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6 août 2013 2 06 /08 /août /2013 00:18

Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais la sortie de Rainbow warriors, le nouveau roman d’Ayerdhal, m’avait totalement échappée. Heureusement que je l’ai vu sur une table de ma librairie préférée. Encore un grand, très grand plaisir de lecture.

Ayerdhal

Geoff Tyler est un excellent militaire et une très grande gueule. La première qualité lui a valu 3 étoiles. La seconde sa mise à la retraite par la maison blanche. Quand l’ancien patron des nations-unies, un des rares hommes pour lequel il a du respect, vient le chercher pour encadrer une armée privée il n’en croit pas ses oreilles. Il s’agit de renverser un despote africain, ni plus ni moins ripoux, ni plus ni moins cruel que ses collègues.


Cerise sur le gâteau, pour que l’affaire ait force d’exemple, Geoff sera à la tête d’une armée de 10 000 volontaires. Tous LGBT … Lesbian, Gay Bi Trans … Contre toute attente (ou comme prévu), Geoff accepte. Mais ce n’est pas de gagner le pouvoir le plus dur, c’est ensuite de le garder, contre toutes les manœuvres des pays, intérêts, multinationales et tout ce que le monde compte de plus pourri qui a tout intérêt à faire capoter une réelle expérience émancipatrice.


Du grand Ayerdhal.


Une narration d’une efficacité redoutable, tout au long du roman. L’exposition, l’entrainement des recrues, le montage impeccable des moments de guerre (autant pour la prise de pouvoir par l’armée de Geoff que lors du coup de force des affreux). C’est simple, tout s’enchaîne avec une telle fluidité, un montage alterné tellement maîtrisé qu’il est difficile de fermer le bouquin. Sauf là où Ayerdhal vous laisse souffler.


Une multitude de personnages inoubliables, avec, comme toujours chez lui, quelques femmes d’exception qu’il vaut mieux ne pas trop chercher. Des personnages courageux, salauds, émouvants, jubilatoires, énervants, drôles … Mais surtout des personnages qu’on aurait très envie de rencontrer en vrai.


Une analyse politique sans concession, des complots et des trahisons comme il sait si bien les décrire, complexes mais rendus compréhensibles par son écriture et la clarté de ses constructions. Certes il faut un peu s’accrocher et s’impliquer, mais ce n’est pas parce que c’est l’été et qu’on est à la plage qu’on est devenu complètement ramollis du cerveau non ?


Des pages très émouvantes, sans sensiblerie, très dignes, qui vous serrent la gorge.


Et cerise sur le gâteau, une fin un peu moins tragique que souvent chez lui, pour une bien belle utopie. Bien plus « optimiste » que Parleur par exemple. Alors attention, c’est « optimiste » pour Ayerdhal, on n’est pas dans la bibliothèque rose, mais quand même, ça fait du bien.


Bref un roman passionnant, qui fait réfléchir, sourire, pleurer et qui met la pêche. Qu’est-ce que vous attendez ?


Ayerdhal / Rainbow warriors, Au Diable Vauvert (2013).

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26 juillet 2013 5 26 /07 /juillet /2013 12:31

En attendant de me plonger dans l’ouragan de la rentrée je ressors quelques bouquins achetés il y a longtemps et qui trainent depuis sur mes étagères. En essayant de varier et de lire un peu de SF. C’est comme ça que je suis tombé sur La brèche de Christophe Lambert.

Lambert

2060 un scientifique a trouvé le moyen de dompter les trous de vers, et par ce biais de voyager dans le temps. L’application a été sans surprise captée par les militaires. Mais également par ce que la télévision fait de plus racoleur. Ce qui a donné lieu à un nouveau programme de téléréalité : les spectateurs assistent en direct à des événements marquant du passé. Devinez, ont-ils choisi de voir Picasso en train de créer ? Un discours de jaurès ou de Martin Luther King ? Non. Ce qui marche c’est l’assassinat de Kennedy ou le suicide de Marilyn … Mais même ça s’essouffle, alors un petit génie à l’idée d’envoyer deux reporters suicidaires sur les plages de Normandie un certain 6 juin 44. Là coco, on va faire de l’audience ! Et tant pis si quelque chose se détraque …


Evacuons tout de suite deux petites restrictions. Le final un peu gentillet. Mais bon, l’auteur avait aussi le droit de se faire plaisir, et puis l’épilogue, méchant à souhait, rattrape bien le tout.


