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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 10:49

Chouette un nouveau western chez Gallmeister. L’assurance de ne pas être déçu. Le tireur de Glendon Swarthout est digne des autres titres de cette très belle maison.

 

Swarthout

 

JB Books est un survivant, la dernière légende de l’ouest en ce tout début de XX° siècle. S’il vient à El Paso, Texas, c’est pour y mourir. Atteint d’un cancer il se sait condamné et s’installe chez une veuve pour vivre ses derniers jours. Il n’y sera pas longtemps tranquille. Sa renommée est telle que, malgré son envie de rester anonyme, tout monde en ville sait qu’il est là, et qu’il est mourant. Curiosité morbide, rapacité, et envie de faire un carton sur la dernière légende d’un pays qui se « civilise » définitivement, les vautours se pressent sans même attendre que la carcasse ne refroidisse. Ils devraient se méfier, JB Books a l’intention de partir en beauté.


Waouw ! Ca c’est du western ! Quelle claque. Et pourtant, quelle accumulation de clichés : le tueur sans pitié mourant qui veut finir en beauté, la fin d’une époque, la chute des derniers géants et l’avènement des « boutiquiers », la veuve digne au grand cœur … On l’a vu, lu des dizaines de fois. Mais, pour quelqu’un élevé au biberon du cinéma américain, quel western peut encore prétendre ne pas être cliché ?


Après, tout ce qui compte, c’est ce qu’on en fait. Et là l’auteur en fait du bon, du très bon même. On est dans le genre noir, très noir, plus que crépusculaire.


La force essentielle du roman vient de l’intransigeance de l’auteur qui ne nous épargne rien. Ni la souffrance et la décrépitude du tueur, ni la mesquinerie des nains qui, avant même sa mort, viennent tenter de se partager sa dépouille. Dans cette grisaille, cette misère humaine, cette indignité, deux personnages sortent du lot.


JB Books lui-même, qui jette une lumière noire mais éblouissante tant il semble au dessus de l’époque mesquine et matérialiste qui est en train de surgir, et sa logeuse, femme forte, femme de principe qui sait reconnaître une erreur et faire preuve d’empathie et d’un minimum de valeurs morales. Les autres sont tous plus pourris, plus minables, plus écœurants les uns que les autres.


Et quelle scène finale ! Tout le roman converge vers cette confrontation. On l’attend, forcément, et on aurait pu être déçu. Il n’en est rien, elle est encore plus époustouflante, sanglante et terrible que tout ce que l’on pouvait imaginer. A la fois originale dans sa brutalité froide et classique dans son déroulement. On a tout ce qu’on espérait, et bien plus encore.


Une scène d’anthologie qui couronne comme il le mérite un grand roman.


Glendon Swarthout / Le tireur (The shootist, 1975), Gallmeister/Totem (2012), traduit de l’américain par Laura Derajinski.

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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 16:52

C’est Bernard Strainchamps, à l’époque de Mauvais Genres qui m’avait donné l’idée de lire les romans de Joseph Bialot. C’est aussi lui qui nous avait mis en contact.


Contact uniquement téléphonique malheureusement, étant donné qu’il ne se déplaçait plus trop, et que je l’ai raté chaque fois que je suis allé à Paris.


Et pourtant, bien que je ne l’ai jamais rencontré « en vrai », les quelques contacts téléphoniques et mail que j’ai eu avec lui n’ont fait que confirmer l’impression que laissent ses bouquins. Celle de quelqu’un plein de vie et d’humour, toujours préoccupé du sort des autres, toujours capable d’indignation et de coups de sang devant les injustices croissantes.
Quelqu’un de cultivé, chaleureux et drôle, qui appelait pour me remercier d’avoir écrit telle ou telle chronique (alors que c’est moi qui aurait dû l’appeler pour le remercier d’avoir écrit de si beaux livres !) ou qui envoyait une blague de cul qui l’avait bien fait rire …


Ben c’est raté, je ne le rencontrerai plus. Lui qui avait échappé à la mort quand tant de ses camarades périssaient c’est fait rattraper dimanche dernier. Salope de Mort, on avait pourtant bien fini par le croire increvable.


