouth soit le théâtre d'une guerre de gangs pour le contrôle du trafic d'héroïne. Sa compagne et son fils, qui tournent une vidéo sur les ravages de cette drogue, se retrouvent impliqués dans la mort d'un junkie. Un de ses collègues est laissé pour mort par deux dealers. Pour compléter le tableau, il est recruté pour faire partie d'un groupe très restreint qui mène une guerre secrète, même au sein des forces de police, contre le parrain de la ville. Sur le terrain, c'est la blanche qui gagne.


Comme John Harvey, Graham Hurley sait tricoter une intrigue, dépeindre sa ville, s'approcher au plus près de ses personnages avec une empathie et une humanité qui font merveille. Comme lui il sait passer d'un personnage à l'autre, d'un bout d'histoire à l'autre pour rassembler le tout au final. Comme lui, il utilise le polar, dans sa forme procédurale, pour dépeindre une société en perdition et toute une époque (ici les manifestations qui accompagnèrent le début de l’engagement britannique en Irak). Comme lui, surtout, il sait nous intéresser à la vie de ses personnages, à leurs enquêtes bien sûr, mais également à leur vie privée à laquelle il donne une véritable importance et une véritable épaisseur.


La différence entre les deux c'est que là où John Harvey s'attache plus volontiers à des histoires intimes, Graham Hurley est plus "thriller", plus ample. C'est particulièrement le cas ici, où ses personnages sont pris dans une histoire qui les dépasse. On se croirait presque dans un roman d’espionnage.


Cela donne un roman ambitieux, passionnant, mais décourageant, tout au long de ses 600 pages. Au final, la seule lueur d’espoir vient de la « société civile », et pas de forces de police totalement désarmées, incapables d’arrêter un trafic, parce qu’incapables de faire baisser la demande. Décidément Hurley est un grand.


Graham Hurley / Les quais de la blanche (Cut to black, 2004), Folio/Policier (2008), traduit de l’anglais par Philippe Rouard.

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commentaires

D
Je vais faire un billet sur ce livre et j'ai mis un lien vers le tien, je te signale que lorsqu'on clic sur le titre dans ton index des auteurs le lien n'est pas le bon .. un petit bug :-))
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J
<br /> Merci, je corrige la prochaine fois que je mets mon index à jour.<br /> <br /> <br />
F
pareil, je l'ai rencontré à Quai du polar à Lyon en 2007. En effet très disponible, sympathique et humble.<br /> Il m'avait notamment évoqué la difficulté croissante qu'il ressentait pour arriver à faire évoluer ses personnages récurrents (Faraday et Winter) d'une histoire à l'autre tout en continuant à tisser des intrigues convenables.
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J
<br /> Peut-être que, comme Harvey a abandonné Resnick, il va devoir abandonner Faraday.<br /> <br /> <br />
A
J'adore Hurley. Il est venu à Lamballe. C'est quelqu'un de très sympa en plus..
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J
<br /> L'empathie qu'il manifeste dans ses écrits le laissait supposer.<br /> <br /> <br />

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