Ensuite j’imagine que les amateurs purs et durs de SF doivent tiquer devant le traitement un poil simpliste des histoires de paradoxes temporels. Et ils ont sans doute raison.


Mais franchement, à la lecture ça ne m’a pas dérangé. Et à côté de ça, quel rythme ! Fan de chichourle comme on dit, ça déménage. Une exposition qui part sur les chapeaux de roues. Une présentation des personnages impeccables. Une exposition du concept, toujours plus pourri, de notre télé du futur réjouissant de cynisme et de méchanceté. En bref une première partie absolument jubilatoire.


Ensuite plat de résistance, le débarquement, et là ça secoue franchement. On n’est plus dans la SF mais dans le roman historique, avec sang, sueur et larmes, tripes et boyaux, trouille et courage, le tout en technicolor, ou plutôt en gris clair et gris foncé, pluie, fracas des armes, cris des blessés. Chapeau, c’est concis, et impressionnant.


Le final revient vers la SF avec un petit côté guerre des mondes très plaisant et tout aussi bien maîtrisé.


Bref, 200 pages (et oui tout ça tient en 200 pages) qui se lisent à toute vitesse, dans un mélange d’effroi et de sourire. Puis qui fait réfléchir, un peu, sur ce que devient la machine à décerveler qui vend des minutes de cerveau disponible … Si vous cherchez encore un roman facile à glisser dans la poche pour quelques heures de train, d’avion ou de chaise longue, celui-ci fera parfaitement l’affaire.


Christophe Lambert / La brèche, Pocket/Science Fiction (2007).

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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 23:04

J’avais laissé de côté deux Elmore Leonard pendant l’année. Il faut dire qu’entre les excellentes rééditions, et les nouveautés que ce jeune homme de presque 90 ans continue à écrire, on peut se laisser submerger. Comme (presque) toujours, je ne me suis pas ennuyé avec Djibouti.

Leonard

Dara Barr réalise des documentaires. De bons documentaires qui lui ont valu plusieurs prix. Elle décide d’aller voir les pirates du côté de Djibouti. Pour les filmer, les interviewer, et voir ce qui motive ces descendants de Barbe Noire … Sur place, aidée par Xavier LeBo, vieux baroudeur qui lui sert de cameraman, elle va les rencontrer les nouveaux seigneurs des mers. Eux et ceux qui tournent autour. Mais son reportage dérape quand elle s’aperçoit qu’ils ont pris en otage un méthanier qui pourrait bien se transformer en bombe s’il explosait … Par exemple dans un port américain. Et les pirates ne sont pas les seuls allumés du coin. James Russell alias Jama Raisuli, ancien petit voyou américain converti à l’islam et au Djihad en taule, et Billy Wynn, milliardaire texan qui se prend pour un super agent secret ne sont pas mal non plus, et vont mettre du piquant dans cette histoire.


Sacré Elmore Leonard ! Même quand, comme ici, il démarre de façon un peu planplan, il finit par emporter le morceau. J’avoue avoir eu un peu de mal à voir où il voulait en venir. Au début les personnages n’étaient pas très leonardiens. C'est-à-dire pas de méchant très bête mais très méchant, et pas de héros super cool, la réplique qui tue à la bouche.


Et puis ça se met en place, les méchants émergent, une authentique pourriture se révèle (même si Elmore Leonard est bien trop fort, habile et subtil pour dire à un seul moment que c’est une vraie pourriture, il fait confiance à son lecteur) et Dara et Xavier, de leur côté deviennent au fil des pages de plus en plus … ben leonardiens donc.