Restent ses bouquins, le formidable hymne A la vie !, les terrifiants 186 marches vers les nuages et Votre fumée montera au ciel, ses polars « classiques », comme La nuit du souvenir etc …


Salut Jo.


Avec l’accord de Bernard, revoici l’entretien avec les fidèles de Mauvais Genres réalisé en 2002.

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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 23:02

Bill James est bien connu des lecteurs de chez rivages, grâce à sa série à l’ironie mordante consacrée à deux flics, Harper et Iles. Lettres de Carthage prend une autre voie (voix ?), celle très codifiée du roman épistolaire. Sans rien perdre de son mordant.

James

Vince et Kate viennent de s’installer dans le quartier résidentiel de Tabbet Drive. Toute la quiétude feutrée d’une banlieue classe moyenne haute anglaise. Ils sont fascinés par Dennis et Jill Seagrave qui habitent une merveilleuse maison nommée Carthage. Encore jeunes, beaux, distingués, riches, ils sont l’image du couple parfait. Si Vince et Kate avait une idée des lettres que les époux écrivent à leur entourage, souvent en cachette l’un de l’autre, ils déchanteraient …


Un vrai petit bijou de méchanceté, de finesse et de construction. Le lecteur se prend complètement au jeu, doute de l’un, de l’autre, est balloté à droite et à gauche … pour se faire retourner comme une crêpe.


Sous les dehors de brillant exercice de style (brillantissime même), la peinture d’une certaine société anglaise est absolument sans pitié. Les lettres sont d’une hypocrisie, d’une méchanceté mesquine et d’un creux qui n’a d’égal que leur prétention. Arrogants, pédants, superficiels et admirés par des voisins qui les badent, tel est portrait au vitriol de ces anglais de la classe moyenne haute que nous brosse Bill James.


Un roman vraiment réjouissant.


Bill James / Lettres de Carthage(Letters from Carthage, 2007), Rivages/Thriller (2012), traduit de l’anglais par Fabienne Duvigneau.

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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 21:51

 

Les romans d’Andrea Camilleri tombent sans discontinuer ! Ce coup-ci pas de Montalbano, mais un jeu de chaises musicales dans le monde politico-médiatique de Palerme : Le coup de filet.

 

Camilleri-copie-1

A Palerme comme ailleurs (plus qu’ailleurs ?) dire que la télévision est totalement indépendante du pouvoir politique et économique est une grosse plaisanterie. Michele Caruso, directeur du journal télévisé ne va pas tarder à le vérifier, si tant est qu’il ne le sache déjà : Le jeune Manlio Caputo est accusé du meurtre de sa fiancée. So what ? Disons que la jeune femme est la fille d’un politique en vue, Manlio fils d’un député, le beau-père de Michele est sénateur … Bref le grand jeu entre justice, police, pourvoir politique et pouvoir médiatique peut commencer.


Autant le dire tout de suite ce n’est pas le meilleur Camilleri. Je le trouve un peu mince. Il est quasiment uniquement constitué de dialogues, au point que je me suis demandé s’il ne s’agissait pas d’une adaptation d’une pièce théâtrale ou radiophonique.


Ceci dit, même un Camilleri moyen reste un roman que l’on a plaisir et intérêt à lire. Le maître a toujours sa patte, sa méchanceté, sa lucidité dans l’analyse des liens de pouvoir et de servilité entre les mondes médiatique, politique et économique.


Intérêt et plaisir donc, mais sans la jubilation que procurent de certaines de ses œuvres.


Andrea Camilleri / Le coup de filet (La rizzagliata, 2009), Fayard (2012), traduit de l’italien par Dominique Vittoz. 

