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2 janvier 2008 3 02 /01 /janvier /2008 21:41

Pas de meilleure façon de débuter l’année sur ce blog : imagination et panache avec ce nouveau roman de Pierre Pevel.

 

Lames-cardinal-Pevel.jpg1633, Paris. Le Cardinal de Richelieu décide de réunir de nouveau les meilleures lames du royaume, sous le commandement du capitaine La Fargue. Il s'agit une fois de plus de combattre l'Espagne et ceux qui en ont pris le contrôle, les dragons. Redoutables adversaires, venus du fond des temps, ils ont forme humaine mais pratiquent une magie puissante et sont sur le point d'installer une loge en France. La Fargue se méfie de Richelieu qui l'a déjà lâché par le passé mais accepte tout de même de réunir à nouveau ce qu'il reste de sa petite armée : les épées et les esprits les plus acérés de France. Les lames du Cardinal reprennent du service, gare à ceux qui se mettront en travers de leur chemin.

 

Pierre Pevel est un formidable conteur, les lecteurs de la série consacrée au Chevalier de Wielstadt le savent. Les lames du cardinal fait preuve des mêmes qualités. A commencer par sa marque de fabrique : l’évocation érudite d’une époque historique pimentée d’éléments de fantazy. Là où la série de Wiesltadt était un polar fantastique, les lames du Cardinal sont un brillantissime hommage aux romans de cape et épée, et en particulier à maître Dumas. Du panache, de l’action à revendre, du rythme, et le plaisir sans égal de croiser au détour d'une page, Athos, Richelieu, l'infâme Rochefort ou le Capitaine de Tréville. Que du bonheur pour un retour magique vers des lectures qui ont enchanté mon enfance.

 

En digne héritier du maître, Pierre Pevel reprend les codes des romans de cape et épée, mais n’est pas pour autant un simple copieur. Il a son style, son écriture, sa façon de mêler érudition, action et quelques pincées de fantazy, bien sombre, qui viennent pimenter le récit. Ultime bonheur, la fin très ouverte laisse grande ouverte la porte à une suite.

 

Pierre Pevel / Les lames du Cardinal (Bragelonne, 2007)

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5 décembre 2007 3 05 /12 /décembre /2007 21:25

Un nouveau roman de Christopher Moore ! Chouette. Quelques heures de bonne humeur en perspective !! Bon il faut d’abord passer l’obstacle d’une couverture absolument hideuse (voir ci-contre). Pas de problème pour le fan que je suis (ce sera peut-être plus dur pour ceux qui découvriraient cet auteur). Et là surprise. Certes la bonne humeur est au rendez-vous, mais j’ai du me pincer plusieurs fois, et revérifier. Pas de doute, à moins d’une grossière erreur de l’éditeur, il s’agit bien d’un roman de Moore. J’étais pourtant persuadé d’être tombé sur un Neil Gaiman. Un coup d’oeil sur l’intrigue, et j’y reviens :

 

Charlie Asher a tout du bonhomme moyen à qui rien d’exceptionnel n’arrivera jamais. Il est comblé par son boulot pépère, une femme qu’il adore, et la venue prochaine d’une fille. Le jour de la naissance tout s’écroule : Rachel meurt juste après l’accouchement, Charlie voit dans sa chambre un grand type habillé en vert que personne d’autre n’a vu passer, et le voilà seul, avec le bébé et son chagrin. Quelques jours plus tard, il apprend qu’il est devenu un sbire de la Mort, chargé d’aider les âmes des défunts à trouver un nouveau réceptacle. Comme si cela ne suffisait pas, il semblerait que parmi les nombreux sous-fifres il ait un rôle spécial dans le combat à venir entre la lumière et les Ténèbres. Lui, Charlie Asher, revendeur d’objet d’occase ! Heureusement il sera aidé par l’Empereur de San Francisco et son armée, une ado gothique, un géant habillé en vert, un flic désabusé, une armée d’écureuils empaillés, deux molosses un peu hors normes … et bien entendu, sa chère fille.

 

Je persiste donc, on dirait bien un roman de Neil Gaiman. Même point de départ : un homme ordinaire pris dans la bataille entre des divinités anciennes ; des affreux vraiment méchants et effrayants mais en même temps bêtes comme leurs pieds (comme dans Neverwhere) ; des personnages secondaires très  « gaimaniens » comme ce clodo qui se prend pour l’Empereur de San Francisco ; le mélange entre les mythes anciens et le matérialisme actuel, deux cerbères qui semblent sortis tout droit de De bons présages … Vraiment étonnant.

