Un petit coup de mou ? Besoin d’un remontant ? Marre d’entendre du Delerm ? Fatigué d’avance par les embouteillages et le tube fadasse de l’été ? J’ai une solution pour vous redonner le moral, la pêche, la patate. Soul Power, le documentaire de Jeffrey Lévry-Hinte.
Kinshasa, 1974, Muhammad Ali est là pour regagner sa couronne poids lourds face à George Foreman. En parallèle quelques allumés, car il fallait l’être, décident d’organiser un festival de soul aussi monumental que le combat à venir. Soul Power, c’est le documentaire qui retrace ces trois jours de folie.
Une première partie suit les préparatifs. Et on ne peut s’empêcher de penser à l’énergie, à la folie, à la passion qu’il a fallu, en 1974, à une époque où on ne trouvait pas si facilement toutes les infos sur internet, pour organiser un événement aussi monstrueux à Kinshasa ! Une ville dont la plupart des musiciens n’avaient sans doute jamais entendu parler. Et les prodiges de persuasion qu’il a dû falloir déployer pour convaincre les investisseurs privés de participer, et les plus grands noms de la scène noire américaine de faire le déplacement.
Cette première partie, qui se déroule entre Kinshasa, où l’on voit des organisateurs de plus en plus épuisés, obligés de régler, un à un, les innombrables problèmes techniques et politiques (l’hôte, ce cher Mobutu, n’est pas forcément l’interlocuteur le plus facile à manœuvrer …), et aux US où les stars embraquent toutes pour ce voyage fantastique. Sur place, le représentant des investisseurs semble un poil inquiet : les artistes arriveront-ils à temps ? Vont-ils se faire payer pour les contretemps ? Où trouver l’argent réclamé pour installer des câbles non prévus ? Que faire si le Président veut décaler le festival ? … Dernière tuile en date, le combat Ali-Foreman est reporté ! Mais, The show must go on.
Puis c’est l’arrivée, les retrouvailles avec un Muhammad Ali très, très politisé, la rencontre avec l’Afrique, et le concert, monumental. La seconde partie est consacrée au concert. Elle est à la fois enthousiasmante et frustrante. Frustrante parce qu’on n’a droit qu’à un morceau par artiste. Et quand on voit le plateau, Miriam Makeba, impériale, Celia Cruz dans une robe hallucinante, au milieu des Fania All Stars où l’on trouve un certain Ray Baretto aux congas, les Crusaders dans un instrumental funky de feu, BB King d’une évidence et d’une simplicité aveuglantes dans ses interventions à la guitare qui dit, dans les loges, qu’il y a eu quelques bons moments durant le concert ( ! ), Bill Withers dans une balade déchirante, seul à la guitare entre deux déferlantes de cuivres déchaînés … et la vedette du concert, James Brown, au meilleur de sa forme.
Ben voilà, on trépigne, on a un sourire d’une oreille à l’autre, et la frustration de passer, déjà, au groupe suivant est immédiatement noyée par l’énergie du nouveau venu. Et quand ça s’arrête, on repartirait bien pour un, ou plusieurs tours.
Conclusions : Un, allez-y si ça passe près de chez vous. Deux, si quelqu’un a une quelconque influence sur les producteurs, distributeurs … Il pourrait pas lui demander une version longue en DvD ?