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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 02:11

C’est la tradition, tous les ans on découvre un nouveau Terry Pratchett. Une tradition absolument excellente. Le cru 2012 s’appelle Coup de tabac.

 

Pratchett-copie-1

Le célèbre commissaire divisionnaire Vimaire du Guet d’Ankh-Morpork c’est fait complètement coincer. Tous ont complotés à sa perte, il est cuit. Vétérini, grand patron de la ville, ses agents, jusqu’à son épouse, dame Sybil … Tous. Et le voilà donc obligé de prendre … des vacances. Pire, des vacances à la campagne, un endroit sans rues, sans pickpockets, sans hurlements et bagarres, sans assassins patentés. Mais à la campagne il y a pire. Il y a du silence, et des yeux qui regardent, partout. Des yeux d’oiseaux, de vaches, de moutons, qui sait, de poissons ? Mais un flic est et reste un flic, partout. Et dès qu’il arrive dans le village du grand domaine de la famille de son épouse, dès qu’il met un pied au bar, dès qu’il rencontre les premiers notables … Vimaire sait que de sales, très sales coups ont été tramés ici. Le genre de vraie saloperie dont tout le monde est plus ou moins complice. Finalement, les vacances pourraient bien se révéler plus intéressantes que prévu.


Ce n’est peut-être pas le meilleur Pratchett, mais c’est un bon numéro des Annales du Disque monde. Ce qui veut dire qu’on est déjà très nettement au dessus de la moyenne ce qui peut se lire ailleurs, tous genres confondus. J’allais écrire qu’en plus on y retrouve Vimaire et ses agents du Guet, mais si je réfléchis bien j’aime toutes les « sous-séries », sorcières, mages, flics … Ils sont tous géniaux là-dedans.


Comme toujours, on rit et on sourit beaucoup. Comme toujours on est enchanté de retrouver de vieilles connaissances qui, bien que vivant dans un monde complètement loufoque en apparence, nous sont devenus aussi familiers que les personnages récurrents de Nesbo, Hurley ou Ledesma. Comme toujours, et bien qu’on en soit au 34° épisode de la série on se régale et on en redemande.


C’est qu’une fois de plus, en plus du style inimitable et de ses histoires bien léchées, Terry Pratchett met le doigt là où ça fait mal. Cette fois on s’éloigne de la ville pour pointer la rigidité, les pesanteurs, les inégalités, les silences pesants, les petites saloperies quotidiennes d’une campagne où l’ordre établi, le regard des autres et la mainmise de quelques familles sur le territoire semblent éternels.


Et là, au travers de Vimaire, l’auteur nous fait le plaisir de faire voler tout ça en éclat. Et c’est bon ! D’autant plus qu’à l’opposé d’auteurs qui parfois se complaisent dans le cynisme et la misanthropie, Terry Pratchett, de toute évidence, aime les gens. Malgré (ou à cause) de leurs faiblesses, de leurs défauts, de leurs lâchetés … Parce que chez lui ils sont aussi capable, parfois, d’un éclair d’humanité et de courage. Et ça aussi ça fait du bien.


Bref, vive Pratchett, vive le Guet, vive Vimaire !


Terry Pratchett / Coup de tabac(Snuff, 2011), L’atalante/La dentelle du cygne (2012), traduit de l’anglais par Patrick Couton.

 

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 09:53

Depuis que je l’ai découvert, je suis régulièrement les apparitions de l’inspecteur Faraday, créé par l’anglais Graham Hurley. Ma dernière rencontre avec lui est due à la réédition en poche de L’autre côté de l’ombre. Une rencontre très agréable, comme toujours.