Les dialogues sont au niveau du maître, les allumés de plus en plus allumés, et la construction, que je vous laisse découvrir, est à la fois astucieuse et virtuose.


Alors même s’il y a un peu de mou dans la première partie, la seconde emporte complètement l’adhésion et on finit à fond. Avec en prime une belle description de cette partie du monde, quelques questions sans réponse (et c’est très bien comme ça) sur le phénomène de piraterie moderne à cet endroit précis, et une scène finale digne des plus grands romans de l’auteur.


Elmore Leonard / Djibouti (Djibouti, 2010), Rivages/Thriller (2013), traduit de l’américain par Johanne Le Ray.

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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 22:00

Au risque de me répéter, l’été est l’occasion de ressortir des bouquins qui étaient un peu restés enterrés sous les piles de l’année. Comme ces Trottoirs du crépuscule de l’écossaise Karen Campbell.

Campbell

Anna Cameron, la trentaine, belle, cassante, ambitieuse prend la tête de la Flexi, la brigade d’intervention rapide des quartiers chauds de Glasgow. Son chef veut une chose, une seule, du chiffre, des résultats. Que des prostituées se fassent régulièrement défigurer ne le préoccupe guère. Comme ne le préoccupe pas le meurtre d’un petit vieux solitaire, un vieux juif polonais qui vivait là depuis la fin de la guerre. Ce sont pourtant ces deux affaires qui vont occuper Anna et son équipe, au fil des nuits passées à arpenter le bitume, parfois à leurs risques et périls.

Voilà un roman que je suis vraiment enchanté d’avoir exhumé. Et que je vous encourage vivement à extraire de piles en sommeil, ou à demander à votre libraire ou bibliothécaire préféré. Cette chronique de vies de femmes vaut vraiment le détour.


Karen Campbell, ex flic si j’en crois la quatrième de couverture parle ici de ce qu’elle connaît : des vies de femmes, flics comme elle, femme de flics comme celles de ses collègues, et « clientes de flics », prostituées droguées, femmes battues, immigrées, misérables … Et elle en parle admirablement.


Ne venez pas chercher ici de super profiler, de serial killer démoniaque ou de coups de théâtres à répétition. Trottoirs du crépuscule est une chronique, celle de ces vies de femmes, centrée bien entendu sur Anna Cameron qui s’impose d’emblée comme un personnage très attachant que l’on aurait très plaisir à revoir. Dure, froide, pas toujours très respectueuse de la procédure et de la hiérarchie, souvent mal vue parce que femme, et parce que femme qui a du succès, mais en même temps très seule. A la fois méprisante et envieuse envers celles qui choisissent de privilégier la vie de famille, elle qui n’en a pas, capable d’être une vraie peau de vache avec les prostituées, mais capable aussi d’empathie … Bref un vrai personnage de chair et d’os avec ses hauts et ses bas, ses peurs et son courage.


Et surtout une « héroïne » centrale entourée d’une très belle galerie de personnages secondaires. Avec une véritable empathie et une tendresse réelle mais sans sensiblerie ni complaisance l’auteur construit et anime ses personnages, tour à tour exaspérants, pathétiques, courageux, minables, attendrissants ou éblouissants.


La quatrième de couverture sous-entend que ce roman est le début d’une série. Ce serait une excellente nouvelle. Il y avait le Glasgow d’un prolétariat en train de disparaître, violent et viril de William McIlvanney. Des années plus tard Karen Campbell complète le tableau, côté femmes.


Karen Campbell / Trottoirs du crépuscule (The twillight time, 2008), Fayard/Noir (2013), traduit de l’anglais par Stéphane Carn et Catherine Cheval.

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 21:00

Me revoici pour quelques jours, avec les chroniques de lectures d’une semaine de plage. On commence avec James Sallis, un auteur exigeant et parfois déroutant. Parfois j’adore, parfois je reste soit perplexe, soit carrément paumé. Avec Le tueur se meurt, j’ai beaucoup aimé … Tout en restant perplexe.

