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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 20:24

Marcus Malte est un grand. Un très grand. Ceux qui ont lu Intérieur Nord savent déjà qu’il est aussi à l’aise dans le format novella (ces longues nouvelles ou courts romans) que dans celui du roman classique. Avec Cannisses il le confirme de façon éclatante.

 

Malte CanissesDans un de ces lotissements ou toutes les maisons se ressemblent, un homme souffre. Il vient de perdre sa femme, cancer, et se retrouve seul à élever deux jeunes enfants. En face, de l’autre côté de la rue, il observe à travers les cannisses une autre famille, heureuse. L’autre a toujours sa femme, la gamine a toujours sa mère. Pourquoi ? Pourquoi le malheur s’est-il abattu sur lui et pas sur eux ? Quelle justice en a décidé ainsi ? Est-ce qu’ils ne lui ont pas volé quelque chose ? 


Dès le premier chapitre Marcus Malte vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher. Certaines religions, certains moralistes essaient de nous faire croire que la douleur peut rendre meilleur, plus compatissant ou plus fort. Conneries. La douleur rend méchant, la douleur rend égare, la douleur rend fou. Et les victimes ont vite fait de se transformer en bourreaux.

 

C’est ce glissement vers la folie auquel on assiste ici. On sent bien le début de la fêlure dès les premiers mots de la narration à la première personne. Et on la voit s’élargir, devenir fissure puis crevasse. Avec une apparence de normalité, une écriture « plate », sans grande envolée rageuse ou hystérique, une écriture qui colle parfaitement à cette apparence de normalité.

 

Un texte à la fois bouleversant et glaçant.  


Marcus Malte / Cannisses, In8/Novella (2012).

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commentaires

C
<br /> pour le 1er point oui pour le 2ème un peu moins.<br /> <br /> <br /> n'empêche je l'aurai bien voulu en court roman (200 pages) comme le fait Joseph Incardona (remington, 220 volts). 75 pages c'est trop court quand c'est si réussi !<br />
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C
<br /> j'ai pu lire Canisses grâce aux éditions l'Atelier in8 et ma "critique" est en ligne !<br /> <br /> <br /> Encore une superbe nouvelle de Marcus Malte.<br /> <br /> <br /> En points négatifs on ne sait pas ce qu'il fait des corps et surtout on dirait que dans la rue il n'y a que ces deux maisons là, personne d'autre pour remarquer ses allées venues ...<br /> <br /> <br /> http://polars-addict.e-monsite.com/polars/populaires/malte-marcus.html<br />
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J
<br /> <br /> C'est de mon point de vue la force du texte. Rien de concret n'est décrit, ni les meurtres ni ce qui suit. Et pour le narrateur rien d'autre n'existe au mone que l'injustice là, en face, sous son<br /> nez ...<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Depuis peu, je tombe en amour pour les romans noirs. C'est très très lumineux, un roman noir...<br />
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J
<br /> <br /> Parfois très lumineux effectivement, mais il y en a aussi de la famille des trous noirs, dont aucune lumière, la plus ténue soit-elle ne peut ressortir.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Sur ma lancée, dans la série des Garnier, je viens d'attaquer "la théorie du panda"; j'aime; le personnage de Gabriel, un personnage intriguant, on se demande qui il est d'où il vient ...<br />
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J
<br /> <br /> Hihi, je n'en dis pas plus. Un magnifique roman de Pascal Garnier.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> J'avais adoré Intérieur Nord, moins "Les harmoniques", énormément "Le lac des singes", etc.<br /> <br /> <br /> Je vais essayer de ne pas louper celui-là !<br />
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J
<br /> <br /> Si tu as aimé intérieur nord celui-là devrait te plaire.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Le blog de Jean-Marc Laherrère
  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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