Hurley

Définitivement écœuré par les bâtons qu’on lui met dans les roues, et par les attaques que lui valent ses méthodes peu orthodoxes, Winter qui s’est fait virer de la police de Portsmouth, est passé à l’ennemi. Il travaille maintenant pour Bazza Mackensie, le caïd de la ville. Faraday lui est resté dans la police, et se voit confier l’enquête sur le meurtre d’un agent immobilier en vue. Meurtre étonnant, cet homme a priori sans histoire, ayant de toute évidence été abattu par un professionnel. Dans une ville et un pays livrés à l’unique loi du profit, avec les pertes de valeurs et le chaos que cela implique, les parcours des deux hommes n’ont pas fini de se croiser.


Graham Hurley, comme son collègue John Harvey, représente la qualité du cousu main anglais. Personnages fouillés, intrigues travaillées, construction impeccable et un style d’écriture classique et d’une efficacité redoutable. Certes, cela ne fonce pas à cent à l’heure, il prend son temps, pas d’effets pyrotechniques, pas d’effets de manche, pas de recherche d’un nouveau style ou d’un nouveau type de narration. Non du grand classique mené de main de maître.


Et, une fois de plus, comme Rankin, comme Markaris, comme Bruen, comme ThorarinsonGraham Hurley est le témoin et le chroniqueur de notre temps, de la crise financière qui frappe le monde, et de la crise de valeurs qui l’a entraînée.


Car c’est bien cela qui est au centre du roman, au-delà de l’intrigue (parfaitement menée par ailleurs). Crise qui a amené à ne plus retenir comme critère de valeur que l’argent gagné, que la réussite financière, à l’exclusion de toute réflexion sur la finalité de ce que l’on fait, sur les effets sur les autres, sur le bien, ou le mal, qui résulte de ses actions sur l’ensemble de la société. Si cela me sert à gagner du fric, c’est bon, même si je n’en ai pas besoin, et si j’entraîne la faillite, la misère et le désespoir de centaines de gens.


C’est ce cynisme, cette perte de valeur, la démission hypocrite d’une classe politique complice qui fait semblant de compatir d’un côté tout en glorifiant la réussite individuelle de l’autre qui sont au centre du roman.


Et comme toujours quand on a affaire à un grand auteur, cela est fait sans prêche, sans démonstration, sans grand discours, juste en montrant les effets concrets de cette situation sur les victimes, et les conséquences qu’ils peuvent avoir. Et en décrivant, côte à côte, les comportements de ceux qui sont considérés (à juste titre) comme des truands, et ceux que la presse et les politiques montrent en exemple comme des gagnants.

 

Le lecteur, qui est un grand garçon ou une grande fille, est tout à fait capable d’en tirer les conclusions qui s’imposent.


Graham Hurley / L’autre côté de l’ombre (The price of darkness, 2008), Folio Policier (2012), traduit de l’anglais par Philippe Loubat-Delranc. 

 

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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 15:42

De temps en temps, un Elmore Leonard ça fait du bien. Et il a tellement écrit le bonhomme qu’on en découvre tout le temps, entre autre grâce au travail de réédition de Rivages. Mon dernier en date s’appelle Cat chaser.

 

leonardGeorge Moran se la coule douce. Ancien marine qui fit une intervention à Saint-Domingue dans les années 70, il a épousé une riche fille à papa, avant de divorcer et de se retrouver à gérer un motel sous le soleil de Floride. Il envisage d’aller passer quelques jours à Saint-Domingue pour revoir les lieux qu’il a connus d’une manière si particulière. Pas vraiment de quoi écrire un roman …


Jusqu’à ce qu’il devienne l’amant de la belle Mary, épouse d’un millionnaire dominicain, qui avant de venir faire fortune en Floride, était le chef des services secrets de sinistre mémoire du précédent président finalement assassiné. Ajoutez un privé ripoux et quelques ratés en quête de fortune et voilà de quoi mettre du piment dans sa vie.


Et voilà, difficile de faire original quand on commente un roman d’Elmore Leonard. Une fois de plus il me faut parler de son sens du dialogue, de ses personnages tellement cool, jamais stressés, mais qu’il serait suicidaire de sous-estimer, de son écriture qui semble tellement naturelle, tellement facile … Combien d’auteurs sont capable de donner cette impression qu’écrire doit être évident, puisque le résultat est si limpide ?