Sallis

Chrétien est tueur à gage. Il vient d’être contacté sur internet par un client pour une exécution à Phoenix. Sa dernière, car Chrétien est très malade. Sous ses yeux, ou presque, sa cible est victime d’une tentative d’assassinat. Qui donc lui a pris son boulot ? Jimmie est un jeune gamin de dix ans qui vit seul, depuis que ses parents l’ont abandonné. Il gagne de l’argent en achetant et en vendant des objets sur internet. Pour l’instant personne ne semble s’apercevoir qu’il ne va plus à l’école et qu’il est seul à la maison. Graves et Sayle sont flics. Ils enquêtent sur la tentative de meurtre qui inquiète tant Chrétien. Des destins qui vont se retrouver entremêlées.


Un roman déroutant. Ou au moins, un roman qui m’a dérouté. Et touché en même temps. Crépusculaire, tout en ombres et en non dits. Pas d’enquête, pas ou presque pas d’intrigue, plutôt les chroniques de plusieurs solitudes qui se croisent sans jamais se rencontrer.


Ce qui m’a un peu laissé dubitatif c’est le lien entre Jimmie, le môme et l’histoire principale. Comme si James Sallis avait voulu raconter cette histoire de gamin qui se débrouille seul sans savoir exactement comment la raccorder à son roman. Ou alors j’ai raté quelque chose en lisant trop vite ? Toujours est-il que c’est une question qui est restée ouverte en refermant le roman.


Mais finalement est-ce grave docteur ? Non.


Parce qu’à côté de ça, cette réflexion douce amère sur l’approche de la mort, sur l’attitude face à la maladie et à la déchéance du corps, et surtout sur la solitude touche directement au cœur (je sais ça fait nunuche mais c’est vrai). Il y a ici des pages très poignantes, qui vous laissent une empreinte profonde. Tout est gris, la ville, les quartiers, les vies. Même celles du tueur et des flics que l’on pourrait imaginer trépidantes ou romantiques sont grises.


On referme le roman avec sentiment de nostalgie, de tristesse qu’on a du mal à définir ; une sensation à la fois de vide et d’avoir rencontré profondément des êtres humains. Un roman étrange, certainement pas faits pour les amateurs de thrillers ou de pages qui se tournent toutes seules, mais qui laisse une trace durable. En raison de la profondeur et de la justesse des sentiments évoqués, et de son étrangeté.


Comment ? Ah oui, on sait à la fin, pourquoi Chrétien se fait doubler. Ca non plus on ne l’oublie pas, même si ce n’est pas le plus important.


James Sallis / Le tueur se meurt (The killer is dying, 2011), Rivages/Thriller (2013), traduit de l’américain par Christophe Mercier et Jeanne Guyon.

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 11:21

A tous.

 

Avis de perturbations. La rythme des parutions, et des commentaires va se trouver déréglé dans les jours à venir.

 

Pour cause de soleil, de vacances et de déplacements intempestifs en zones parfois non connectées.

 

Pendant les travaux, la lecture continue.

 

A bientôt.

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 00:13

Juan Bas est un auteur originaire de Bilbao dont j’avais découvert, il y a maintenant pas mal de temps Scorpions pressés, parus à la série noire. Il y révélait un goût certain pour la cuisine (et même la grande cuisine) et une dent très dure envers l’ETA. Plus débridé, voire carrément déjanté, Vade retro Dimitri est quand même dans la continuité.

Bas

Pacho Murga c’est retrouvé, pour une raison qui ne sera jamais vraiment révélée, en taule aux Canaries. Il s’y trouve en même temps que Dimitri Urroz, mafieux moscovite mais aussi navarrais (il faut lire pour comprendre) à qui il sauve la vie par le plus grand des hasards. Un hasard qui ressemble, au départ, à un conte de fées, tant l’amitié de Dimitri le fait entrer dans un monde de luxe extravagant où tout est permis. Mais le conte de fée tourne vite au conte d’ogre et le pauvre Pacho se trouve plongé dans un monde de psychopathes sans règles et sans la moindre barrière morale.