 

Et très réussi, parce que ressembler à du Neil Gaiman n’est pas donné à tout le monde, et est forcément, un gage de qualité. Même si on éclate moins de rire que dans Un Blues de coyote ou Le lézard lubrique de Melancholy Cove, on sourit souvent, et on est même souvent ému par l’approche très sensible de la mort d’un proche (ça aussi c’est plutôt gaimanien). C’est dans l’absurdité des dialogues que l’on retrouve le plus le précédent style Moore, ce sont également les réparties décalées qui amènent les quelques éclats de rire. En résumé, c’est différent, mais tout bon, à lire le sourire aux lèvres. Et cela amènera peut-être les fans de Gaiman à découvrir Moore, et ceux de Moore à lire Gaiman.

 

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26 septembre 2007 3 26 /09 /septembre /2007 15:34

José Carlos Somoza sait parfaitement accrocher son lecteur, voici comment se termine le prologue de La théorie des cordes :

 

« De façon intuitive, elle conclut qu’il ne pouvait rien y avoir de pire que d’entendre ces hurlements d’âme torturée qui produisaient un écho en chaîne sans parvenir à voir qui les produisait.

 

Mais quand elle contempla enfin le visage de la personne qui criait, elle sut, avec une certitude absolue, qu’elle se trompait.

 

Il y avait bien pire que les cris. »

 

Et voilà comment commence le premier chapitre :

 

2015, banlieue de Madrid : « Exactement six minutes et treize secondes avant que sa vie ne fît une culbute horrible et définitive, Elisa Robledo se livrait à une activité banale : elle donnait à quinze élèves ingénieurs de deuxième année un cours facultatif sur les théories modernes de la physique. »

 

Dix ans auparavant, quelque part dans l’océan indien, Elisa fait partie de la crème de la science européenne réunie par un consortium d’intérêts privés dans le plus grand secret, avec des moyens quasi illimités. Leur but : mettre à l’épreuve les théories du génial David Blanes, physicien espagnol spécialiste de la théorie des cordes, qui est sur le point de pouvoir « ouvrir le temps » et voir le passé. Ils ne sont pas naïfs et se doutent bien que ceux qui les payent ne sont pas uniquement motivés par la connaissance pure. Mais ils sont loin d’imaginer l’horreur qu’ils vont déclencher, par hasard, un soir de typhon. Dix ans plus tard, ils sont dispersés, ne se parlent plus, et, malgré des cauchemars récurrents, semblent avoir oublié …

 

Ceux qui connaissent l’œuvre de cet auteur né à Cuba, mais qui a vécu toute sa vie en Espagne ne seront pas étonnés de le voir s’attaquer à un domaine nouveau pour lui : la physique théorique. Psychologue de formation, il publie quelques courts romans avant son premier grand succès international, La caverne aux idées, polar philosophique qui se déroule dans le Grèce de Platon. Suivront Clara et la pénombre qui explore un futur proche où les œuvres d’art sont constituées de personnes vivantes manipulées par les artistes, et  La dame N°13, roman fantastique, roman gore, où la poésie est l’arme suprême manipulée par les Dames …

 

Il s’attaque donc maintenant à la physique théorique. Il le fait au travers du même « subterfuge » que dans les romans précédents : l’intrusion de l’horreur dans le quotidien. Il le fait surtout avec le même talent, le même sens du suspense, et la même façon de creuser une idée jusque dans ses ultimes conséquences. Il le fait avec la même habileté diabolique, qui lui permet de retomber sur ses pattes de façon brillantissime, alors que le lecteur était persuadé qu’il ne peut plus se sortir de la situation invraisemblable où il a plongé ses personnages.

 

Les révélations sont distillées, au compte gouttes, laissant chaque fois autant de questions que de réponses, jusqu’à la révélation finale. Le lecteur est pris par son talent de conteur, et surtout par sa façon de cuisiner le thème archi classique … du serial killer (et oui, encore) à sa sauce, et de l’entremêler intimement avec d’autres mythes, d’autres thématiques, qui lui donne une saveur unique. Comme dans le roman précédent, c’est tellement bien fait que l’on oublie presque que peu d’auteurs assaillent le lecteur avec autant d’horreur et de gore, sans jamais provoquer le malaise ou la répulsion. Sans doute parce que c’est bien fait, et absolument nécessaire au déroulement de l’action, là où d’autres forcent sur une surenchère gratuite qui n’est là que « pour vendre ».

 

Du grand art, une fois de plus. Mais quel sera le prochain défi de José Carlos Somoza ?

 

Un élément de réponse pour les hispanophones sur son site web.

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  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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