Alors pourquoi lire celui-ci plus qu’un autre ? Pour se faire plaisir déjà, et c’est déjà énorme. Et aussi pour le fond, un peu plus politique et « sérieux » que dans d’autres romans. Car mine de rien, Moran et Leonard règlent quelques comptes avec les soutiens apportés par les US aux pires pourritures sur le continent américain dans les années 70 et 80. Sans jamais avoir l’air d’y toucher bien entendu. N’empêche, c’est dit. Et tellement bien dit.


Elmore Leonard / Cat chaser (Cat chaser, 1982), Rivages/Noir (2012), traduit de l’américain par Josie Fanon.

 

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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 09:35

Cela faisait un moment que je lisais des papiers sur le net au sujet de ce nouvel auteur sud-africain. Roger Smith. J’avais raté son premier bouquin traduit. Je me rattrape avec Blondie et la mort. Je n’ai pas été déçu.

Smith

 

Le Cap. Roxie est belle, blonde, américaine, mariée avec Joe Palmer, un connard de première. Ce soir là, devant leur portail, ils sont attaqués par deux petits malfrats qui tirent dans la jambe du mari et volent leur Mercedes. Sans réfléchir, Roxie profite de l’occasion et abat Joe d’une balle dans la tête. Sans se douter qu’elle vient de mettre le pied dans un nid de serpents.


Elle se retrouve la cible des deux petits truands soudain accusés de meurtre, de Billy Afrika, un mercenaire à qui feu son époux devait une forte somme d’argent, de quelques flics qui ne croient pas à sa version trafiquée de la mort de Joe, sans compter un psychopathe, récemment évadé de taule et quelques autres figurants du même acabit. La vie de Roxie devient tout d’un coup très mouvementée, et très sanglante.


Comme Roger Smith est sud-africain, bêtement, on compare forcément à Deon Meyer. Pour moi, il reste un cran en dessous, non pas dans la qualité d’écriture ou la maîtrise de la narration, mais dans le fond de son roman. Là où Deon Meyer assortit son récit d’une réflexion historique (au moyen souvent d’aller-retour présent-passé), sociologique ou politique, là où il montre une véritable empathie avec ses personnages et propose, sans jamais sacrifier le rythme du récit, un tableau raisonné de son pays, Roger Smith fait dans la brutal. Pas de réflexion,  très peu d’empathie, de l’action et de la baston.


Ceci dit, le temps que dure la lecture ça secoue. Ca secoue même sévèrement. Rythme trépidant, violence, aucune concession, du sang, des tripes, des larmes. Bienvenue au Cap ! Impossible de lâcher le bouquin une fois qu’on l’a ouvert et, on s’attache tant bien que mal à Roxie et Billy, on tremble tant l’auteur ne fait de cadeau à personne, et on embarque, « les doigts dans la prise » comme ils disent sur France Inter à 18h00 dans une cavale sanglante et trépidante.


Jusqu’à la dernière page où, enfin, on peut souffler. Un autre style, moins profond, mais tout aussi efficace.


Roger Smith / Blondie et la mort (Wake up dead, 2010), Calman-Lévy/Robert Pépin (2012), traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Mireille Vignol. 

 

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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 21:54

Comme je l’écrivais dans mon dernier billet (et oui, je vieillis, je commence à faire de l’auto citation), ce sont les auteurs de polars qui se coltinent la crise actuelle. Et pas pour nous bassiner sur la nécessité de nous serrer la ceinture alors que d’autres se remplissent les poches. Non, juste en montrant les effets sur les gens, les vrais, pas les peignes-culs des agences de notation et les lèches-bottes de journalistes qui relaient servilement leur avis … Cette fois, direction la Grèce avec Liquidation à la grecque du vétéran Petros Markaris.