Je ne vais pas vous mentir en prétendant que c’est le roman de l’année. Ni même du mois. L’auteur s’emballe souvent dans des diatribes certes enthousiastes et enlevées, mais parfois un rien discutables. Quand il s’en prend à l’opus dei et au clergé espagnol, on ne peut qu’applaudir à deux mains. Quand il prétend que tous les navarrais, ou tous les habitants de Bilbao, ou tous les ce qu’on veut de tel ou tel endroit sont des cons arriérés, on peut comprendre une rancœur née de l’expérience, mais regretter une généralisation un poil hâtive. Entrer à l’Opus Dei est un choix conscient, être navarrais est un hasard …


Ceci dit, ces restrictions mises à part, il faut reconnaitre que l’auteur a une écriture qui agace parfois (recours un peu systématique et artificiel à la métaphore qui tue), mais qui dans l’ensemble possède une vraie énergie. Et sa sensualité dans la description des plats et des plaisirs de la  bouche (plus que dans ceux du sexe), emporte l’adhésion.


Et le final, particulièrement fort, gomme en grande partie les défauts du roman et emporte le lecteur dans un tourbillon bigger than life. Au final, j’aurais plutôt tendance à vous conseiller de découvrir cet auteur que vous avez sans doute raté il y a déjà quelques temps lors de son précédent roman. Et puis c’est sans doute un exemplaire unique : un polar basco-russe.


Juan Bas / Vade retro Dimitri (Ostras para Dimitri, 2012), Rouergue Noir (2013), traduit de l’espagnol par Karine Louesdon et José María Ruiz-Funes Torres.

 

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 22:49

Ca y est, les vacances sont là, le flux de bouquins s’est momentanément tari. L’occasion de repêcher quelques romans qui étaient restés sous la pile. Et de découvrir de nouveaux auteurs. Comme l’anglais Harry Bingham et son roman gallois : La mort pour seule compagne.

Bingham

Brigade criminelle de Cardiff. Fiona Griffiths n’est pas la flic la plus populaire du coin. Elle ne boit pas, rigole rarement, n’est pas très douée pour les contacts humains. Elle a été très malade quand elle était ado, une dépression très profonde, il lui en reste des séquelles. Elle n’aime pas trop travailler en équipe, n’est pas très forte pour obéir et à tendance à n’en faire qu’à sa tête. Mais c’est une bonne flic. Ses collègues sont appelés sur une scène de crime, une prostituée occasionnelle, droguée, morte. Pas de quoi faire bouger l’opinion. Sauf que Janet avait une fille de six ans, April. Qu’elle essayait de s’en sortir pour elle. Et qu’à côté du cadavre de Janet se trouvait celui de sa fille, la tête fracassée sous un évier. Et ça oui, ça en fait une affaire prioritaire. Dans laquelle Fiona va se jeter, corps et âme, au risque de faire ressurgir de vieux fantômes.


Un démarrage classique, bien tricoté, de la qualité british. Avec le petit plus de nous amener à Cardiff, ce qui n’est pas si fréquent. Et puis, petit à petit, on découvre Fiona, on s’attache à ce personnage émouvant dans sa faiblesse. On découvre son histoire, on découvre une famille atypique, on lui découvre des ressources insoupçonnées, on partage ses craintes, ses doutes …


Et on se fait prendre par la double énigme : Celle du meurtre, et celle du passé et du traumatisme du personnage principal. Certes Harry Bingham n’est ni le premier ni le dernier à nous faire ce coup-là. Mais il le fait très bien, avec beaucoup d’empathie et d’émotion, et sans les violons sirupeux. Donc on marche à fond, et le final est à la hauteur des attentes.


