C’est beau la côte patagone ! C’est même très beau.
C’est immense, c’est sauvage, on peut parcourir des centaines de kilomètres sans croiser âme qui vive, juste quelques guanacos et choiques.
Petit lexique :
Guanaco : petit lama vivant dans le sud de l’Argentine et du Chili.
Choique ou ñandu petizo : petite autruche vivant en Patagonie
Peludo : sorte de tatou
Ripio : revêtement de la route fait de gravier jeté sur de la terre. Caractéristique : si on freine ou si on braque dessus, on a droit à la même réaction que sur du verglas, droit dans le décor.
Donc, après plus d’une heure et demi sur des routes en ripio, où on a croisé deux voitures, les gardes à l’entrée du parc de la Peninsula Valdez, et quelques moutons et guanacos, premier arrêt sur la côte, à Punta Delgada où, du haut de la falaise, on a une vue plongeante et imprenable sur les quelques éléphants de mer qui n’ont pas encore filé en Antarctique. Et au moment de remonter dans la voiture, première surprise : deux Choiques qui viennent voir qui est là, et nous observent, sans crainte, pendant un bon moment.
On file à la Caleta Valdez, une langue de terre de plus de 30 km, parallèle à la péninsule, sur le point de se refermer, créant ainsi une lagune d’eau de mer qui coupée de l’océan. Un futur éco-système passionnant à étudier.
Seconde surprise, sur la parking, deux peludos se baladent, viennent renifler les arrivants, en quête de nourriture. Dire que les gamins étaient heureux est un doux euphémisme.
Et troisième surprise. A côté de ce parking se trouve le seul endroit de la Péninsule où l’on puisse se restaurer (à l’exception des estancias, plutôt huppées). Depuis quelques semaines l’un des cuistots jette ses restes à … une portée de renards gris probablement orphelins. Et ces renards, on les voit, sans peine, à moins de cinq mètres ! Magique.
Puis on descend presque sur la plage, tout près des éléphants de mer. En général, le spectacle est plutôt statique, ces bestioles étant du genre amorphe. Et là, coup de bol, un jeune mâle de près de deux tonnes sort de l’eau, « escalade » péniblement la rive, et vient se faire sa place à grand renforts de grognements et de menaces au milieu des jeunes et femelles déjà couchés là.
Au programme ensuite, pingouins, et surtout les lions de mer (ou lobos de mar, ou otaries) du côté de Puerto Piramides.
Est-il nécessaire de dire que les mômes sont revenus avec des étoiles dans les yeux ? Et les parents itou ?
Si on ajoute à cela que la plage de Puerto Madryn est immense, qu’on y croise plus de mouettes et de cormorans que de touristes, qu’on mange d’excellents poissons grillés, et du mouton fabuleux, que l’eau est à peine plus froide qu’en Bretagne, qu’il nous reste encore du temps pour aller voir les dauphins, les pingouins de Punta Tombo, le superbe musée paléontologique de Trelew, et qu’on a une copine sur place qui nous organise tout aux petits oignons, on comprendra que, bien que je vous aime tous, je ne soit pas pressé de venir vous retrouver …
Depuis que j’ai écrit ces lignes, nous avons également passé une journée spécial mômes : de 10H00 à 18H00 dans une petite estancia (à peine 5000 hectares), à aider les deux chiens à rassembler les moutons, voir un gaucho tondre la victime sur jour, caresser des guanacos que le même gaucho a élevés au biberon, monter à cheval, se balader dans l’estancia, manger un cordero asado fantastique (accompagné d’un coup de rouge pour les parents), et discuter avec le gaucho et le guide qui organise ces journées. Une journée bien remplie dans un endroit qui, bien que n’étant qu’à 20 km de la ville balnéaire, donne vraiment l’impression qu’on est au bout du monde. Il suffit de marcher 20 minutes pour ne plus voir autour de soit que la meseta de Patagonie, sèche, aride, ventée. Seul bruit le vent, seul mouvement un vautour qui plane … Impressionnant.
On comprend que le pays en ait rendu plus d’un cinglé, comme ce brave Alexandre Tounens qui se déclara un jour Roi de Patagonie.
Pour les photos, comme je suis un dinosaure et que travaille encore en diapo, il faudra attendre mon retour en terres toulousaines. Et demain, promis, je vous cause bouquin, même si, de ce côté-là, c’est moins la joie.