 

Markaris

Tout devrait aller bien pour le commissaire Charitos. Il marrie sa fille, il apprécie son gendre, il a une nouvelle voiture, et son chef ne l’emmerde pas trop. Mais rien ne peut aller bien pour un grec en ce moment. La crise et les régressions sociales imposées par l’Union Européenne, le FMI et toute la bande de vautours qui va avec, frappent la société de plein fouet. Les manifestations sont quotidiennes, circuler dans Athènes est impossible, et voilà qu’un individu commence à séparer proprement la tête du corps d’un certain nombre de banquiers, dirigeants d’agences de notation et autres prêteurs et usuriers. Dans le même temps une campagne d’affichage sauvage incite les gens à ne plus rembourser leurs crédits. Dure enquête pour Charitos : le « Robin des Banques » est malin, la pression des ministères énorme, et le public serait plutôt du côté du coupeur de têtes que de celui des victimes …


Une fois de plus, Petros Markaris délivre un polar solide, bien écrit et bien construit, classique dans sa construction et son écriture. On ne crie pas au génie, mais on se fait très plaisir.


Très plaisir entre autre grâce à ce sacré Charitos, son humanité, sa mauvaise humeur (assez proche de celle d’un Montalbano), son goût pour les bonnes choses (encore Montalbano ou Carvalho), ses engueulades avec sa femme … Voilà qui rajoute du piment et donne à la série sa chair et son cachet.

L’autre intérêt ici est de prendre la crise à bras le corps. Et de façon fort intelligente.


Première idée maline, Charitos s’y entendant à peu près autant que le lecteur moyen, les explications en économie qu’il subit sont aussi du bon niveau pour nous. Et pas trop nombreuses. Ensuite on ne peut être que séduit par l’idée de couper quelques têtes. Et même si ce n’est que par procuration, il faut avouer que ça fait du bien et qu’on rêve un peu de voir l’histoire devenir réalité …


Fort intelligente aussi car Markaris ne ménage personne.


Il rend très bien le fort ressentiment de la population envers ce nord de l’Europe qui lui fait la leçon, rend très bien l’arrogance des donneurs de leçon et des profiteurs du système, rend très bien l’exaspération au bord de l’explosion de gens qui, parfois, ont lutté au péril de leur vie contre une dictature militaire et se retrouve traités comme des gamins par des encravatés suffisants …


Mais ne cache pas non plus les responsabilités locales de gens qui ont cru, tout d’un coup, que l’argent tombait du ciel et qui ont tout sacrifié à l’enrichissement immédiat et sans effort, et de ceux qui en ont profité pour les plumer.


Bref, en Grèce comme ailleurs, ce sont bien les auteurs de polar qui se coltinent la réalité. Et de bien belle manière.


Petros Markaris / Liquidation à la grecque (Lixiprothesma dania, 2010), Seuil/Policiers (2012), traduit du grec par Michel Volkovitch.

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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 21:49

Ce blog est habituellement irréprochable et incorruptible mais, pour une fois, je vais me laisser aller au népotisme (je sais c’est mal).

Tout ça pour dire qu’autour de moi de jeunes pousses prennent le relais :

Les filles d’une copine pour commencer ont attrapé le virus. C’est Que dois-je lire.

Mes deux minots également. Gaby a relancé la chose après une année de sommeil, et sa sœur Ana s’y est mise elle aussi.

Si par hasard vous connaissez d’autres gamins du primaire et du collège qui s’y mettent, ça m’intéresse pour le leur signaler, qu’ils commencent à former un petit réseau.

Pour finir, autopub. De temps en temps je vous signale des endroits où je me commets musicalement avec mes groupes. Notre saxo a pris le taureau par les cornes, et ça y est, on a un site où on peut même écouter quatre enregistrements. C’est là.

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Présentation

  • : Le blog de Jean-Marc Laherrère
  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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