Une excellente découverte donc, et un auteur et un personnage qu’on aura, j’espère, beaucoup de plaisir à retrouver.


Harry Bingham / La mort pour seule compagne (Talking to the dead, 2012), Presses de la cité/Sang d’encre (2013), traduit de l’anglais par Valérie Malfoy.

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7 juillet 2013 7 07 /07 /juillet /2013 15:45

Il y a peu, la bande des furieux de chez Unwalker disait son amour de la publicité.

Vous aurez remarqué qu’ici, comme chez la plupart de mes potes, il n’y en a pas. D’ailleurs, le jour où vous en voyez chez moi c’est, soit qu’elle y est à l’insu de mon plein gré, soit que la décrépitude aura tant avancé qu’il sera temps de me piquer.

Si je vous parle de ça, c’est à cause d’un billet de Serge Quadruppani, qui reprend en fait un extrait d’un ouvrage sur notre ami Amazon. Et oui, car publicité et Amazon vont souvent, sur les blogs littéraire, de pair, et pas seulement de fesses comme disait le grand Pierre. Et c’est là que je voulais en venir.

Il faut, à tout prix combattre Amazon, au profit des librairies indépendantes. Et ne venez pas me faire le coup du « il n’y en a pas chez moi, c’est loin, j’ai pas le temps … ». La plupart des librairies, les vraies, ont aujourd’hui un service de vente en ligne. Ce n’est pas l’idéal, c’est moins bien que d’aller les voir, mais au moins, en passant par elles, vous faites vivre de vrais passionnés.

Je vous renvoie donc à la page que j’avais initiée il y a quelque temps sur les librairies que vous pouvez conseiller ici ou là. Les vacances approchent, c’est le moment de nous en faire découvrir d’autres … A vous.

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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 22:52

J’aime Mark Haskell Smith. D’un amour tout littéraire. Je  l’aime en Californie et à Hawaï, je l’aime quand il fait le touriste. Et c’est toujours bien, même s’il s’assagit, quand il retourne en Californie avec Défoncé.

 

HaskellSmith

Miro Basinas vit à Los Angeles. Il est botaniste. Un excellent botaniste même. Dans son domaine. La marijuana. Il est tellement bon qu’il gagne haut la main la « cannabis cup d’Amsterdam ». Les débuts de la gloire ? Non, le début des emmerdes, car son succès va lui attirer la convoitise de gens moins doués en botanique, mais plus doués en armes à feu. Si on ajoute un missionnaire mormon aux prises avec de fortes poussées hormonales, une chanteuse sur le retour insatiable, un tueur irlando-salvadorien, un inspecteur enrhumé, une scientifique portugaise très belle … Et quelque autres, on a un sacré bazar.


C’est du Mark Haskell Smith, aucun doute là-dessus : une collection réjouissante d’allumés, une écriture sensuelle et drôle aussi à l’aise dans la description de la séance de dépucelage torride d’un mormon que dans celle du plaisir de déguster un taco fait dans les règles de l’art, de la castagne, de l’humour. Tous les ingrédients habituels sont là.


Certes, il est difficile de ne pas penser à Savages et Cool ! de Don Winslow. Et on peut trouver, comme moi, que l’écrivain de San Diego fait preuve de plus d’originalité et d’inventivité dans son écriture. Mais cela n’enlève finalement rien au plaisir ressenti à la lecture de Défoncé.


Après tout, on peut être un peu moins bien que Savages, et rester un excellent polar, drôle, enlevé, avec des personnages incroyables. Et puis ça finit bien, pour une fois, et, même si j’ai dit en introduction que l’auteur c’est un peu assagi (par rapport à la fin de Delicious par exemple), il reste assez haut dans l’échelle des allumés tout en construisant une histoire totalement cohérente. Alors, pourquoi bouder son plaisir ?


Mark Haskell Smith / Défoncé (Baked, 2010), Rivages/Thriller (2013), traduit de l’américain par Julien Guérif.

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